Le gouvernement ne se pliera pas à l’ultimatum des « bonnets rouges » bretons réclamant la suppression de l’écotaxe sous peine de nouvelles actions et dit compter sur le dialogue pour sortir de la crise.
Le maire divers gauche de Carhaix (Finistère), Christian Troadec, l’un des chefs de file du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », avait exigé « une annonce officielle de la suppression de l’écotaxe pour la Bretagne » avant mercredi midi (11h00 GMT).
L’élu a toutefois reconnu ensuite que l’ultimatum n’était « peut-être pas la bonne méthode », comme l’a aussi considéré Jean-Marc Ayrault.
« La bonne méthode c’est de se mettre autour de la table », a dit le chef du gouvernement mercredi après le conseil des ministres.
« Moi je suis prêt à aller vite pour signer avec la région Bretagne un pacte d’avenir. Pour cela il faut travailler, il ne faut pas se tromper de moment », a-t-il ajouté.
Le « Pacte d’avenir pour la Bretagne », un plan d’aide de 15 millions d’euros pour le secteur agroalimentaire breton annoncé le 16 octobre, a été examiné en conseil des ministres.
François Hollande y a réaffirmé qu’il souhaitait que ce pacte soit conclu d’ici à la fin de l’année, a rapporté la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, est attendu vendredi en Bretagne pour répondre aux difficultés de la filière agroalimentaire, vitale pour la région.
Jean-Marc Ayrault a annoncé la semaine dernière la suspension – non la suppression – de l’écotaxe devant la fronde des « bonnets rouges », le temps de trouver un mécanisme acceptable par tous.
L’écotaxe, taxe sur les véhicules de transport de marchandises, vise à favoriser les modes alternatifs de transport au nom de la préservation de l’environnement, avec un gain annuel attendu pour l’Etat de 760 millions d’euros.
La levée de boucliers des Bretons contre ce projet s’est traduite par des manifestations parfois violentes et la destruction de plusieurs des portiques où la taxe est prélevée.
« VIOLENCES INADMISSIBLES »
Najat Vallaud-Belkacem a dénoncé des « actes inadmissibles » appelant à la « fermeté » des autorités tout en invitant à « ne pas confondre le comportement inadmissible de quelques individus (..) et la situation plus large d’un certain nombre d’acteurs bretons légitimement préoccupés par l’avenir de ce territoire ».
A Carhaix, Christian Troadec a dénoncé pour sa part le « mépris » du gouvernement, qui « n’a pas entendu le message des Bretons ».
« L’ultimatum n’est peut-être pas la bonne méthode, en tout cas on voit qu’on ne l’a pas emporté aujourd’hui mais je ne pense pas non plus que les diktats de Paris à l’égard de la Bretagne soient des bonnes méthodes », a-t-il déclaré sur BFM-TV.
« Nous allons déterminer les actions à venir pour les prochains jours et pour les prochaines semaines avec calme, détermination mais aussi en regardant la façon dont fonctionne Paris à l’égard des Bretons », a-t-il annoncé.
Plusieurs ministres sont montés au créneau pour défendre la gestion gouvernementale de cette crise qui illustre les crispations du pays sur les questions fiscales.
« Le gouvernement a compris l’ampleur des difficultés », a assuré sur France Inter le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, ancien président de la région Bretagne.
Source et suite sur Reuters
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