«Vous [les Américains] voulez négocier alors que vous pointez une arme sur l’Iran. La nation iranienne ne sera pas intimidée par ce genre d’acte.» Ayatollah Ali Khameneï
L’Iran est encore une fois dans le collimateur des pays occidentaux (Etats-Unis et les 5+1). S’exprimant dans le cadre d’un entretien à paraître lundi 4 février dans Le Figaro, le vice- président américain, Joe Biden, a prévenu l’Iran que «la fenêtre diplomatique se referm(ait)» dans les négociations sur «son programme nucléaire controversé». «La balle est dans le camp des Iraniens. En ce qui nous concerne, nous avons fait et continuons à faire de réels efforts en vue d’atteindre une résolution diplomatique des préoccupations de la communauté internationale sur le programme nucléaire iranien. Mais la fenêtre diplomatique se referme» «Le président Obama a été clair: il empêchera l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. Et nous ferons ce qu’il faut pour s’assurer que cela n’arrive pas.»
Il faut savoir que concernant le programme nucléaire, depuis 1977, il y a eu près de deux mille inspections de l´Agence internationale de l´énergie atomique (Aiea) et aucun rapport n’a pu établir que l’Iran cherchait à mettre au point la bombe. Pourtant, tous les médias en parlent comme si c’était acquis. Le 11 avril 2006, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad annonce que l´Iran a enrichi avec succès de l´uranium. «J´annonce officiellement que l´Iran a rejoint le groupe de ces pays qui ont la technologie nucléaire.» L´uranium a été enrichi à 3,5% en utilisant plusieurs milliers de centrifugeuses. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a rejeté, jeudi 7 février, l’offre des Etats-Unis d’entamer des discussions bilatérales sur son programme nucléaire controversé alors que Washington impose des sanctions économiques à l’Iran, selon son site internet officiel. Les Etats-Unis ont confirmé mercredi avoir mis en oeuvre de nouvelles sanctions contre l’Iran, quelques jours après une “offre sérieuse” du vice-président américain Joe Biden à Téhéran concernant des négociations directes sur le nucléaire dans le cadre du groupe 5 + 1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne). Après plusieurs mois d’interruption, le 5 + 1 et l’Iran se sont mis d’accord pour reprendre les discussions le 26 février au Kazakhstan. (1)
Les deux poids, deux mesures
L’Iran n’acceptera pas d’abandonner ses «droits» et «n’ira pas au-delà de ses obligations» internationales lors de ses prochaines discussions avec les grandes puissances sur son programme nucléaire controversé, a réaffirmé hier le négociateur iranien Saïd Jalili. Ce rappel de la position très ferme de l’Iran intervient alors que M.Jalili doit retrouver le 26 février à Almaty (Kazakhstan) les représentants des grandes puissances pour tenter de relancer les négociations sur le dossier nucléaire iranien. Les discussions entre l’Iran et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) sont au point mort depuis une précédente rencontre en juin 2012 à Moscou, (…) Le programme nucléaire iranien a été condamné par six résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU dont quatre assorties de sanctions, renforcées depuis 2010 par un embargo économique et pétrolier des Occidentaux. «L’Iran a rempli toutes ses obligations dans le cadre du TNP (Ndlr: dont il est signataire) et doit bénéficier de tous ses droits (…) Le peuple iranien n’accepte pas d’être traité différemment du reste du monde», a insisté M.Jalili cité par l’agence Isna. (2)
