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23 nov. 2013

Les liquidations d’entreprise atteignent des sommets en France

Le titre était prémonitoire. « Ce journal, nous lui avons donné le nom du temps qui vient : L’Impossible », écrivait Michel Butel il y a un an et demi, pour présenter son nouveau mensuel. Après quatorze numéros, la structure qui l’éditait a récemment déposé le bilan.

Lancer en kiosque un journal qui se revendiquait « bancal, foutraque, élégant, pauvre, écrit, engagé, indépendant » relevait du pari. Les problèmes de santé de Michel Butel l’ont rendu impossible à gagner. A 74 ans, l’ancien patron de L’Autre Journal ne s’avoue pas vaincu pour autant, et promet de nouvelles aventures. Mais sous un autre nom…

Des PME ainsi rayées de la carte, jamais la France n’en avait recensé autant. Ces douze derniers mois, 43 981 entreprises ont été liquidées après avoir déposé leur bilan, selon les relevés de l’assureur-crédit Coface, qui publie ce jeudi 21 novembre son baromètre des défaillances.

C’est 2 % de plus qu’en 2009, l’année catastrophique qui avait suivi la chute de la banque américaine Lehman Brothers et vu un effondrement de la production industrielle. Cette année-là, le nombre de faillites était monté en flèche. Puis il a décru lentement, grâce à la reprise économique.

Mais depuis le printemps 2012, la chute de la croissance puis l’entrée de la France en récession ont provoqué une deuxième vague de défaillances, malgré tous les efforts du gouvernement, en particulier la mobilisation des commissaires au redressement productif dépêchés par le ministre Arnaud Montebourg dans les régions.

LIQUIDATIONS EN SÉRIE

Au cours des douze derniers mois, 62 431 entreprises ont ainsi été placées en procédure de sauvegarde, mises en redressement judiciaire ou liquidées, le cas le plus courant. « C’est un total très élevé, en hausse de 4 % par rapport à la même période de 2012 », souligne Jennifer Forest, de Coface.

Le nombre d’entreprises en grande difficulté retrouve ainsi presque son sommet de 2009. Et en ce qui concerne les seules liquidations, le record est battu.

« Avec la crise de 2009, certaines sociétés se sont retrouvées fragilisées, analyse Mme Forest. Elles ont alors puisé dans leurs fonds propres pour tenir le choc. Ensuite, la petite reprise de 2010-2011 n’a pas été suffisante pour qu’elles se reconstruisent. Si bien qu’elles prennent de plein fouet la nouvelle dégradation de la conjoncture. » Comme un tissu ancien, trop souvent lavé, rincé, essoré, qui finit par craquer. »

Plusieurs grosses PME, souvent assez dépendantes du marché français, ont ainsi dû frapper à la porte du tribunal de commerce au cours des derniers mois.

C’est notamment le cas d’Européenne Food, un important grossiste de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), de l’institut de sondage LH2, ou encore des déménagements Guigard, près de Lyon. Sans oublier la plus lourde faillite du moment, celle de FagorBrandt, l’un des champions de l’électroménager en France. Un fiasco qui met en péril 1 870 emplois.

Avec des entreprises de cette taille, les juges optent en général pour la sauvegarde si la situation n’est pas trop dégradée, ou le redressement judiciaire, qui donne le temps de chercher des repreneurs. Cependant, le succès n’est pas forcément au rendez-vous, même lorsque la société bénéficie d’un certain renom.

LE SECTEUR DE LA DISTRIBUTION EST PARTICULIÈREMENT AFFECTÉ

Un exemple ? Marithé et François Girbaud. La griffe de jeans des deux créateurs français avait été placée en redressement judiciaire en mai 2012. Le tribunal de commerce de Paris jugeait alors possible de sauver la société, dont, à la grande époque, certains films publicitaires avaient été tournés par Jean-Luc Godard.

Mais au bout d’un an et demi de procédure, les discussions engagées avec un gros partenaire étranger n’aboutissant pas, le tribunal a prononcé la liquidation le 5 novembre. Environ 80 postes ont été supprimés, et les boutiques détenues en propre ont baissé le rideau.

La même mésaventure est arrivée au club de football professionnel du Mans, placé en redressement en août et liquidé à la mi-octobre. L’équipe jouait encore en Ligue 1 il y a trois ans.

Mais pour 30 % d’entreprises qui bénéficient d’un redressement judiciaire permettant une éventuelle sortie « par le haut », 70 % vont directement à la liquidation. C’est d’ailleurs presque toujours le cas pour les petites et très petites sociétés (TPE), peu susceptibles d’attirer des repreneurs.

Suite de l’article sur Le Monde

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