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21 juin 2013

En dépit des décisions de justice, la démolition de l’église de Gesté va commencer

Gesté (Maine et Loire)
L’Église Saint-Pierre-aux-Liens en passe
d’être détruite à partir du 18 juin 2013
Photo : D. Rykner
17/6/13 – Patrimoine – Gesté, église – Lorsqu’un meurtre menace d’être commis en pleine rue, il est d’usage que la police intervienne pour empêcher le crime. Il semble qu’en France un maire puisse, malgré des décisions de justice en sa défaveur, décider de détruire une église sans que la force publique ne s’interpose.
On se rappelle que le Conseil d’État avait rejeté la demande de pourvoi en cassation de la Mairie de Gesté contre la décision du Tribunal Administratif qui interdisait la démolition de l’église. Le maire s’en moque et prétend désormais que le permis de démolir (qui a été annulé) n’est pas nécessaire. Et que le permis de construire, qui fait l’objet d’un recours, n’est pas suspensif.
Comme nous l’avions écrit récemment, le conseil municipal a donc à nouveau voté la démolition le 6 mai, et le maire a passé un appel d’offre pour qu’une entreprise mène ce chantier. Aujourd’hui 17 juin, il a convoqué la presse locale à 16 h pour annoncer sa décision, la démolition devant commencer incessamment.

L’avocat de l’association a déposé ce jour un référé en suspension et une requête en annulation de la délibération du conseil municipal, mais il est probable que la démolition commencera dès demain. Il ne reste que peu d’alternatives possibles pour empêcher ce vandalisme.

La première serait que le ministère de la Culture, qui est au courant de la situation, prenne ses responsabilités comme à Saint-Gemmes-d’Andigné (ou à Fontainebleau) et prenne un arrêté d’instance de classement. Mais celui-ci doit intervenir immédiatement.
La deuxième serait que l’on suive l’exemple de la Halle de Fontainebleau, où les défenseurs du patrimoine se sont opposés physiquement aux bulldozers. Nous parlions récemment de la leçon turque, peut-être est-il temps de la suivre même s’il est facile de parler depuis Paris, loin du Maine-et-Loire. Quelle que soit l’issue de cette bataille, il reste à espérer que les responsables n’en sortiront pas impunis. Va-t-on accepter qu’en France, désormais, un élu local puisse décider de la destruction d’une église en bon état, dont la qualité artistique est reconnue même par un tribunal administratif ? Sommes nous encore dans un État de droit ou le temps de la barbarie est-il définitivement revenu ?




Et cette situation n’est pas récente, déjà en 2007 un article du journal Le Figaro parlait de la destruction des églises…
Destruction de l’église de La Bassée. Crédits photo : Charlet/AFP

De moins en moins fréquentées, les églises coûtent cher à entretenir et les maires s’interrogent. Faut-il les préserver ou doit-on les démolir ? Pas de doute, de gros nuages noirs surplombent désormais les petits clochers ruraux. Comme si le tabou de leur destruction commençait à se lever. Béatrice de Andia, à la tête du nouvel Observatoire du patrimoine religieux, affirme que, sur la base d’un rapport du Sénat, « 2 800 des 15 000 églises rurales protégées » seraient « en situation de péril ». « Ce qui laisse augurer, explique cette ancienne responsable de l’action artistique de la Ville de Paris, que les bâtiments non classés, qui ne sont pas une priorité pour l’État, ont un sombre avenir devant eux. » Christian Prunier, créateur en 2003 du site clochers.org, destiné aux gé­néalogistes, reconnaît, lui, que « pour se débarrasser d’un bâtiment, il suffit de le laisser pourrir 20 ans, de l’entourer ensuite de bandes rouges pour signifier son danger puis de faire établir un arrêté de péril. La démolition n’est alors plus une honte. Elle est conseillée ». Les Français sont pourtant « viscéralement attachés » à leurs églises, dit Alain Guinberteau, créateur de 40000clochers.com, qui a lancé un concours photos couronnant le meilleur chasseur de clochers.
Dans la région historique des guerres de Vendée, où les chapelles ont fleuri au XIXe siècle, de plus en plus d’édiles ont franchi le pas et commencent à détruire leur clocher faute de moyens pour les entretenir.
DE L’HERBE folle a poussé entre les tas de pierres, de vieux carrelages et d’ardoises brisées. Un angle de mur est encore vaguement debout et des tiges de fer rouillées pointent vers le ciel. En cet endroit désolé, il y a moins d’un an, se dressait encore une église dominant toute cette région, théâtre des guerres de Vendée. Bâtie en 1870 sur un point culminant du Maine-et-Loire, à 200 mètres d’altitude, l’église paroissiale du village de Saint-Georges-des-Gardes a été démolie en août dernier. « Déconstruite », précise le maire, Gabriel Lahaye, qui, sans être un adepte du philosophe Jacques Derrida, a choisi ce terme pour son image moins violente, « plus respectueuse ».
La commune de 1 500 habitants possède une autre église et, ne pouvait pas supporter les charges d’une réhabilitation : bien au-delà du million d’euros. Les églises construites avant 1905 sont, en effet, à la charge des collectivités locales. « On m’a­vait dit : tu le regretteras ! Mais il n’y a rien à regretter », assure Gabriel Lahaye. Un habitant, Gérald Eloire, a bien tenté de s’opposer à la démolition avec une lettre ouverte au maire, la création d’une association, la mobilisation des médias. En vain. Cet athée convaincu, qui avait choisi de s’installer dans ce village justement pour le charme de son église, n’a entraîné qu’une poignée d’habitants derrière lui. Et récolté beaucoup d’hostilité.

Source et article complet sur Le Figaro

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