Dans le cadre d’une stratégie énergétique bien pensée, au-delà des énergies fossiles, de l’énergie hydraulique bien développée et sans oublier le solaire et l’éolien, l’Iran disposant de gisements d’uranium se lance dans la construction de centrales nucléaires. La construction de nouvelles centrales nucléaires fait partie d’un plan visant à générer une puissance totale de 20.000 mégawatts d’électricité. Les autorités ont l’intention de le mettre en oeuvre au cours des 15 prochaines années. Pour cela, elle a besoin de concentrer l’uranium. Les centrifugeuses permettent d’accélérer le processus d’enrichissement de l’uranium de 3 à 5 fois. Les experts iraniens croient qu’à ces fins, le pays, dont la consommation d’énergie croît rapidement, aura besoin de 20 centrales nucléaires. En raison de la croissance démographique et l’augmentation du processus de l’industrialisation, la consommation d’énergie en Iran augmente en moyenne de 8% par an. En 2011, l’Iran avait lancé la première centrale nucléaire commerciale au Moyen-Orient dans la ville de Bouchehr, construite avec la participation des experts russes.(3)
Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), paru jeudi 21 février, confirme que l’Iran a commencé à installer des centrifugeuses plus modernes sur son site de Natanz au début de février. “Le 6 février 2013, l’agence a observé que l’Iran a commencé l’installation de centrifugeuses IR-2m”à Natanz, selon ce rapport. C’est la première fois que des centrifugeuses plus avancées que les IR-1 ont été installées” . Israël qui n’a pas signé le TNP et qui dispose d’un arsenal de bombes atomiques dicte la marche à suivre aux Occidentaux concernant la démolition de l’Iran Elle souligne que l’Iran “était plus proche que jamais” de la bombe atomique. Les services du Premier ministre, Benyamin Nétanyahu, ont qualifié de “grave” le rapport de l’Aiea, soulignant que l’Iran était ´´aujourd’hui plus proche que jamais d’obtenir du matériel enrichi pour une bombe atomique´´. Le rapport ´´prouve que l’Iran continue à avancer rapidement vers la ligne rouge que le Premier ministre avait dessinée lors de son discours aux Nations unies´´
Du point de vue contribution au patrimoine de l´humanité, on doit aux Perses la diffusion de l´alphabet et l´écriture, la Route de la soie, les contes des Mille et Une Nuits, l´irrigation par canaux, le jeu d´échecs, les premières climatisations, les premières dissections humaines avec Ibn Sina (Avicenne), la découverte de l´alcool méthylique, la découverte du zéro du côté de Ninive, une très grande partie de l´algèbre et la géométrie, les logarithmes avec Al Khawarizmi, mais aussi le système des armées modernes (inventé par Darius I et copié cinq cents ans plus tard par les Romains). «Le taux d’alphabétisation était de moins de 50 pour cent (avant la Révolution islamique) tandis que grâce à la révolution, il est maintenant de plus de 86 pour cent,» a-t-il ajouté. Il a souligné qu’en 1979, le nombre d’étudiants s’élevait à 176.000 tandis qu’il atteignait les 2.165.000 en 2004, les 3 572.000 en 2008. En 1979, seulement 398 articles avaient été publiés dans les journaux professionnels, alors qu’ils sont passés à plus de 20 000 en 2008 (3855 de 2004)», a affirmé le président iranien. (4)
Avec un Produit national brut de 570 milliards de dollars en 2005, il constitue la deuxième économie de la région. Son Produit intérieur brut par habitant s´élève à 8 400 dollars. L´Iran est le 4e producteur de pétrole au monde. Il dispose aussi de la deuxième plus grande réserve en gaz naturel, après la Russie, et en est le 6e producteur. De nos jours, l´Iran est une puissance technologique, de loin plus performante que les autres pays musulmans. L´avion de combat, entièrement conçu et fabriqué par les ingénieurs iraniens, a effectué, ce dimanche, avec succès, son premier vol-test, en présence du ministre de la Défense et des hauts responsables militaires, à Ispahan. Cet avion de combat baptisé «Azarakhsh» (la foudre) est le deuxième. Le premier du nom est baptisé «Saegheh» (l´éclair). (5)
Dans le même temps, la mise en orbite d’un satellite civil iranien pourrait entraîner les puissances spatiales dans la militarisation de l’espace en raison des tensions dans les relations politiques irano-américaines, selon l’expert. Le lancement réussi d’une fusée-porteuse a aussi suscité la préoccupation de nos partenaires américains a noté le responsable.
