Zones d'ombres. Dans le crash de l'avion allemand, en territoire français, mardi dernier, et entraînant la mort de 150 passagers, il est, aujourd'hui, certain que c'est l'oeuvre du copilote.
Après quatre jours d'enquête, il s'avère qu'il était dépressif. Une maladie, pas si récente que cela, puisqu'il avait interrompu, durant six mois, son stage de formation, commencé en 2008. Hier, on a appris qu'il avait caché qu'il était en arrêt de travail, pour maladie, le jour même du crash.
Bref, c'est la version de l'acte isolé, qui semble être privilégiée. Ce qui écarte la piste terroriste. D'ailleurs, personne ne fait plus allusion à la possibilité d'une telle piste. Pourtant... Mais avant de poser les éléments qui devraient remettre cette éventualité sur la table, reprenons les déclarations des responsables, à ce sujet. Jeudi dernier, lors d'une conférence de presse, le PDG de la Luftansa est catégorique. «Il n'y a aucun signe, aucun indice, qui laisse penser qu'il s'agirait d'un attentat terroriste», a-t-il martelé. Alors, s'agit-il d'un suicide? «Pas du tout!», répondent, en choeur, le Procureur de Marseille, chargé de l'enquête et le PDG de Luftansa. «Quand une personne entraîne 150 autres personnes, dans sa mort, on ne peut pas parler de suicide», disent les deux responsables.
Si ce n'est pas un suicide, ni un attentat terroriste, que reste-t-il, pour qualifier l'acte du copilote? Les déclarations, commentaires, papiers d'ambiance, n'ont pas cessé, dans les médias français, allemands et espagnols, (pays les plus touchés par la catastrophe), durant ces quatre journées. Il serait trop long d'y revenir entièrement.
Pour l'essentiel, on sait que 30 minutes, après le décollage, et dès le survol du territoire français, le commandant de bord sort du cockpit laissant son copilote seul à la manoeuvre. C'est le moment que choisit ce dernier, pour bloquer la porte de la cabine de pilotage, pour empêcher le retour du commandant de bord. Aussitôt, il entame la descente de l'appareil, qui va durer 10 minutes, avant de percuter le flanc d'une montagne et se pulvériser.
Restons sur ce point, pour ne pas nous égarer et poser deux questions essentielles, que personne n'a évoquées. La première est l'arrêt des moteurs par le copilote. Dans un premier témoignage, dans les premiers moments de l'annonce du crash, un paysan affirmait à la télé qu'il avait vu l'avion «voler très bas et en silence».
Le directeur du bureau d'enquêtes et d'analyses, (BEA), qui a été le premier à tenir une conférence de presse, avait déclaré, au sujet des moteurs de l'avion: «Il n'y a pas eu d'arrêt d'un moteur. Quant à l'arrêt des deux moteurs, et à ce stade de l'enquête, je ne puis rien affirmer». Ce qui veut dire qu'il avait, au moins, de fortes présomptions, sur l'arrêt des deux moteurs, et non d'un seul.
Notons qu'il disait cela, après avoir écouté le contenu de la boite noire d'enregistrement. C'est un point important, dans la mesure où l'arrêt des moteurs interdit tout ressaisissement de dernière minute du copilote.
Par instinct de conservation, par exemple. Si c'était le cas, la planification minutieuse du crash serait établie. L'autre question est la raison pour laquelle le commandant de bord est sorti du cockpit. Pour le Procureur de Marseille, «on peut, légitimement, penser qu'il s'est absenté, pour aller satisfaire un besoin naturel». Une «pensée», pas une certitude. Un besoin pressant, 30 minutes après le décollage, disons que c'est un peu court.
Et s'il n'y avait pas eu «ce besoin pressant» supposé, comment aurait agi le copilote, pour faire crasher l'appareil? C'est pourquoi, il est déterminant de répondre à cette question. La sortie du cockpit du commandant de bord n'aurait-t-elle pas été suscitée par quelqu'un ou quelque chose?
De la réponse dépend la thèse de «l'acte isolé», ou de l'attentat terroriste. Peut-on croire que ces deux questions aient pu être, simplement, oubliées?
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