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6 déc. 2011

Doit-on pénaliser les clients des prostituées?

Deux députées ont déposé ce mardi une résolution pour réaffirmer la position abolitionniste de la France en matière de prostitution. Ils réclament également la pénalisation des clients de prostituées. Une idée inspirée du modèle suédois. 
Le syndicat des travailleuses du sexe s'insurge contre la
Convention Abolition qui veut pénaliser les clients de prostituées.

"Payer un rapport sexuel, est-ce l'imposer?" Tel sera le sujet du débat ce mardi à l'Assemblée nationale. La député PS Danielle Bousquet, qui a présidé une mission d'information parlementaire sur la prostitution en France, le député UMP Guy Geoffroy, rapporteur de la mission, et tous les présidents de groupes à l'Assemblée présentent ce mardi devant les députés une résolution pour réaffirmer la position abolitionniste de la France en matière de prostitution. L'objectif est de "battre en brèche les idées reçues qui laissent croire que sous-prétexte que la prostitution serait 'le plus vieux métier du monde', elle est une fatalité", expliquent ses auteurs. Ils déposeront également une proposition de loi pour réclament la pénalisation des clients de prostituées. 
Cette idée a été élaborée en partenariat avec la Convention Abolition, qui organisait une réunion la semaine dernière à l'Assemblée pour interpeller les politiques. Lancée par trois associations de défense des femmes et d'aide aux prostituées, elle réclame notamment la pénalisation des clients. "La prostitution doit être reconnue comme un système de violences, explique Claire Quiret, la porte-parole du mouvement. Obliger les femmes à avoir des rapports sexuels en échange d'argent ne relève en rien de la liberté, c'est la perpétuation de l'idée selon laquelle la sexualité masculine est irrépressible et doit être satisfaite à n'importe quelle heure et à n'importe quel prix." 

Cette idée est calquée sur le système suédois. Depuis 1999, acheter un "service sexuel" est interdit et les contrevenants à la loi risquent des amendes et des peines allant jusqu'à six mois de prison. Selon un rapport du ministère de la Justice suédois publié en 2010, cette mesure aurait permis de faire baisser de moitié la prostitution de rue, grâce à l'aspect dissuasif de la mesure. Comme en Suède, les membres de la convention inscrivent cette démarche dans le cadre de la lutte contre les discriminations. "La prostitution est la dernier maillon de la violence faite aux femmes. L'interdire est donc une étape vers plus d'égalité au sein de la société", assure Claire Quiret. 

"Cette convention confond la prostitution choisie et subie"

Mais cette mesure ne fait pas l'unanimité auprès des principales intéressées. Selon le Strass - le syndicat des travailleuses du sexe -, cette proposition de loi nie la liberté de certaines femmes, sous couvert d'égalité. "Cette convention confond la prostitution choisie et subie, s'insurge Josiane. Moi, ça fait quarante ans que je fais ce métier et je ne me considère pas du tout victime de violence. Au lieu d'essayer de chasser les clients, les flics doivent se concentrer sur les réseaux qui emploient des filles contre leur volonté. C'est elles qui se sentent victimes de la violence dont parle la convention, pas celles qui ont choisi ce boulot." "Il faut penser au plus grand nombre, retorque Claire Quiret. Si pour une minorité, la prostitution est un choix, la majorité des travailleuses du sexe la vit comme une pratique destructrice et d'une violence extrême. C'est comme le don d'organe: certaines personnes vont donner un rein en toute conscience, mais on sait que si on autorise cette pratique, les dérapages seront fréquents", assure la porte-parole de la Convention Abolition. 


Les détracteurs de cette proposition de loi s'inquiètent enfin d'une recrudescence de la violence sexuelle. "Notre travail n'est pas uniquement sexuel, assure Cloe Leprince, il est également social. Les hommes qui viennent nous voir nous parlent de leurs problèmes, de leurs pulsions et de leurs angoisses. Nous faisons le tampon dans la société." Les opposantes craignent également que cette mesure, sous couvert d'aider les prostituées, rendent leur situation encore plus pénible. "Pénaliser les clients ne mettra pas fin à la prostitution mais contribuera à isoler un peu plus les filles, s'indigne Cloé Navarro, porte-parole du Strass. Elles seront obligées de mieux se cacher et seront donc moins bien protégées. C'est ce qu'il se passe dans le pays dans lesquels c'est déjà interdit: la prostitution est la même qu'ailleurs, mais ceux qui ne veulent pas la voir, ne la voient pas." Un membre d'Aides, également présent aux côtés du syndicat, s'inquiète des conséquences néfastes d'une telle mesure: "En condamnant les prostituées à se cacher encore un peu plus, on les éloigne de toute prévention. On risque d'assister à une recrudescence des MST à cause d'une telle mesure", s'inquiète Fred Bladou. Mais selon le rapport suédois, la prostitution ne peut être entièrement clandestine puisqu'elle doit être accessible et publicisée pour les clients. 


L'express.fr
Par Caroline Politi, publié le 30/11/2011 à 11:50, mis à jour le 06/12/2011 à 12:21

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