L’Iran a annoncé samedi 23 février 2012 avoir abattu un drone de surveillance étranger lors d’un exercice militaire, rapporte l’agence officielle de presse Irna. Irna ne précise pas à quel pays appartenait ce drone. Par le passé, l’Iran a affirmé à plusieurs reprises avoir intercepté des drones américains. L’événement qui s’est produit le dimanche 4 décembre 2011 présente, pourtant, des implications immédiates et une portée géopolitique d’une colossale importance. Les ingénieurs iraniens ont apprivoisé, domestiqué, The Beast. (La bête)
Georges Stanechy pour sa part, nous parle du dernier rapport du FMI dont le moins qu’on puisse dire est qu’il fait un constat de bonne gouvernance en Iran. On mesure sans peine ce lourd aveu d’un pays qui n’a jamais cessé d’être diabolisé. «Obligés d’admettre que le pays connaît une croissance soutenue. Pas seulement grâce aux cours internationaux du pétrole et du gaz, mais aussi sous l’action conjointe d’une forte croissance du secteur agricole. Auquel s’ajoute l’effet moteur d’une rapide extension du crédit en faveur d’un important secteur industriel, bien diversifié, tout particulièrement des petites et moyennes. Afin d’améliorer leur productivité, leur compétitivité et faciliter la création de nouvelles initiatives».(6)
«Au-delà de ces performances, poursuit Georges Stanechy, ce qui est à retenir de la lecture du rapport du FMI c’est le «constat» de la remarquable réussite, à l’étonnement des experts eux-mêmes, portant sur la profonde rénovation en cours du système économique de l’Iran. En décembre 2010, les subventions des prix de l’énergie et des produits agricoles ont été supprimées. (….) Les produits pétroliers, électricité, et blé, en particulier, ont subi une forte augmentation. Pendant une période transitoire, le montant économisé est redistribué aux ménages sous forme d’une allocation en espèces librement utilisable aux entreprises pour activer leur restructuration et leur modernisation en termes d’économies d’énergie et aux administrations publiques pour financer leur modernisation.»(6)
Les relations irano-américaines
Dans un article objectif sur les malentendus américano-iraniens: Franklin Lamb écrit «L’observateur étasunien que je suis, a participé à d’innombrables conférences internationales et a voyagé dans plus de 70 pays. Mais il n’a jamais rencontré une société aussi complexe, évolutive, énergique, industrieuse et riche en idéalistes chaleureux qui ont le sens de l’humour et qui aident ceux qui sont dans le besoin que la société de la République Islamique d’Iran.
Se trouver en Iran, en ces temps difficiles, est une expérience bouleversante car on prend conscience que les Iraniens et les Etasuniens ont tant de besoins et d’intérêts communs – oui, même en ce qui concerne les croyances religieuses – que les deux peuples devraient immédiatement restaurer leurs relations et revenir à l’époque où 60.000 étudiants iraniens faisaient leurs études aux Etats-Unis et où des milliers d’Etasuniens vivaient et travaillaient en Iran – dans la plus parfaite harmonie et pour le plus grand profit de tous. (…) Il n’y a probablement aucun pays qui soit si incompris des Etats-Unis que l’Iran. Et c’est dû presque entièrement à la politique de diabolisation qui mène à tout déformer, y compris les parties des discours du président Ahmadinejad qui portent sur Israël et les Etats-Unis. (…)» (7)
Mme Rubin, qui est une ancienne bénévole de l’Aipac, a fustigé la nomination au secrétariat de la Défense de Chuck Hagel, l’ancien sénateur, de concert avec 52 organisations sionistes des Etats-Unis, le mois passé, parce qu’il s’est prononcé en faveur d’une relation de respect et de bienveillance mutuels avec l’Iran. Les propos de Hagel sur les sanctions imposées à l’Iran et à la Syrie sous l’égide étasunienne et sur la nécessité de reconstruire la confiance et de normaliser les relations par le dialogue, sont impardonnables à leurs yeux. Voilà ce que Hagel a dit à propos des relations entre l’Iran et les Etats-Unis:
