Annoncée à partir de Washington par l'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la Tempête de la fermeté s'est terminée en queue de poisson. L'étalage des grands moyens et l'exposition de l'arsenal saoudien n'a finalement été qu'une tempête dans un verre d'eau, incapable au bout de 27 jours et plus de 2400 raids sauvages de briser la volonté du peuple yéménite, de son armée et de ses comités populaires.
Certes, dans un communiqué on ne peut plus solennel, le ministère saoudien de la Défense a annoncé la fin victorieuse de l'opération et le début d'une autre destinée à redonner de l'espoir aux Yéménites, mais on ne comprend pas vraiment où est la victoire et encore moins d'où vient l'espoir.
Un petit rappel des faits s'impose. En lançant l'offensive, les Saoudiens avec leur porte-parole qui ressemblait au porte-parole irakien pendant l'invasion américaine de son pays en 2003, avaient annoncé qu'ils agissaient à la demande du président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi, chassé de sa capitale et réfugié à Riyad. Pourtant du début jusqu'à la fin de l'offensive qui a duré 27 jours, on n'a jamais entendu Hadi parler. De plus, un des objectifs déclarés de l'offensive saoudienne, c'était justement de ramener au pouvoir, dans son palais de Sanaa ou au moins de Aden, le président Hadi, qui, rappelons-le, avait démissionné, alors que son mandat avait expiré. Mais les Saoudiens ne se soucient pas de ce genre de détail. Ils voulaient un prétexte, ils l'ont trouvé en un personnage qui n'a d'ailleurs pas son mot à dire. Mais curieusement, l'offensive aérienne s'est terminée sans que Hadi en soit rentré au Yémen et que son pouvoir «légal» ait été rétabli. Dans ce cas, comment les Saoudiens peuvent-ils parler de victoire ? C'est un des mystères du communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères.
Il y en a d'autres. Par exemple, les Saoudiens avaient fixé comme autre objectif de l'offensive de mettre un terme à l'expansion du groupe Ansarullah qui doit être défait et déposer les armes. Or, au bout de 27 jours de bombardements d'une rare férocité, Ansarullah est toujours en place au Yémen, il ne s'est pas retiré ni de Sanaa ni de Aden ni de Taaz ni des autres provinces dans lesquelles il se bat aux côtés de l'armée yéménite. Il n'a pas non plus déposé les armes et il fait partie intégrante du tissu social du pays. D'ailleurs, le chef de ce groupe sayed Abdel Malak al Houthi a pris la parole dimanche soir, dans un discours diffué en direct pour dire que les yéménites ne cèderont pas à la pression militaire saoudienne aussi violente soit-elle. De plus, aucun groupe politique du pays ne s'est désolidarisé d'Ansarullah et contrairement aux souhaits saoudiens, le pays a connu un sursaut de solidarité nationale autour de l'armée et d'Ansarullah. C'est donc un échec de plus pour la fameuse tempête qui au final aura soufflé plus sur l'Arabie que sur le Yémen. Il est clair en effet, et ces informations se préciseront dans les jours à venir, que la famille royale était divisée au sujet de la campagne lancée par le ministre de la Défense l'émir Mohammed ben Selmane qui, selon certains témoins se voyait en Napoléon. Le ministre de l'Intérieur l'émir Mohammed ben Nayef et le prince héritier l'émir Moqren n'étaient pas très enthousiastes et voyaient venir l'échec cuisant. Mais il a fallu le refus catégorique des Pakistanais et des Egyptiens de participer à une éventuelle offensive terrestre devenue indispensable par l‘échec des bombardements pour que l'émir va-t-en guerre se décide à mettre un terme à sa tempête. Il est donc probable que désormais, les règlements de compte internes au sein de la famille royale vont commencer et les rapports de force vont probablement être modifiés. Au final, tout ce qu'a trouvé le ministère saoudien de la Défense pour justifier la campagne et parler de victoire c'est de prétendre que la menace qui pesait sur l'Arabie a été éliminée. La question qui se pose toutefois est la suivante : de quelle menace s'agit-il ? Les combattants d'Ansarullah étaient-ils en possession de missiles balistiques qui auraient été ainsi détruits ? S'apprêtaient-ils à attaquer la Mecque et la Médine ou à envahir Riyad ? Le problème avec certains dirigeants arabes c'est qu'ils ne s'entendent pas parler. Car s'ils le faisaient ils auraient honte de proférer des mensonges aussi gros. L'argent peut certes faire des miracles mais pas à ce point...
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