Est-ce un hasard et une coïncidence ? Ou les organisateurs ont eu une intuition défiante tout raisonnement et sens cartésien des Européens ?
Le même jour, deux évènements d'une importance majeure ont eu lieu sur les extrémités d'une flèche opposant deux visions du monde: réunion d'une commission des affaires étrangères au Parlement Européen, à Bruxelles, et Forum International sur l'avenir du Donbass, à Donetsk. On n'aurait pas pu mieux choisir la date non plus: juste après les commémorations du 70e anniversaire de la victoire dans la Seconde guerre mondiale, juste après le remue-ménage d'unions et de divisions qui se sont reformés à travers l'Europe dans l'appréciation de l'importance de cette date.
Le Forum International sous le titre « Donbass: hier, aujourd'hui et demain » a réunit le long de trois jours à Donetsk, du 11 au 13 mai, les représentants des pays européens, mais également, les dirigeants de la République autoproclamée. L'association non-gouvernementale « Enfants de Donbass », l'ancien président de la région Sud-Tyrol (Haut-Adige), différents responsables et experts de la décentralisation et du développement économique n'ont pas manqué à l'appel. Pour débuter le processus de rapprochements d'idées et des concepts, le Forum a réuni une palette très diversifiée de spécialistes et de responsables sociaux-économiques, qui pourraient par la suite constituer une base large des parlementaires nationaux (France, Allemagne, Espagne, Italie…) engagés dans le processus de développement et de paix.
« Quand j'y étais en tant qu'observateur lors des élections régionales, j'ai promis d'y retourner, — nous explique Jean-Luc Schaffhauser, eurodéputé et modérateur de la Table ronde sur le thème de la résolution pacifique de la crise ukrainienne, — J'ai été à l'époque touché par la souffrance de la population, il m'a paru important de ne pas s'arrêter là. J'ai décidé d'accompagner le gouvernement élu (de Donbass. Notre « Sputnik ») dont les représentants cherchent les programmes de coopération et du développement économique. J'ai décidé de les aider à trouver les solutions pour la paix. »
Il est difficile de faire des pronostics sur l'impact qu'un Forum de cette envergure qui se déroule, en plus, lorsque les tirs ne cessent pas dans les différents coins du Donbass. Mais l'audace de ses participants de vouloir dire la vérité, en contrepoids des déclarations du Parlement Européen dont la Commission des affaires étrangères siège en même temps, est un acte de courage en soi. « Je veux en témoigner, pour l'avoir vu, surtout sur les accords de Minsk, — s'insurge Jean-Luc Schaffhauser, — ainsi que sur la manière dont est lancé le processus de décentralisation, sur le recul des armes lourdes conséquents à ces accords. Je veux voir s'il n'y a pas de bombardements, et les dénoncer s'il en a… Je suis là aussi pour relancer le processus de la reconstruction de l'Ukraine, en commençant par la région de l'Est qui a le plus souffert, et y associer les pays qui s'étaient portés garants des accords de Minsk — la France, l'Allemagne, la Russie… l'Espagne, l'Italie et d'autres pays, comme la Grèce…- pour arriver au développement de l'Ukraine dans une Europe unie. L'« Europe unie » pour moi — cela veut dire « avec la Russie ».
Bonnes intentions, mais malheureusement, avant d'arriver à reconstruire quoi que ça soit, il est nécessaire de faire respecter les accords de Minsk. Or, l'actualité nous livre au jour le jour les faits alarmants des pertes parmi la population civile, le nombre de victimes ne fait que s'accroitre inexorablement… Les observateurs d'OSCE sont là pour en témoigner. Le président ukrainien Petro Porochenko croit qu'il est nécessaire d'introduire dans la région des contingents de maintien de la paix. « Les accords (de Minsk) ont été précis, c'est l'OSCE qui remplit ce rôle, — note Jean-Luc Schaffhauser, — Pourquoi voulez-vous d'autres observateurs? Seule chose: peut-être il devrait y avoir plus d'observateurs d'OSCE? Ils devraient plus constater l'interruption de ces accords? Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'introduire de nouvelles donnes! »
Nous avons posé la question cruciale à Jean-Luc Schaffhauser qui, pour être juste et exact, a toujours affirmé d'être allé à Donetsk à titre personnel: pourquoi participer au Forum à Donbass, plutôt que défendre les intérêts de la région lors de la Commission des affaires étrangères à Bruxelles? « Je suis minoritaire au Parlement, nous a-t-il dit, — Ce Parlement n'est pas légitime… Du coup, je préfère d'être sur le terrain, construire quelque chose et préparer l'avenir. Et je souhaite par la suite — peut-être ils ne le voudront pas, on verra — me rendre à Kiev avec un groupe élargi du Parlement Européen. Comme ça, nous contribuerons au suivi des accords de paix ».
Malgré la déclaration récente de Petro Porochenko qui considère qu'une paix durable en Ukraine ne peut être assurée que via la « réintégration des territoires occupés », l'eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser a une opinion bien différente: « Je pense que le véritable règlement de la crise est la décentralisation et la reconstruction économique sur sa base. Quand je parle de la « véritable décentralisation », je sous-entends la reconnaissance des autorités locales actuelles, quitte à engager par la suite les nouveaux processus électoraux à la nouvelle décentralisation. C'est la feuille de route indispensable ».
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