« Nous ne devrions pas mettre des conditions aux pourparlers ni rejeter toutes les alternatives pour n’en retenir qu’une seule que nous ‘dicterons’ à l’Iran´´. (…) Avec les Etasuniens, les Iraniens parlent le plus souvent de la nécessité d’améliorer les relations entre les deux pays ou alors ils leur demandent comment se passe leur séjour en Iran et s’ils ont besoin d’aide ou d’information sur le pays. Les Iraniens sont naturellement aussi ouverts que les Etasuniens et à la différence de beaucoup d’autres pays, il n’y a aucun sujet tabou.» (7)
«Il y a toutes les raisons du monde pour que Washington tende la main à l’Iran, pas seulement en paroles mais en actes. Le peuple iranien et de nombreux Etasuniens le désirent ardemment et ce serait bénéfique pour les deux sociétés. Les contacts, les visites et les discussions ouvertes contribueraient à détendre les relations entre l’Iran et les Etats-Unis. Et on peut espérer que les deux peuples finiront par faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils oublient le passé et se tournent vers l’avenir en recréant des liens d’amitié.» (7)
Ceci va dans le sens de la prise en compte de l’incontournabilité de l’Iran comme l’expose Thierry Meyssan dans un article publié le 26 janvier dernier en Russie, le nouveau Le Plan de partage du Proche-Orient sur lequel travaillent la Maison-Blanche et le Kremlin. «La nouvelle donne obligerait les États-Unis à reconnaître enfin le rôle régional de l’Iran.
Cependant, Washington souhaiterait obtenir des garanties que Téhéran se retire d’Amérique latine où il a tissé de nombreux liens, notamment avec le Venezuela. On ignore la réaction iranienne à cet aspect du dispositif, mais Mahmoud Ahmadinejad s’est d’ores et déjà empressé de faire savoir à Barack Obama qu’il ferait tout ce qui est en son possible pour l’aider à prendre ses distances avec Tel-Aviv.» (8)
Comment l’Iran s’est imposée sur la scène internationale? L’explication est à chercher dans l’endurance de ce pays, qui a compris qu’il n’y a pas à se lamenter. Il faut se battre avec les armes de la science, sa propre richesse technologique fruit d’une éducation et d’une recherche de qualité moins la démagogie. Inspirer le respect est une question de sueur, de veille, de travail acharné. L´Occident ne veut pas d´un Iran développé et toutes les manoeuvres visent à freiner le développement de ce pays, pays émergent par excellence et qui dispose de tous les atouts: une civilisation plusieurs fois millénaire, des réserves énergétiques les deuxièmes plus importantes en pétrole et gaz. En Iran tout n’est pas rose, loin s’en faut, les mêmes maux de corruption, de népotisme, gangrènent la société.
Le fait est là, c’est un pays qui avance et qui mise sur son intelligence. Puissent les pays musulmans le suivre dans cette marche forcée vers le savoir au lieu de s’installer dans la fatalité pour le plus grand malheur de leurs peuples.
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
1. Le Guide suprême iranien rejette l’offre de dialogue Le Monde.fr 07.02.2013
2. http://www.lexpressiondz.com/internationale/169569-l-iran-reitere-ses-droits-sur-le-nucleaire.html
4. Farsnews – Le 1er vol de l´avion de combat, «la foudre», «made in Iran».05 août 2007
5. Daniel Laurent. Et si l’Iran nous donnait des leçons en matière d’enseignement supérieur? Education/ Recherche, jeudi 28 août 2008.
6. Georges Stanechy IMF Country Report No. 11/241 – Islamic Republic of Iran: 2011 Article IV Staff Report; August 2011 http://www.legrandsoir.info/iran-rapport-fmi-aout-2011.html
7. Franklin LAMB http://www.legrandsoir.info/les-iraniens-et-l-amitie.html
Source : Mondialisation.ca.
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