La ville de Tripoli est livrée, une fois de plus, à la folie meurtrière des miliciens, dans une guerre absurde qui a fait, à l'heure d'écrire ces lignes, une quinzaine de morts et une quarantaine de blessés, dont des femmes, des adolescents et des personnes âgées.
Les combats ont repris samedi entre les quartiers de Bab el-Tebbané et de Jabal Mohsen et se sont intensifiés au fil des heures, avec des pics de violence inouïe, dimanche soir, lorsque des dizaines d'obus se sont abattus sur des zones résidentielles.
Cette nouvelle flambée de violence était prévisible après la multiplication des agressions à caractère sectaire contre des habitants alaouites de Jabal Mohsen, qui ont été systématiquement attaqués par des inconnus qui leur ont tiré des balles dans les pieds, dans une action de punition collective destinée à «venger les morts du double attentat contre les mosquées al-Salam et al-Taqwa», qui a fait, le 23 août, une quarantaine de morts. Pourtant, les familles de ces victimes ont publié un communiqué, vendredi, affirmant qu'elles n'avaient rien à voir avec «le comité des proches des martyrs des attentats», au nom duquel toutes ces agressions ont été commises.
«Certains médias essaient de dater le début de cette nouvelle flambée de violence à jeudi dernier, lorsque des drapeaux syriens ont été hissés à Jabal Mohsen, mais les exactions contre les habitants de ce quartier ont commencé plusieurs jours auparavant», affirme une source de sécurité qui a requis l'anonymat.
Face à l'impuissance politique de l'Etat, l'Armée libanaise est laissée seule sur le terrain, entre deux feux, et elle paie autant que les civils le prix de la folie qui s'est emparée des miliciens. Un soldat a été tué par un sniper et plusieurs autres ont été blessés depuis le début de ce 18ème round de combats.
Le premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, a fait état, hier, d'un nouveau plan de sécurité en gestation qui comporte une nouveauté, celle de placer tous les services de sécurité sous le commandement de l'armée.
«Chaque jour, j'observe la chère ville qui souffre, incendiée, et ses fils tués car les malfaiteurs l'ont prise en otage, affirme M. Mikati dans un communiqué. Elle est otage de ceux qui font sauter les mosquées et qui visent les innocents et les passants en quête du pain quotidien», a-t-il déploré.
«Devant cette réalité douloureuse, je me trouve obligé, en tant que responsable, de placer tous devant leurs responsabilités et de pointer du doigt les lacunes dans le suivi de la situation, puisque le plus important pour moi en cette période, est de protéger la ville et les propriétés et de réduire l'effusion du sang des innocents», a-t-il affirmé.
Et M. Mikati de poursuivre : «Hier (samedi) on a tenu une réunion élargie à Tripoli. On a décidé, suite à la concertation avec le président de la République, de placer les forces de sécurité sous le commandement de l'armée. Cette dernière prendra toutes les mesures nécessaires pour contrôler la sécurité. La justice a émis des mandats d'arrêts contre tous les malfaiteurs. Nous sommes surs que l'armée assumera ses responsabilités et exécutera tous les mandats d'arrêts», a-t-il conclu.
D'autres hommes politiques s'emploient, pendant ce temps, à jeter de l'huile sur le feu. C'est le cas du député du Courant du futur, Khaled Daher, qui a menacé, dimanche, de rejoindre les Tripolitains dans leur légitime défense si les fauteurs de trouble n'ont pas été arrêtés dans un délai de 48 heures. «Nous n'allons pas rester silencieux face aux menaces malveillantes et à l'atteinte à notre sécurité», a-t-il averti, considérant que l'enjeu majeur au Liban est celui de l'ingérence étrangère visant à déstabiliser le pays.
Dimanche soir, le Hezbollah a publié un communiqué niant catégoriquement la présence de ses combattants à Jabal Mohsen, comme l’avaient affirmé certains médias.
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