Blogger Tips and TricksLatest Tips And TricksBlogger Tricks

21 févr. 2012

"Plafonner les ressources pour le logement social n'est pas une solution"

HLM logements sociaux
REUTERS/Kai Pfaffenbach
L'Union sociale pour l'habitat (USH) réagit après la diffusion du rapport du Centre d'analyse stratégique sur les aides au logement des ménages modestes. L'USH est loin de préconiser leurs solutions. Explications et décryptage avec Dominique Hoorens, directeur des affaires économiques et financiers.

"Un rapport biaisé et incomplet sur le logement social"...Voilà comment a qualifié l'Union Sociale pour l'Habitat (USH), lundi, la note d'analyse du Centre d'analyse stratégique (CAS) rendue publique le 15 février. Dans cette dernière, le CAS -qui conseille le gouvernement- s'interroge sur l'efficacité des aides au logement. Elles représentent aujourd'hui 37 milliards d'euros, et pourtant "le budget logement pèse de plus en plus dans le portefeuille des ménages", constate le CAS. "Il faut donc rationnaliser les aides", suggère t-il. Des propositions qui sont à l'opposée de celles de l'USH. Interview de Dominique Horeens, son directeur des affaires économiques et financières.Vous considérez le travail du Centre d'analyse stratégique comme biaisé. Pour quelles raisons?

Première chose, le CAS évalue les aides pour le logement à peu près à 37 milliards d'euros. Mais dans le calcul, le logement social ne représente que 12 milliards d'euros, soit seulement un tiers de ces aides. Et nul n'est question dans ce rapport des dispositifs fiscaux attribués au secteur locatif privé ainsi qu'à destination des propriétaires occupants, soit 25 milliards d'euros. Deuxièmement, le CAS compare l'efficacité des aides à la pierre, autrement dit l'ensemble des aides accordées par l'Etat destinées à favoriser l'investissement immobilier sous forme de prêts aidés, par rapport aux aides à la personne, comme l'allocation pour le logement. Conclusion? Ces aides à la pierre sont bien moins efficaces que les aides à la personne. D'où leur idée de passer à une aide exclusive à la personne. Leur résultat se fonde sur une étude américaine, mais au vu de ce qu'il s'est passé aux Etats-Unis, ce n'est pas forcément un bon exemple. Bref, pour le CAS, il semblerait que le logement social n'aide pas vraiment à résoudre le problème des ménages en grande difficulté pour se loger, mais sans constat, ni regard sur les prix de l'immobilier qui ont flambé ces dernières années -qui est un des problèmes majeurs pour les familles modestes.Pour ces ménages les plus modestes, quelles sont vos solutions?

Ces dernières années, la demande de logements sociaux s'est accentuée avec la démographie, la précarisation et la paupérisation de la population. Le problème est qu'il manque des logements à bas coûts, notamment dans des zones tendues, Paris étant le symbole. Il faut plus que jamais continuer de construire des logements à bas coûts et pour cela, donner autant d'aides publiques à destination du logement social que pour le secteur locatif privé. Ce qui amène à revoir la totalité des aides de l'Etat. Reste le problème que sur un certain nombre de territoires, le seuil de 20% des logements sociaux conforme à la loi SRU votée en 2000 (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain) n'est toujours pas respecté. En cause, la réticences des populations, des oppositions d'élus locaux, mais aussi d'associations. Certaines s'opposent à des permis de construire de logements sociaux, elles ne souhaitent pas cohabiter avec des populations pauvres, veulent garder leur tranquilité. Ces associations peuvent faire traîner les procédures de construction de logements sociaux. Ces communes préfèrent payer des pénalités financières plutôt que de construire des logements sociaux. Autre problème : le foncier. Il faut trouver les terrains, qui coûtent pour certains chers, d'où la nécessité d'obtenir plus de subventions publiques.Faut-il ajuster les plafonds de loyers HLM pour mieux les indexer sur les loyers du marché comme le préconise le CAS?

Pour le CAS, le loyer doit être 20% en dessous du prix du marché. C'est une erreur car moins de 20% du prix du marché pour Paris par exemple, ça reste beaucoup trop cher pour de nombreux ménages modestes. Vous savez dans nos logements, nous accueillons des familles très modestes, avec de très bas revenus. Le niveau du loyer du logement social est fixé au moment où l'on construit le logement. Il se calcule en fonction des aides reçues par l'organisme HLM. La règle : plus les aides sont importantes, moins élevés seront les loyers.Autre solution préconisée par le CAS : celle du plafonnement des ressources pour accéder au parc social. Y êtes-vous favorable?

Nous ne préconisons pas cette solution. Cela va à l'encontre de la mixité sociale. Si l'on baisse les barêmes de ressources, on concentre les populations les plus modestes, ce qui est porteur d'une ségrégation sociale. Et mettre les pauvres avec les pauvres, ça n'a jamais donné de bons résultats. Non, ce qu'il faut c'est continuer la production de logements sociaux, et adopter une autre politique dans le secteur locatif privé. Certains candidats à la présidentielle souhaitent encadrer les loyers dans les zones les plus tendues. Cela me paraît être une très bonne proposition.

L'Express

Aucun commentaire: