Toto toujours au top

Vincent Mongaillard | 22.02.2012, 11h46

C’est une sacrée référence pour des millions de petits écoliers toujours prêts à dégainer leurs blagues à la récré. Mais aussi pour un… candidat à la présidentielle! Toto, héros en culotte courte de milliers d’histoires plus ou moins drôles, est indémodable. Dimanche, lors d’une interview à la télévision, le prétendant du MoDem, François Bayrou, l’a cité pour qualifier le ralliement de Christine Boutin et d’Hervé Morin à Nicolas Sarkozy : « Quand j’étais enfant, on disait : Zéro plus zéro égale la tête de Toto », a-t-il ironisé en allusion à leur score dans les sondages avant leur retrait de la course à l’Elysée.

Dans l’usage courant, on dit plutôt la tête « à » Toto. Mais l’agrégé de lettres préfère le « de » au « à », ce qui, d’un point de vue grammatical, est plus juste.

Qu’importe la nuance, ce qui est incontestable, c’est que Toto a beau avoir une intelligence nulle ou presque, il est plus que jamais populaire. « C’est une valeur sûre », se félicite-t-on chez First Editions. Leurs trois ouvrages à la gloire du cancre qui a (mauvaise) réponse à tout — le dernier, « 400 Histoires de Toto », est sorti le mois dernier — se sont déjà écoulés à 80000 exemplaires. « Ces blagues sont multigénérationnelles. Elles ont fait rire les parents et grands-parents, elles amusent leurs enfants et petits-enfants », résume Laurent Gaulet, auteur d’histoires drôles, en particulier de Toto, pour le compte de First. Son Toto à lui est âgé « entre 6 et 10 ans » et en fait voir de toutes les couleurs à son papa, sa maman et sa maîtresse. « Les histoires évoluent en permanence depuis des décennies. Je fais un travail d’adaptation et de réadaptation », explique-t-il. Les plaisanteries et le personnage de Toto ne sont la propriété de personne contrairement aux facéties du Petit Nicolas ou de Titeuf. Certaines blagues, en particulier celles qui sont dans le registre « pipi-caca » ou « zizi », se passent sous le manteau, loin des oreilles des grands.

C’est surtout en bande dessinée que notre garnement cartonne. Dans la série « les Blagues de Toto », huit tomes le mettant en scène et lui donnant un visage ont été publiés depuis 2004 chez Delcourt. Il s’en est vendu au total pas moins de 2,3 millions! « Et on ne sera pas loin des 3 millions à la fin de cette année », pronostique Thierry Joor, qui les édite et qui prévoit un neuvième tome pour le mois de novembre. Les gamins en sont les principaux lecteurs, même si les parents y « jettent parfois un coup d’œil ».

Même les instits le plébiscitent 

Mais pourquoi Toto est-il toujours au top? « Parce que c’est un personnage universel qui n’est jamais vulgaire ni grossier. Il est sympa en fait, il est plus naïf que provocateur. Donc il rassure les parents, c’est un achat de bon père de famille », décrypte Thierry Joor. Parmi les aficionados de Toto, il y a Félix, un Parisien de 6 ans et demi. « Ce sont mes copains du CE1 et du CE2 qui me les ont apprises quand je suis arrivé au CP », confie le potache en herbe. S’il adore le plaisantin, c’est parce que c’est « quelqu’un qui fait plein de bêtises, mais qui n’est pas méchant ». Les vannes de Toto ont même officiellement leurs entrées en classe. « Il y a un moment blagues au cours de la journée où l’on peut en raconter à notre maître. Des fois, il nous dit : Oh, elle est mignonne, celle-là. » Si, aujourd’hui, même les instits le plébiscitent… 

Le Parisien