L’émir du Qatar, le cheikh Tamim Ben Hamad Al-e-Thani, lors de sa récente visite aux Etats-Unis, a publié un article dans le quotidien New York Times. Il a prétendu que son pays était un facteur de stabilisation dans la région agitée du Moyen-Orient. La question qui se pose est de savoir si vraiment Doha joue un rôle de stabilisation dans cette région, comme le dit le cheikh Tamim Ben Hamad Al-e-Thani. La réponse de cette question réside dans la politique moyen-orientale du Qatar depuis 2011.
La politique extérieure qatarie avant 2011 se définissait aux pôles opposés à savoir la RII, la Syrie, Israël et le Hamas et par une sorte de médiation dans les crises régionales. Le Qatar ayant comme la RII des relations amicales avec Damas et le Hamas, avait aussi des relations officielles avec l’ennemi de ces trois derniers à savoir Israël et les autorités israéliennes avaient des va-et-vient permanents à Doha. La raison principale invoquée par le Qatar pour détenir des relations avec Tel Aviv était soi-disant d’aider à la médiation entre le Hamas et Israël et profiter de ces relations pour favoriser la reconstruction de la bande de Gaza. Même si la RII et l’Arabie saoudite avaient protesté contre l’établissement des rapports israélo-qataris, mais les autorités de Doha ont refusé de les geler, empêchant ainsi indirectement que les relations Téhéran-Doha ou Téhéran-Riyad ne soient plus profondes.
L’Iran et l’Arabie saoudite en tant que deux puissances régionales estimaient que le Qatar en conservant ses rapports avec Tel-Aviv était un facteur de déstabilisation enclenchée par Israël. Une autre stratégie de la politique qatarie avant 2011, était d’agir en médiateur dans les grandes crises comme celles du Liban, du Yémen, du Soudan, et celle entre l’Erythrée et l’Ethiopie, stratégie qu’on peut qualifier de relativement réussie. En d’autres termes, la face de faiseur de paix et de médiation du Qatar a beaucoup mieux réussi que celle d’établir simultanément des relations avec les pôles opposés.
La politique étrangère du Qatar depuis 2011 a eu une virevolte irrationnelle et ce pays s’est transformé d’un acteur-médiateur à succès en un facteur de troubles. Le Qatar s’est manifestement ingéré dans les affaires libyennes et est entré en scène contre Bachar Asad en Syrie et mit à l’ordre du jour de sa politique, l’armement et le financement des terroristes, agissant dans les milieux internationaux contre le régime syrien. Dans la crise égyptienne, Doha a clairement pris position en faveur des Frères musulmans, a soutenu les opposants en Irak et en général, il a agi en convergence totale avec les Etats-Unis. L’émir du Qatar, le cheikh Tamim Ben Hamad Al-e-Thani parle actuellement d’une coalition internationale anti-Daesh au moment où son pays, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ont joué un grand rôle dans le pullulement des groupes terroristes takfiris dans la région, notamment en Irak et en Syrie. Les déclarations du jeune Emir sont sans doute une critique indirecte adressé à la politique de son père, mais actuellement, il n’a pas de solution pour une sortie de crise.
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