C’est un discours de victoire que le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a prononcé lundi à l’occasion du jubilé d’argent de l’hôpital Al Rassoul al Aazam.
De nombreux observateurs l’ont d’ailleurs comparé au discours qu’il avait prononcé à Bint Jbeil en septembre 2006 à la suite de la victoire de la guerre de juillet. Et comme à chaque fois que le Hezbollah engrange des victoires, grâce à ses actions, à sa résistance, à sa vision et à sa conviction, sayed Nasrallah a tendu la main à l’autre camp pour l’inviter à partager avec lui les bénéfices nationaux. C’est donc en toute noblesse et en toute grandeur d’âme que sayed Nasrallah a appelé le 14 Mars à accepter la formation d’un gouvernement sur la base de la formule proposée par le chef druze Walid Joumblatt «9,9,6». Et avec franchise, il a conseillé à ce camp d’accepter cette proposition aujourd’hui, car demain, elle pourrait bien être retirée. Il a même été encore plus clair, leur suggérant de faire en sorte d’arrêter les pertes car il est clair que leurs paris sur la chute du régime syrien sont définitivement perdus. Le secrétaire général du Hezbollah a ainsi tenu, comme à son habitude, le langage de la raison et de l’intérêt national. Mais y a-t-il dans l’autre camp des sages capables de saisir cette main tendue? S’il faut en croire les premières réactions rapportées par les médias, des piliers du 14 Mars n’ont retenu que «le ton confiant», allant même jusqu’à accuser le sayed de s’exprimer en «Guide suprême» de la République et à lui reprocher d’avoir désigné par le nom le royaume d’Arabie comme la partie dérangée par le compromis en train d’être conclu au sujet de la Syrie et qui privilégie désormais clairement la solution politique. Mais sayed Nasrallah ne l’aurait pas fait s’il n’estimait pas que, désormais, les choses sont claires et doivent être dites en toute franchise. De toute façon, les dirigeants saoudiens ne cachent pas leur mécontentement et leur colère, d’abord en refusant le siège qui leur a été offert au Conseil de sécurité et ensuite en exprimant par tous les moyens leur désapprobation et leur refus de la tenue de la Conférence de Genève 2.
En dépit de son tapage médiatique, le 14 Mars ne peut pas ne pas voir que le vent est en train de tourner. Et s’il avait encore des hésitations, il n’a qu’à regarder du côté de Walid Joumblatt qui a clairement donné le ton, allant même jusqu’à ouvrir un dialogue à Aley avec le PSNS. Mais a-t-il la possibilité de réagir en conséquence? C’est la question qui se pose aujourd’hui. L’intérêt national et le réalisme prendront-ils le pas sur son suivisme à l’égard de l’Arabie saoudite? Parce qu’il tient à la diversité libanaise et à la formule d’entente entre les différentes communautés, le secrétaire général du Hezbollah a mis de côté les accusations qui ne cessent de lui être adressées ainsi que les provocations sur le terrain, sans parler des tentatives d’encercler le Hezbollah financièrement,politiquement et militairement en cherchant à l’entraîner dans des affrontements internes, pour proposer à l’autre camp un véritable partenariat national. Si, à Dieu ne plaise, la situation était inversée et si le Courant du Futur et ses alliés avaient le vent en poupe, auraient-ils agi de même ou bien se seraient-ils empressés d’écraser le Hezbollah de leur supériorité? Sayed Hassan Nasrallah ne se fait pas d’illusions, mais il s’incline devant l’intérêt national qui veut que toutes les communautés participent à l’exercice du pouvoir pour qu’elles puissent vivre en harmonie. Même si souvent, l’autre camp ne se montre pas digne d’une telle offre et en tout cas peine à la saisir. Dans les milieux du Courant du Futur on entend ainsi des analyses du genre: l’émir Bandar ben Sultan (qui est aujourd’hui le plus mécontent avec le ministre saoudien des AE l’émir Séoud al Faycal) connaît bien les Etats-Unis et il a passé 22 ans en tant qu’ambassadeur de son pays à Washington. Il peut donc frapper fort les Etats-Unis dont il connaît les rouages; Il faut donc attendre un peu et on verra comment les américains vont plier. En fait, soit ces «stratèges» vivent dans un autre monde, soit ils ne peuvent pas se permettre de faire d’autres analyses étant prisonniers de leur suivisme à l’égard des dirigeants saoudiens. Combien leur faudra-t-il de temps pour se libérer de ces liens ou pour se réveiller dans la réalité? C’est le Liban qui paie le prix de ce temps perdu et sayed Nasrallah l’a dit: son offre ne restera pas éternellement valable…
Source: French.alahednews
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