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2 mai 2012

Le scandale des « safaris humains » gagne l’Amazonie..

Dans l’Amazonie péruvienne, c’est la nouvelle attraction : des guides malintentionnés organisent des « safaris humains » pour permettre aux touristes de photographier des tribus indiennes isolées. Au risque de contribuer à leur extermination.

L’organisation de « safaris humains » suscite de nouvelles inquiétudes au Pérou où certains voyagistes exploitent les tribus indiennes isolées de la forêt amazonienne. L’augmentation de l’activité économique et touristique dans le parc national du Manu s’est traduite par une multiplication des rencontres avec les Mashco-Piro, une des 15 tribus indiennes du Pérou n’ayant pas de contact régulier avec le monde extérieur (et l’une des 100 dernières dans le monde).
La Fenamad, l’organisation de défense des droits des peuples indiens, a critiqué les tour-opérateurs qui profitent de la présence de ces tribus pour emmener les touristes « près des lieux » où elles ont été aperçues. Il est aujourd’hui vérifié que de plus en plus de voyageurs essaient d’entrer en contact avec ces Indiens. « Les tribus non contactées ne doivent pas être une attraction touristique, s’insurge Rebecca Spooner, de l’organisation de protection des peuples indiens Survival International. Ces soi-disant guides devraient le savoir. »

Les safaris humains suscitent de plus en plus d’interrogations depuis que The Observer a révélé la complicité des forces de police avec certains voyagistes proposant des séjours dans les îles Andaman pour apercevoir des membres de la tribu Jarawa, découverte à la fin des années 1990.

Au Pérou, les Mashco-Piro vivent dans le parc national du Manu dans la région de Madre de Dios, près de la frontière brésilienne. Il y a plus d’un siècle, les Mashco-Piro ont été repoussés au nord de la rivière du Manu par les sociétés chargées de fournir le caoutchouc pour la production d’automobiles et de vélos en Europe et aux Etats-Unis. Depuis, la tribu a été contrainte de s’enfoncer toujours plus loin dans la jungle.

Le mois dernier, Survival International a appelé à la protection de cette tribu tout en publiant quelques photos. Un représentant du Sernanp (l’agence péruvienne du Service national des aires naturelles protégées) a également appelé les gens à garder leurs distances avec « les communautés qui s’efforcent de rester isolées du reste du monde ». Les journalistes de The Observer ont toutefois confirmé que certains guides ne s’embarrassaient pas de ce genre de scrupules.

« Des membres de tribus non contactées ont été aperçus près de la rivière de Madre de Dios. Dites-moi combien de jours vous voulez passer là-bas et je vous proposerai un programme sur mesure », déclare l’un de ces guides contactés de manière anonyme par le journal britannique. « Nous ne pouvons pas être sûrs de les voir à cent pour cent. C’est une question de chance. En 2011, ils ont été aperçus en mai et en octobre », précise un autre.

« La meilleure période pour voir les tribus non contactées se situe à la fin de la saison sèche, quand les tortues commencent à pondre le long de la rivière, explique un troisième guide. On a le plus de chances de les voir entre juillet et septembre, au bord de la rivière. Le parcours offrant le plus de chances de les rencontrer est notre formule 8 jours/7 nuits qui commence et se termine à Cuzco dans le parc national du Manu. »

Tous les voyagistes ne répondent pas la même chose. « Nous n’offrons aucune possibilité de rencontrer cette tribu, explique-t-on dans l’agence Manu Nature Tours de Cuzco. Il est très dangereux d’essayer de les contacter. La transmission d’un simple rhume pourrait leur être fatale. Au Pérou et au Brésil, toute tentative de contact est passible d’une peine de prison. »

Même réaction chez Atalaya Tours. « Il est strictement interdit de contacter ces tribus. Nous proposons effectivement des tours dans le parc naturel du Manu, mais Atalaya respecte toutes les lois sur la protection des tribus non contactées et nous sommes contre les guides illégaux qui essaient de commercialiser ce genre d’activité. »

« L’inquiétude est d’autant plus grande que les Mashco-Piro sont très vulnérables, explique-t-on à la Fenamad. Outre leur sensibilité à certaines épidémies et maladies communes, ils ont été aperçus dans une zone découverte de la rivière où passent de nombreux bateaux commerciaux et touristiques. » D’après Glenn Shepard, anthropologue qui a travaillé dans le parc du Manu, les voyagistes s’approchent des Mashco-Piro pour que les touristes puissent « les prendre en photo comme des jaguars pendant un safari ».

En Inde, les touristes prennent la route pour s’enfoncer dans le territoire des Jawaras ; au Pérou, ils passent par la rivière de Madre de Dios – les Mashco-Piro ont été aperçus sur les deux rives. Une vidéo publiée l’année dernière montrait des voyageurs se livrant à « un véritable jeu du chat et de la souris avec des Indiens », se demandant s’ils ne devraient pas leur laisser des vêtements ou de la nourriture sur la rive. Aucun voyagiste ne propose ouvertement sur son site Internet de rencontrer des Mashco-Piro, mais plusieurs signalent la présence de tribus non contactées dans la forêt tropicale.

« Les gouvernements doivent prendre des mesures pour protéger les communautés indiennes, les voyagistes doivent respecter un code de conduite et les touristes doivent être informés et avertis », résume Mark Watson, directeur de Tourism Concern.

Auteur : David Hill




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