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21 déc. 2011

Pourquoi l'Europe à l'agonie accorde-t-elle un prêt au FMI ?

En faisant l'effort de fournir 150 milliards, la zone euro compte camoufler ses échecs et redorer son image.
Étouffée par la multiplication des sommets "de la dernière chance", l'union monétaire est passée à la vitesse supérieure lundi. Les ministres des Finances de l'Eurogroupe se sont mis d'accord pour augmenter les ressources du Fonds monétaire international (FMI). L'apport, constitué de "prêts bilatéraux", est estimé à 150 milliards d'euros.
Il avait été imaginé lors du dernier sommet européen des 8 et 9 novembre derniers. Cette aide substantielle accordée au FMI permettra de venir en aide aux pays de la zone dont la stabilité financière pourrait se dégrader dans les prochains mois.Mais dès lors, quel intérêt pour l'Europe de fournir au FMI des liquidités, alors qu'elle-même est gravement endettée ?

Un prêt au FMI pour rétablir la confiance

En premier lieu à cause de l'échec du Fonds européen de stabilité financière (FESF). En effet, deux mois après l'effet d'annonce qui devait le voir passer de 440 à 1.000 milliards d'euros, le FESF peine à remplir ses objectifs. Pourtant, c'est cette nouvelle institution créée à la hâte qui devait prendre à son compte le renflouement des États en difficulté. Sa capacité reste pour l'instant bloquée à 440 milliards, un montant largement insuffisant.
Deuxième point noir, le mystérieux MES (Mécanisme européen de stabilité), présenté comme un fonds monétaire européen, qui peine également à réunir le consensus chez ses actionnaires. Ces derniers se déchirent encore sur l'apport de 500 milliards d'euros attendu à la mi-2012. Doit-il faire l'objet d'un versement unique, comme le souhaite le Luxembourg ? Ou bien est-il préférable d'opter pour un versement échelonné, solution qui a reçu le soutien Berlin ?Devant l'échec partiel de ces deux derniers mécanismes, l'Europe se doit de rassurer les marchés. En réussissant son tour de table au FMI, elle enclencherait une dynamique autour d'elle. La Russie, la Chine et le Brésil sont toujours courtisés par la zone euro à hauteur de 50 milliards d'euros. Les trois grands émergents sont pour l'instant dans l'expectative, et préfèrent observer avant d'investir dans l'Europe. Le prêt au FMI contribuerait à rétablir la confiance.

Des non-membres de la zone euro vont mettre la main à la poche

L'aide d'autres pays européens non-membres de la zone euro devrait faire gonfler le montant du prêt. Parmi eux la République tchèque (3,5 milliards d'euros), la Suède (11 milliards), le Danemark (5,4 milliards) et la Pologne (6 milliards) dont l'engagement est conditionné à un vote dans leurs parlements respectifs.
Le Royaume-Uni a quant à lui encore répondu aux abonnés absents, justifiant sa réticence à financer un fonds dont la cible serait la crise de la zone euro (dont il ne fait pas partie). Ce refus catégorique de Londres prive l'effort collectif de 30 milliards d'euros. Cette opposition rend désormais plus difficile la possibilité d'atteindre l'objectif final de 200 milliards d'euros, espéré par l'Eurogroupe.

La BCE toujours inflexible sur son rôle

De son côté la Banque centrale européenne n'a toujours pas donné de signes allant vers une plus grande intervention de sa part. L'institution dirigée par l'Italien Mario Draghi a une nouvelle fois affichée sa volonté de ne pas vouloir toucher aux traités qui lui interdisent de financer les États.
La solution, disait lundi son président, se trouve plutôt dans le "rétablissement de la discipline budgétaire", des réformes "pour faire repartir la croissance" et surtout "un pare-feu pleinement équipé et opérationnel".

Source : lepost.fr

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