Les injections contre les rides pourraient constituer le prochain scandale sanitaire. C'est ce qu'avance le quotidien The Times, mardi 3 janvier, estimant que les patients britanniques sont dangereusement exposés par une législation trop laxiste.
Plus de 160 produits de comblement des rides du visage, tels que le collagène ou l'acide hyaluronique, à l'exception du Botox, ont été homologués à la vente au Royaume-Uni, leur permettant d'être achetés et utilisés par quiconque sans aucune restriction médicale, alors que la composition des produits peut laisser à désirer.
En comparaison, aux Etats-Unis, où la Food and Drug Administration, l'autorité de régulation, considère qu'un produit d'injection doit répondre aux mêmes exigences qu'un médicament, six autorisations seulement ont été délivrées pour ce genre de produits.
Si des experts tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme sur cette situation, c'est que le pays est particulièrement touché par le scandale des implants mammaires PIP défectueux que portent des dizaines de milliers de femmes britanniques. Des fonctionnaires du ministère de la santé ont reconnu que la surveillance de l'industrie de la chirurgie esthétique avait été trop laxiste et que de nouvelles règles étaient nécessaires. L'examen commandé par le gouvernement sur les patientes affectées par des prothèses PIP sera désormais élargi à la régulation du secteur dans son ensemble.
600 000 SERINGUES PAR AN EN FRANCE
En France, les produits injectables ont également le statut de dispositif médical et non de médicament. On en compte environ 110 sur un marché hexagonal en constant développement. Le mois dernier, Jean-Claude Ghislain, directeur de l'évaluation des dispositifs médicaux à l'Afssaps (Agence du médicament) estimait le volume des ventes à 600 000 seringues par an.
Dans un dossier accessible en ligne, l'agence distingue trois types de produits : ceux qui sont résorbables (dont les résultats sont visibles de 3 à 6 mois), lentement résorbables (6 à 24 mois) et non résorbables (définitifs). En l'état, "L'Afssaps déconseille l'utilisation dans une finalité esthétique des produits injectables non résorbables du fait d'un risque non maîtrisé d'effets indésirables graves très retardés".
En ce qui concerne les autres produits, "selon les données disponibles, la fréquence des effets indésirables graves se situe entre 0,1 et 1 % des patients". Ces désagréments peuvent aller du simple hématome au granulome, en passant par l'infection, la nécrose ou l'inflammation.
Le problème principal, selon l'Afssaps, tient à la faiblesse des études menées avant la mise sur le marché de ces dispositifs médicaux. "Les essais cliniques réalisés sur les produits résorbables ont généralement une durée de 3 à 6 mois, un effectif de 150 personnes et les conséquences des ré-injections ne sont pas évaluées", relève l'agence, qui travaille à améliorer ses contrôles. Deux lettres de recommandations sont d'ores et déjà disponibles en ligne à l'adresse des praticiens et des patients.
Le Monde.fr
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