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17 mars 2012

La franc-maçonnerie : la religion du diable enrobée d’humanisme

La Franc-maçonnerie au Sénégal

La première loge maçonne vit le jour au Sénégal sous domination coloniale à Saint-Louis. Dans son préambule de Constitution, elle précise que c’est : ‘En l’an de vraie lumière 5781, le 9e jour du mois maçonnique et de l’ère vulgaire 9 juillet 1781.’ A Saint-louis où le commerce de la gomme prenait le pas sur le trafic de l’esclavage, la franc-maçonnerie était à la mode dans la société coloniale, les frères de cette loge se composaient de militaires, fonctionnaires et négociants de la compagnie du Sénégal, évidemment tous français. Trois loges seront créées plus tard : ’La Parfaite union’, ‘L’union sénégalaise’ et ‘L’Avenir du Sénégal’.

En 1834, des personnalités métisses marquantes dans le tissu économique et politique rejoignirent sous les colonnes. Ainsi, le premier initié mulâtre est Pellegrin François, maire de Saint-Louis. Ont suivi : Nicolas d’Erneville, Valentin Batiste, Crespin Auguste. Les grandes familles de la petite bourgeoisie métisse.Il faut attendre 1882 pour voir la maçonnerie coloniale s’ouvrir aux noirs avec Biram Sady et le capitaine des tirailleurs Mamadou Racine.

Vers la fin du XIXe siècle, Saint-Louis perd son rôle de carrefour commercial, au profit de Dakar, capitale de l’Aof où les grands fonctionnaires ont ouvert la première loge en 1899. L’économie fondée essentiellement sur l’agriculture et la commercialisation des matières premières, a pour pôle d’attraction l’arachide, le principal produit d’exportation.

A) Blaise Diagne

La même année, Blaise Diagne, fonctionnaire des douanes, est initié aux mystères de la maçonnerie dans la loge l’Amitié du grand orient de France à Saint-Denis de la Réunion. L’homme est intelligent. Tout jeune, il raccolait des prix dans son école. Courageux et ambitieux, il avait le flair des opportunités politiques et ne tarissait pas de ressources imaginatives pour atteindre son but.

En 20 ans, il gravit tous les 3 grades et les 33 degrés et, est élu vénérablement maître de la loge Pythagore en Guyane. A Paris, il est admis au Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France. C’est tout naturellement qu’en sa mémoire, la 1ère loge de Dakar est baptisée à son nom en 1977. Il est le père spirituel des frères de la lumière du Sénégal.

Des jeunes élites, pressées de s’élever dans l’échelle sociale, investissent, avec les Libanais, les loges de la région du Cap-Vert ou les temples de la Rose-croix.Michel Quillardet, vénérable maitre du Gof en visite à Dakar en 2007, estimait les enfants d’Hiram dans notre pays au nombre de 3000. Les groupes de bienfaisance qu’ils animent ne sont autre que l’excroissance de la Veuve. Dans une causerie célèbre, intitulée ‘Depuis le Fatma du Ramadan’, le grand guide Abdoul Aziz Sy a stigmatisé la pratique maçonne assimilée à l’idolâtrie, et voué aux gémonies les musulmans adeptes des loges.

Le quotidien Walf Fadjri avait vu juste en dénonçant ces clubs de service couverts de lauriers et que l’on appelle Rotary ou Lion’s club. Au plan politique, Blaise Diagne qui fut maire de Dakar et député colonial, sans interruption de 1914 à 1934, était un politicien avisé, manœuvrier, et à l’occasion machiavélique.

Galandou Diouf, un de ses lieutenants, hostile à l’administration coloniale, a ouvertement combattu son accointance avec les maisons bordelaises détentrices du monopole du commerce. Tout comme les nationalistes africains, en particulier, Lamine Senghor communiste de la première heure, qui voyaient en lui l’instrument servile du colonisateur.

En pleine guerre, Blaise Diagne fit voter, le 29 septembre 1916, la loi sur les 4 communes, donnant aux ressortissants de Dakar, Saint-Louis, Rufisque, et Gorée, la citoyenneté française, sans pour autant, leur conférer les mêmes droits que le colon français. Les affres de la guerre ne sont pas sans rapport avec cette loi restrictive.

Entre 1914 et 1916, 50 000 soldats étaient recrutés. L’Afrique, ruinée par les épidémies et la famine consécutive au dépeuplement des campagnes et aux réquisitions de céréales et de bétail pour effort de guerre, était exsangue. Devant l’obligation de fournir encore un certain contingent, les chefs locaux donnaient aux recruteurs leurs anciens esclaves à la place de leurs fils ou neveux. L’exception vint d’El Hadj Malick Sy, grande figure de l’Islam, qui s’est refusé à laisser partir au front un seul de ses 500 talibés, des adolescents et adultes, confiés à lui, pour leurs humanités coraniques. Il donna son fils aîné, Mohamed, qui disparaîtra à la bataille de Salonique. Ses disciples seront le fer de lance du Tidianisme à l’assaut des dernières poches de résistance du paganisme.

