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7 juin 2013

Yves Bertrand, l'homme qui murmurait à l'oreille des ministres de l'Intérieur

Yves Bertrand lors du procès Clearstream - HADJ/SIPA
Mort subitement à l'âge de 69 ans, celui que les mauvaises langues appelaient le « concierge de la République » laisse derrière lui un solide parfum de scandale.

« J'ai toujours eu un faible pour les petites portes : c'est ma façon d'accéder aux grandes ». Ainsi s'exprimait Yves Bertrand, le flic qui incarnera pour toujours les RG, cette police tant décriée sous la Vème République, jusqu'à sa suppression sur ordre de Nicolas Sarkozy. 

Mort subitement à l'âge de 69 ans, celui que les mauvaises langues appelaient le « concierge de la République » laisse derrière lui ses chats, sa collection d'estampes et un solide parfum de scandale. 

Yves Bertrand avait opté pour l'option « provençal » le jour du Bac, mais c'est en français, d'une écriture difficile à déchiffrer, qu'il a noirci les dizaines de cahiers qui ont fait la Une des journaux après leur saisie par un juge d'instruction dans le cadre de l'affaire Clearstream. Il y consignait tout, avec un faible pour les affaires politico-financières, la corruption, les compromissions, mais aussi ses relevés de comptes. 

Le soir venu, il livrait ses meilleures perles aux ministres de l'Intérieur qui le voulaient bien, de droite comme de gauche, avec le secret espoir d'être maintenu à son poste le plus longtemps possible. Et de sauver sa boutique, ces renseignements généraux sans cesse promis à la casse. 

Lorsque nous lui avions demandé, en 2009, quelques lignes pour ponctuer un livre à paraître chez Fayard, Ce que je n'ai pas dit dans mes carnets, voici ce qu'il nous avait livré :




1) Cuisine. J’ai appris que Joël Rebuchon, rival d’Alain Ducasse dans le secteur de la haute gastronomie, avait déclaré que la grande cuisine française l’ « emmerdait ». Que demande-t-on à un grand cuisinier ? De faire de la grande cuisine, et non pas de céder à des délires médiatiques qui n’aboutiront qu’à discréditer sa profession et tous les grands chefs. Chacun doit savoir rester à sa place. 


Moi, c’était plutôt la cuisine politique. Et le dernier scrutin en date, celui des élections européennes, en juin 2009, n’a fait que confirmer l’adage selon lequel c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs plats. Qui sont en effet ces écologistes qui ont recueilli plus de 17 % des suffrages exprimés ? De vieux « briscards ». Je devrais même dire de très vieilles connaissances, eux qui sont de ma génération. 

Daniel Cohn Bendit, alias Dany le Rouge, contribua largement au désordre indescriptible du quartier latin et à la quasi-paralysie du pays en mai 68. Il a du talent, mais il m’étonnerait fort que le bataillon hétéroclite dont il a pris la tête reste longtemps homogène. Trois écologistes suffisent en effet à provoquer rapidement une scission, je ne pense pas que Dominique Voynet me contredira sur ce point. 

En ma qualité de chef de la cellule (sic) Mouvements révolutionnaires de la direction centrale des RG, j’ai également connu (professionnellement) José Bové. Lui aussi est un ancien combattant de toutes les causes de cette extrême gauche que je qualifierai de libertaire. 

Voilà les hommes neufs que le dernier scrutin européen nous a proposé, sans oublier la Norvégienne Eva Joly, probablement bien placée pour luter contre la fonte de la banquise et le réchauffement climatique – à condition que tout cela ne se résume pas à une gesticulation médiatique. 

2) Désirs et réalité. Le premier écueil, pour un policier des RG, c’est de prendre ses désirs pour la réalité. C’était souvent le cas de jeunes fonctionnaires frais émoulus qui, d’emblée, croyaient détenir le scoop imparable qui allait leur assurer gloire et notoriété. Cela arrivait aussi à des policiers plus expérimentés. Un bon RG ne doit pas avoir de désirs...


source : marianne.net

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