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17 sept. 2012

Le gouvernement envisage la fin de la gratuité des classes prépas

La formation la mieux encadrée, la plus onéreuse par étudiant pour l'Etat, celle qui ouvre les portes des très grandes écoles et, du même coup, les postes les plus en vue du pays est gratuite. Aucun droit d'inscription n'est demandé aux étudiants en classe préparatoire aux grandes écoles, quand l'inscrit à l'université s'acquitte de 181 euros.

Selon nos informations, ce privilège, le gouvernement envisage de le supprimer, du moins pour ceux qui ne sont pas boursiers. "C'est une piste à étudier, confie-t-on dans l'entourage de Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur.Elle le sera sans doute en début d'année prochaine." De même source, on confie qu'il y a là une question d'"équité": "Il faut que toute personne entrant dans le postbac se trouve dans la même situation."



L'aspect financier n'est évidemment pas indifférent dans un contexte de surendettement de l'Etat. Cette mesure peut rapporter quelque 9 millions d'euros si les familles s'acquittent des 181 euros demandés à chaque étudiant qui s'inscrit en licence à l'université. Et 13 millions d'euros si les droits d'inscription étaient alignés sur ceux payés par les étudiants en master, soit 250 euros. A ces économies publiques pourraient s'ajouter 16millions d'euros en faisant payer 181 euros aux étudiants de section de technicien supérieur (STS), classes préparant aux brevets de technicien supérieur (BTS), qui pourraient aussi être concernés.

79 000 ÉLÈVES SOUVENT ISSUS DES CLASSES SOCIALES AISÉES

L'anomalie tient à l'histoire de ces classes, qui sont installées dans les lycées et bénéficient de ce fait du même statut que les classes de lycée public, où l'enseignement est gratuit. Dans la pratique, certains élèves des classes préparatoires paient déjà une inscription à l'université. C'est le cas dans la filière littéraire, où il n'y a pas de garantie de décrocher un concours à l'issue des deux années : l'élève d'hypokhâgne s'acquitte des 181 euros de droit d'inscription que requiert une entrée en licence à l'université, même s'il n'y suit pas les cours.

Mais les classes préparatoires littéraires ne représentent pas les gros bataillons d'élèves de prépa. En prépa économique, et plus encore en sciences, les places en école étant plus nombreuses que les candidats, l'inscription à l'université reste rare. C'est donc là qu'est le vivier.

Le gouvernement ouvre ce dossier au nom de la justice sociale. Les 79 000 élèves de classe préparatoire publique, issus du long écrémage du système éducatif, appartiennent plus que d'autres aux classes sociales aisées: 51 % sont enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures (contre 30,6 % à l'université) et 6,3 % seulement d'ouvriers (contre 10,4 %). Un quart d'entre eux seulement sont boursiers de l'enseignement supérieur (contre 35 % à l'université).

"UNE MESURE LOGIQUE"

En prépa, les élèves bénéficient en outre des meilleurs professeurs, et une partie d'entre eux intégrera les écoles les plus prestigieuses du pays, garantie à moyen terme d'un emploi très rémunérateur, et parfois elles aussi... gratuites (Polytechnique, Ecole normale supérieure). Qu'ils payent dorénavant leur scolarité peut donc paraître juste.
"Ce serait une mesure logique, estime le sociologue Eric Maurin, dans la mesure où cela rétablirait un peu d'égalité républicaine. Si l'on prend en compte l'argent public qui est investi dans le postbac, on constate de grandes différences." De fait, selon le ministère de l'éducation nationale, quand l'Etat consacre 1 5240 euros à chaque élève de prépa, il ne dépense que 10 180 euros pour l'étudiant d'IUT et d'université.

Même avantage pour les STS publiques. Chacun de leurs 150000 élèves coûte 13 800 euros à l'Etat. L'argument de justice sociale est en revanche moins pertinent pour ces formations en deux ans. Les STS n'accueillent que 16 % d'élèves issus de familles de cadres, mais 21,3 % d'enfants d'ouvriers. Et 42 % à 45 % d'entre eux sont boursiers.

"PAS UNE BONNE NOUVELLE POUR LES FAMILLES"

Patrice Corre, vice-président de l'Association des proviseurs de lycée à classe préparatoire, ne trouve "pas scandaleux" qu'une telle mesure soit prise en classe préparatoire aux grandes écoles. D'autant, dit-il, que cela aurait le mérite de"clarifier une situation où, aujourd'hui, les familles sont invitées à régler des frais complémentaires facultatifs fixés établissement par établissement". Au lycée Henri-IV, à Paris, par exemple, cela représente 65 euros par an et permet decouvrir, entre autres, les frais de reproduction.

Les familles, elles, ne voient pas les choses de la même manière. La PEEP estime que cela ne serait "pas une bonne nouvelle pour les familles", déjà aux prises avec la dispendieuse nécessité de loger un enfant étudiant et d'assumer les frais des concours d'après-prépa (plusieurs centaines d'euros entre le concours lui-même et les déplacements). "Ce sera une charge supplémentaire", regrette Valérie Marti, présidente de l'organisation représentative. Mais les familles des élèves de prépa ne sont-elles pas plus favorisées que les autres ? "Oui, mais il n'y a pas que des familles aisées en prépa!, réagit-elle. Il y a toutes les autres. C'est facile de parler d'élitisme si on n'aide pas les élèves brillants issus de familles moins favorisées!"

Du côté de l'autre fédération de parents d'élèves, la FCPE, on aborde le sujet sous un autre angle. "Je comprends que l'on se pose la question, mais ce n'est pas la bonne à ce stade, souligne son président, Jean-Jacques Hazan. La priorité, c'est la refonte du système éducatif et mener une réflexion globale sur la restauration d'une vraie gratuité de l'école, avant de regarder comment on pourrait la limiter..."Par ailleurs, met en garde M. Hazan, "si on commence à mettre des frais de scolarité dans le secondaire, où cela va-t-il s'arrêter?" Un risque largement improbable à ce stade.

Source : Le Monde.

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