Une autre grande figure, le capitaine Joost Van Vollenhoven, d’origine néerlandaise, nommé gouverneur le 3 juin 1917, s’opposa à un nouveau recrutement massif exigé par le ministre des Colonies en termes pathétiques : ‘Je vous demande, monsieur le ministre, de ne pas donner l’ordre de procéder à de nouveaux recrutements de troupes noires. Vous mettriez le pays à feu et à sang. Vous le ruineriez complètement et ce, sans aucun résultat. Nous sommes allés non seulement au-delà de ce qui était sage mais au-delà de ce qui était possible de demander à un pays.’

En répondant au ministre qu’il ne pouvait obtempérer, il démissionna et alla au front où l’attendait la mort. Par devoir de mémoire, une grande avenue de Bamako porte son nom. Tant il est vrai que pour rendre l’idéal à la réalité, l’ultime sacrifice n’est pas à écarter.

Blaise Diane contre ses frères de race

Le général Robert Georges Nivelle, chargé de défendre Verdun, usée par deux années de guerre de tranchées, atroce, où chaque périmètre de terrain étale ses morts sans nombre, décide de porter l’assaut final contre les Allemands. Le 16 avril 1917, il lance une offensive massive, connue sous l’appellation de Bataille de chemin des Dames. L’échec est total. Le coût humain effarant ; 350 000 morts et blessés. Une hécatombe. Pour ne rien arranger, des mutineries éclatent contre les mauvaises conditions au front, ajoutées aux révoltes des circonscrits qui refusent souvent de combattre. Alors, la France se tourne, encore une fois de plus, sur ce qui restait de la musculature dans ses colonies africaines.

Clémenceau nomme Blaise Diagne, commissaire général chargé du recrutement indigène, en janvier 1918. Fort de cette promotion, il est envoyé en Afrique avec une feuille de route bien établie : recrutement de 64 000 hommes en Aof et 14 000 en Aef. Dès lors, il distribue, à volonté, promesses et bonnes paroles. Ainsi, chaque engagé aura doit automatiquement à une médaille militaire. Un certificat de bien manger (la famine sévissait), une tenue militaire, la citoyenneté française, et enfin, la garantie d’un emploi après la guerre. Son mentor Clemenceau disait qu’ ’on ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre ou après la chasse’. En attendant, les agents recruteurs bien motivés, parcouraient les campagnes à la recherche de ‘chair à canon’.

Dans les provinces du Sine et du Saloum, des centaines de jeunes fuyaient en Gambie anglaise où l’engagement n’était pas obligatoire. Jamais le Sénégal n’avait connu une misère aussi profonde que pendant la grande guerre. Malgré tout, Blaise Diagne parvint à recruter 73 000 hommes.

Après les hostilités, la plupart des survivants regagnèrent leurs villages pour reprendre leurs activités agricoles ; car très peu eurent droit à un emploi. Le maire de Dakar assimilationniste convaincu, s’enorgueillissait du droit de vote et du titre de sujet français pour les ressortissants des 4 communes qui se distinguaient de la grande masse des indigènes taillables et corvéables à souhait grâce au système du travail forcé. ‘La France, disait-il, seule est capable de travailler pour l’avancement de la race noire’. En 1921, il est élu président de la commission sur les colonies. Entre 1931 et 1932, Blaise Diagne occupe le poste de sous-secrétaire d’Etat aux colonies dans le gouvernement de Pierre Laval. Dans son livre intitulé Blaise Diagne, Aly Khaly Dieng présente le personnage comme une marionnette entre les mains de l’homme blanc.

A sa mort en 1934, il a eu droit aux hommages des différentes obédiences françaises. A Dakar, les Lébous ont refusé son inhumation dans leur cimetière. En dépit de fortes pressions des autorités coloniales, ils sont restés dignes, fermes et résolus. Finalement, la dépouille mortelle de celui qu’on appelle le premier député noir trouvera sa sépulture dans un petit coin, à l’entrée du cimetière des Abattoirs. C’est le châtiment réservé par l’Histoire à ceux qui tournent le dos aux intérêts de leur peuple pour se mettre aux ordres de l’étranger. Ils tombent dans l’oubli.

C’est pour le ressusciter dans la mémoire collective que le président Wade a donné le nom de Blaise Diagne à l’aéroport international de Ndiass. Une insulte à la mémoire des milliers de morts africains dans la boucherie de la Première Guerre mondiale, une offense à la morale, un mépris des Sénégalais. Mohamed Ibn Malick Sy, Van Vollenhoven et tant d’autres seraient-ils morts pour rien ?

Comme hier en 1918, Blaise Diagne arnaquait ses concitoyens au nom d’une assimilation impossible. Comme aujourd’hui, Wade trompait son peuple sous le manteau d’un nationalisme ombrageux. Ils ont, tous les deux, en partage le simulacre maçonnique. Cette nébuleuse est unique en son genre, hypocrite, sectaire, malfaisante. (FIN)

Mamadou NDIAYE, Fatick Email : m.ndiaye33@yahoo.fr Tel : 33 949 12 22

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