Lors d’un entretien téléphonique (...) le 19 novembre, Clinton Bastin, ingénieur en chimie nucléaire et ancien directeur du programme de traitement des matériaux nucléaires au ministère américain de l’Energie, a démystifié tous les fantasmes et les mensonges sur l’arme nucléaire iranienne.
Pour Bastin, la plupart des soi-disant experts que l’on entend dans les médias ignorent totalement les réalités du programme nucléaire iranien et des programmes nucléaires en général. Tout le monde sous-estime grandement la difficulté de transformer de l’uranium enrichi à 20% sous forme gazeuse dans une centrifugeuse, en une arme explosive nécessitant un niveau d’enrichissement de 90%.
Il a expliqué que les enquêteurs de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) ont une connaissance très faible de la fabrication d’armes nucléaires. Certains d’entre eux sont ingénieurs nucléaires mais n’ont aucune compétence en termes d’armement. De plus, a-t-il dit, le nouveau président de l’AIEA, le japonais Yukiya Amano, prête l’oreille aux pires conseillers ; son prédécesseur, Mohamed El-Baradei, avait un bien meilleur sens des réalités et des dangers géopolitiques. La vaste majorité des « experts » que l’on trouve à Washington sont aussi incompétents, a-t-il dit, citant en exempleDavid Albright, un pure propagandiste repris par toute les agences de presse.
L’expertise de Clinton Bastin est fondée sur 42 années d’expérience professionnelle à la Commission de l’énergie atomique du ministère américain de l’Energie, où il a notamment dirigé l’unité de traitement et de retraitement des matériaux nucléaires à la Savannah River Plant, qui fut le centre de production du combustible nucléaire militaire américain, puis de son recyclage. Vétéran de la Deuxième Guerre mondiale et ancien instructeur chimiste chez les Marines, il est une figure du combat contre la prolifération. Il a dirigé l’initiative de non-prolifération américaine avec l’Inde et a été consulté à de nombreuses reprises par l’AIEA.
Bastin a aussi expliqué (...) qu’il est quasiment impossible, étant donné le niveau du protocole de contrôle mis en place par l’AIEA, que la petite quantité d’uranium enrichi par l’Iran puisse être détournée vers un programme militaire. Quand bien même, si par on ne sait quel miracle, suffisamment de matériaux étaient détournés, les difficultés et les dangers pour convertir l’uranium gazeux en uranium métallique nécessaire à la bombe sont énormes. La plupart des pays qui s’y sont risqués ont subi des pertes.
De toute manière, a déclaré Bastin, il serait politiquement suicidaire pour l’Iran d’essayer de fabriquer la bombe. Ils le savent et c’est, au delà de toutes les considérations techniques, la raison la plus convaincante pour laquelle Bastin pense qu’il n’y a pas de programme militaire, mais seulement une campagne de propagande massive nourrie par une incompétence bureaucratique crasse.
Bastin reste en liaison régulière avec le gouvernement israélien sur ces questions, et a récemment publié une lettre ouverte au Premier ministre Benjamin Netanyahu avertissant du danger d’une attaque israélienne sur un programme militaire iranien qui n’existe pas.
Seymour Hersh : Les services américains bredouilles
Dans son article du 18 novembre dans le New Yorker, le journaliste d’investigation Seymour Hersh, spécialiste des services secrets américains, écrit :
Ca fait 10 ans que j’écris dans le New Yorker sur l’Iran et la bombe, en me focalisant notamment sur l’incapacité répétée des meilleurs éléments du Commandement conjoint des opérations spéciales (JSOC) à trouver des preuves définitives d’un programme d’armement nucléaire en Iran. L’objectif de ces opérations clandestines à haut-risque était de trouver quelque chose de physique – un « calutron fumant » comme m’avait dit une fois un officiel – pour montrer au monde que l’Iran travaillait sur des têtes nucléaires dans un lieu tenu secret, de le rendre public, d’attaquer le site et de le détruire.
Mais ils n’ont jamais rien trouvé...
(Source:Nouvelle Solidarité)
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