Parallèlement à l'agonie du boycott arabe vis-à-vis de l'entité sioniste, on a assisté ces dernières années à l'apparition de mouvements civils occidentaux qui appellent au boycott des produits des colonies israéliennes en Cisjordanie et au Golan occupés. L'entité sioniste tente de profiter de cette situation pour lancer une campagne de relations publiques qui, de toute évidence, lui sera très profitable sur les plans financier, médiatique et politique.
Soixante-dix ans après la spoliation de la Palestine et le début de l'ère des nouvelles Nakba dans l'histoire arabe actuelle (pour la distinguer de l'histoire des empires islamiques qui, sous l'angle des intérêts des peuples musulmans, est une histoire de catastrophes par excellence), il est tragi-comique de consacrer encore du temps à l'évocation du boycott en tant que forme de lutte, bien que cette lutte ne cesse de reculer face à une occupation israélienne qui ne cesse de s'étendre dans tous les sens.
Le boycott qui se veut une arme efficace au service de la cause palestinienne est celui qui ne se contente pas de boycotter les produits israéliens et de ne pas rendre des services à l'ennemi israélien. Il est plutôt celui qui s'étend dans tous les sens -et sur tous les plans des échanges commerciaux, culturels et politiques- pour atteindre tout pays ou toute partie qui échangent, d'une manière ou d'une autre, avec cet ennemi.
Nous constatons à quel point le concept de boycott, en tant qu'arme efficace, est ridiculisé lorsque nous nous rendons compte du fait que, par exemple, la grande majorité des pays arabes et musulmans ne sont en mesure de s'abstenir ne serait-ce que des produits laitiers danois, sachant que de grands préjudices sont portés quotidiennement au Danemark aux grands symboles islamiques sacrés. Ou lorsque nous nous rendons compte du fait que beaucoup de produits de consommation israéliens se vendent librement dans beaucoup de marchés arabes…
L'idée de boycott a été exclue du champ des options arabes parallèlement aux politiques de soumissions inaugurées par Sadat et suivies, en un premier temps par l'Autorité de Ramallah, de la Jordanie, du royaume saoudite et du Bahreïn, puis par le reste des pays arabes à l'exception de la Syrie et, partiellement, du Liban.
Si la plupart des pays arabes étaient devenus plus royalistes que le roi en tenant à rendre service aux intérêts israéliens en général, la barbarie sioniste a suscité -dans de larges secteurs de l'opinion publique et des mouvements civils de par le monde- des réactions qui, ces dernières années, ont été marquées par une nette tendance vers plus de dynamisme et de vigueur.
Les plus en vue parmi ces réactions sont les campagnes de boycott visant les produits des colonies israéliennes en Cisjordanie et au Golan occupés. Il s'agit d'un moyen de pression pour le retrait des Israéliens aux frontières de 1967 en tant que condition pour l'aboutissement de la solution dite des «Deux Etats». Ces campagnes sont particulièrement actives dans les pays de l'Union européenne connus pour leur soutien à la solution en question.
Danger stratégique
Les plus célèbres parmi ces mouvements qui appellent au boycott de l'occupation israélienne est celui connu sous le nom de «Boycott, désinvestissement, sanctions» (BDS). Ces derniers jours, l’Union nationale des étudiants britanniques a répondu favorablement aux appels de BDS et a rejoint le mouvement de boycott. Plusieurs millions d'étudiants sont membres de cette Union.
De son côté, l'«Initiative féminine euro-méditerranéenne» qui comprend des organisations de défense des droits des femmes dans 17 pays méditerranéens avait récemment rejoint les rangs de BDS.
Les campagnes actives dans ce domaine ont marqué des points lorsque plusieurs pays européens ont boycotté une exposition d'équipements militaires et sécuritaires qui a été ouverte à «Tel-Aviv» au début de ce mois. Dans le même sens, l'Union européenne a décidé de signaler, en l'étiquetant, les produits des colonies israéliennes dans le but de permettre aux consommateurs dans les marchés européens de distinguer ces produits à boycotter. L'Union avait ajourné la mise en œuvre de cette décision en 2013 suite à des pressions exercées par Washington qui avait promulgué des lois qui sanctionnent les Etats et les compagnies qui boycottent l'entité sioniste.
Les milieux politiques et médiatiques israéliens ont considéré ces mesures qui interviennent après les tentatives visant la suspension de l'entité sioniste de la FIFA comme un danger stratégique pour l'existence de cette entité. A la «Knesset», des parlementaires et d'autres responsables politiques ont condamné les campagnes de boycott et accusé d'«antisémitisme» ceux qui y participent.
C'est dans ce contexte que Stéphane Richard, le PDG d'Orange, une compagnie française de télécommunication, a essuyé de virulentes attaques après avoir annoncé, du Caire, qu'il comptait rompre son partenariat avec une firme israélienne. Mais son rapide renoncement à ses déclarations qu'il a remplacées par d'autres où il affirmait son grand amour pour «Israël», ainsi que la concurrence à condamner le boycott entre l'actuel ministre français des affaires extérieures et l'ex-président français qui prétend à un nouveau séjour à l'Elysée, n'ont pas empêché des parlementaires israéliens de parler de ce qu'ils ont appelé «L’hypocrisie française dans toute sa splendeur».
Supercheries possibles
Il est certain qu'au moment où les Arabes de l'ère saoudienne s'emploient à renforcer leur coopération stratégique avec l'ennemi israélien, cette «guerre de boycottage» lancée contre l'occupation israélienne par des organisations civiles occidentales, a enregistré de véritables succès. Pourtant cela ne doit pas éclipser d'éventuelles supercheries israéliennes consistant à provoquer ou à gonfler un événement pour prendre l'aspect de la victime et s'attirer la sympathie et le soutien politique et financier. Le ministère israélien des affaires étrangères a en effet demandé des aides financières, médiatiques et en matière de renseignement pour contrer les campagnes de boycott.
L'entité sioniste ne manquera pas d'obtenir ce qu'elle exige: Sheldon Adelson, le roi des casinos et principal financier du parti républicain, a rejoint Haïm Saban, l'un des rois des télécommunications au monde et principal financier du parti démocrate, ainsi que d'autres milliardaires connus pour leur soutien aux Israéliens, pour discuter des moyens de contrer l’action de BDS.
Qu'en est-il des rois des pétrodollars arabes connus pour leur célèbre générosité? Laisseront-ils d'autres empereurs des finances monopoliser le soutien à l'entité sioniste? Tout donne à croire qu'ils ne le feront pas. Car la question est d'un caractère stratégique particulièrement important.
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