Décidément, ce monsieur Depardieu multiplie les sacrilèges. Après son désir de s’exiler fiscalement, on apprend que l’acteur, producteur, chef d’entreprise, vient de se voir octroyer la nationalité russe.
La Russie ! Oui, la Russie ! Quelle honte, nous dit la presse qui, caquetant bruyamment, en profite pour pondre des tonnes d’articles, nous rappelant à quel point la Russie est un pays dirigé par des tyrans notoires et a tout les traits d’une nation démoniaque. Pour cela, on nous rappelle tous les « scandales » récents et on donne la parole à un tas de notables à la légitimité incontestable pour parler du sujet, comme Laurence Parisot, André Glucksmann ou Daniel Conh-Bendit, ce dernier ayant visiblement fait une rechute dans l’hystérie tant ces histoires de Russie l’ont contrarié…
Parmi les arguments permettant d’affirmer que la Russie est une dictature sanguinaire, ressortent surtout l’affaire des Pussy Riot et des élections « contestées ».
Pour la première, on s’offusque qu’après des agressions répétées de lieux de culte orthodoxes, espaces considérés comme sacrés pour le petit peuple authentique russe, la justice ait fini par envoyer se calmer en prison les trois jeunes « artistes ». On peut comprendre que cela choque, vu qu’en France on appelle liberté d’expression les blasphèmes insultants et provocateurs, qu’on applaudit à travers des pièces de théâtre scatophiles ou des caricatures. Peut-être s’agit-il en fait simplement d’une différence sur la définition du « sacré », car pendant ce temps-là, Vincent Reynouard est persécuté pour de sombres prétextes de dessins repris sans autorisation, et Dieudonné M’bala M’bala est menacé de prison pour une chanson.
En ce qui concerne les élections et la prétendue non-légitimité de Poutine, il faut rappeler qu’il a été réélu président en mars 2012 avec 63,6 % des voix au premier tour. Quant aux histoires de fraudes aux élections législatives de décembre 2011, l’information provient essentiellement d’ONG, et rien n’a été clairement démontré. On sait par contre qu’en Europe, on évite les referendums car sinon, malheur ! Les marchés « s’inquiètent », et l’on décide tranquillement entre technocrates des grands axes de la politique budgétaire et monétaire, avec par exemple le TSCG et les débats sur une dette commune. Sans dire que la Russie est un paradis de probité et de transparence, on peut par contre affirmer que les supporters de l’Union européenne actuelle comme Daniel Cohn-Bendit devraient se garder de donner des leçons de démocratie.
Mais si les médias se montrent si agressifs avec la Russie, ce n’est pas par stupidité, mais bien pour participer à ce mouvement global d’attaques contre une nation qui gêne le projet mondialiste d’un monde unipolaire, d’un « nouvel ordre mondial » que tous les États doivent s’efforcer de fonder ensemble, comme l’avait énoncé Nicolas Sarkozy.
Elle gêne en effet ce projet, tout d’abord en proposant de manière de plus en plus lisible une alternative au modèle mondialiste, mais aussi par ses positionnements géopolitiques concrets, tels que son véto au Conseil de sécurité de l’ONU sur un projet de résolution contre le régime syrien de Bachar el-Assad, en février 2012.
L’Empire, mirage de multipolarité capable de faire jouer ses instances politiques, économiques et surtout médiatiques dans un même sens, mène donc des actions de déstabilisation interne en Russie. Dans le cas russe, les principaux leviers sont les ONG et les « oligarques » expatriés tel que les définit Alexandre Douguine.
Dans le cas des talentueuses Pussy Riot, il est évident que ce non-groupe sorti de nulle part et qui a profité d’une incroyable couverture médiatique est un produit supporté a priori et a posteriori, directement et indirectement, par des structures « américaines » et « européennes ». Ceci nous ramène aux subversions des années 60 et 70 en France, où le téléguidage par le haut d’un libertarisme pseudo-populaire faisait avancer le libéralisme économique, avec toutes les déstructurations sociales et sociétales qu’il suppose.
Pour les fameuses contestations populaires, s’il y a certainement, comme partout, une part d’opposants réels, il s’agit aussi directement d’ONG ou de mouvements politiques très minoritaires soutenus depuis l’extérieur. Les médias montrent même parfois des manifestations d’ONG ayant lieu en Occident, et nomment cela de la contestation, comme si, tout naturellement, elles étaient légitimes ! Pour les oppositions politiques internes et les manifestations « anti-Poutine », l’exemple le plus probant est certainement ces « orange-bruns », des groupes hétérogènes de libéraux antifédération et parfois « racistes », c’est-à-dire opposant un nationalisme ethnique et régionalisé au projet de nationalisme d’État de Poutine. Au vu des moyens déployés par ces groupes pas toujours « pro démocratie », il est reconnu que les financements extérieurs, venant des oligarques exilés en Occident comme Berezovsky, supportent ces mouvements de déstabilisation.
La manipulation d’opinion dans nos médias est par ailleurs étonnante de culot : on affirme par exemple que la Russie est une dictature car elle cherche à mettre en place des contrôles sur les ONG étrangères. Après que ces dernières, sans aucune légitimité, ont agressé le pouvoir au point d’entraîner une réaction de conservation. De même, les « orange-bruns », ces pots-pourris d’opposition rassemblant des horizons parfois contradictoires, soutenus secrètement par l’oligarchie mondialiste, sont mis en avant par les médias lors de leurs exactions ou démonstrations racistes diverses, pour nous dire à quel point la Russie est un pays où vivent en toutes tolérance de dangereux extrémistes !
En bref, si la Russie fédérale fait preuve d’une grande complexité et hétérogénéité politique, attisée par les constantes luttes internes, religieuses, ethniques et régionales, elle présente sous certains aspects de nombreux points de résistance aux projets de l’Empire et des inspirations alternatives notables. Et comme à chaque fois, notre beau système pacifique et démocratique ne peut visiblement pas le supporter.
Source : E&R
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