Il y a une semaine, le gouvernement britannique a adopté une loi autorisant la création in vitro d'embryons hybrides humains-animaux à des fins de recherches scientifiques. La décision a aussitôt suscité les réactions outrées du Vatican. Les explication d'Axel Kahn, généticien et directeur de l'institut Cochin
Jeudi 17 mai, le gouvernement britannique a adopté une loi autorisant la création in vitro de chimères, embryons hybrides humains-animaux, à des fins de recherches scientifiques.
En pratique, un ovocyte animal - lapin ou bovin, par exemple - sera fécondé avec un noyau de cellules humaines. Des expériences préliminaires de ce type ont déjà été menées, notamment en Chine et aux Etats-Unis. "Lorsqu’on fait fusionner des cellules humaines, de peau notamment, avec un ovocyte, les cellules 'peau' sont déprogrammées et reprogrammées en cellules 'embryon'. C’est un phénomène très intéressant, que nous pourrons étudier grâce à ces chimères, explique Axel Kahn, généticien et directeur de l'institut Cochin. Cette expérience n’a pas pour but de produire des lignées de cellules souches à partir de celles prélevées sur l’embryon hybride. Nous menons déjà des recherches dans ce sens, à partir d’embryons humains, afin de créer des populations thérapeuthiques à partir de cellules souches, mais nous en sommes encore très loin."
Problèmes éthiques?
Le Vatican a aussitôt réagi à l'annonce de la décision britannique par l’intermédiaire de Mgr Elio Sgreccia, président de l'Académie pontificale pour la vie: "La création d’un hybride homme-animal est une frontière que tout le monde […] avait jusqu’ici bannie du domaine des biotechnologies. Et cela, justement parce que la dignité humaine est compromise, offensée, et qu’on peut ensuite créer des monstruosités à travers ces fécondations […] La création d’un être homme-animal représente une grave violation, la plus grave, des lois de la nature", s'est-il indigné au micro de Radio Vatican.
Une barrière éthique paraît avoir été franchie, sans qu'on puisse parler, toutefois, "d’un être homme-animal": les chimères ne dépasseront jamais le stade de la structure embryonnaire, leur durée de vie sera limitée à quatorze jours et leur implantation dans un utérus est interdite. En outre, "les chimères ne peuvent en aucun cas donner naissance à un bébé cloné, l’idée d’un minotaure est fantasmagorique", insiste Axel Kahn. "Je ne me serais jamais opposé à cette expérience pour des raisons éthiques", se défend-il, rappelant que "l’on mêle déjà l’animal et l’humain lorsqu’on greffe des valves de porc à un insuffisant cardiaque."
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