Dieudonné n’a pas regretté son passage au Zénith de Caen, vendredi soir, avec son nouveau spectacle Foxtrot. L’humoriste entre en scène sous les acclamations d’un public totalement acquis : la salle est debout pour l’applaudir ! « Ah, la vache. Ah, la vache », en rit-il, comme surpris. Le même enthousiasme saluera chaque sketch. Un véritable triomphe.
Une partie des spectateurs, hier soir, sur l’esplanade du Zénith de Caen, convaincus par le dernier spectacle de l’humoriste Dieudonné
Dieudonné connaît déjà Caen. En 2009 et 2010, faute de salle pour l’accueillir, il joue Liberté d’expression, dans un bus de 60 places. En 2011, à la Fonderie d’Hérouville Saint-Clair, il est de retour avec Rendez-nous Jésus. Une salle réservée en catimini, sans affiches, ni promo : Dieudonné sera à guichets fermés. Cette fois, il revient par la grande porte, sans arrêté d’interdiction de la mairie de Caen, comme en 2009. Il y a bien eu un communiqué du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et un autre, commun à plusieurs mouvements (Printemps ligueur, Gauche anticapitaliste, Gauche Unitaire, Initiative communiste ouvrière) dénonçant « derrière “l’humour” d’un militant de l’extrême droite, une idéologie antisémite ».
2 000 spectateurs
Mais le public est au rendez-vous : plus de 2000 spectateurs totalement fans. Et un public varié : des hommes et des femmes, beaucoup de trentenaires et quarantenaires, des Blancs, des Noirs, des Maghrébins, des opposants et des pro « mariage pour tous » (Dieudonné a fait un sondage à mains levées !) Le titre du spectacle Foxtrot ? « C’est une danse des années 30, censée illustrer le rêve américain… », entame l’humoriste en costume-cravate. Sur scène, un bureau, un pupitre, et un canapé de style pour tout décor.
Et c’est parti pour une heure d’un one-man show, sans temps mort, au rythme d’un humour noir et grinçant, souvent désopilant mais aussi dérangeant. Tout le monde en prend pour son grade : la politique américaine, les tueurs en série, les francs-maçons, Al-Qaïda… Dieudonné se moque de lui-même aussi, de ses origines africaines, règle ses comptes avec l’humoriste Patrick Timsit. Il fait aussi dans le burlesque comme dans ce sketch où un ami lui raconte son enlèvement par des extra-terrestres. Dieudonné va aussi très (trop ?) loin dans l’humour « décalé », notamment avec une « compétition victimaire » entre les Amérindiens, les esclaves africains, les Aborigènes d’Australie et Israël… Certains passages frisent avec les limites du genre, voire le mauvais goût…
Mais sur scène, Dieudonné va-t-il vraiment plus loin que Christophe Alévêque, Patrice Timsit, les auteurs du Groland ou, à leur époque, Pierre Desproges et Thierry Le Luron ? Même certains anciens sketches des Inconnus seraient « limite » aujourd’hui. « Les gens qui pensent ça, c’est parce qu’ils ne connaissent pas Dieudonné depuis ses débuts. Ce soir, c’était du grand Dieudonné ! », estime Zaïma, 32 ans, venue vendredi avec des amis. « Pour moi, c’est la première fois que je le voyais sur scène. Je reviendrai », assure Rodolphe, 34 ans, venu de Bayeux. Dieudonné, un humoriste comme les autres ? « Oui. J’aime bien autant Bigard, Gad Elmaleh que Dieudonné, reconnaît Ebba, un Hérouvillais de 31 ans. Il creuse où d’autres ne vont pas. C’est vrai qu’il insiste sur les Juifs mais il se moque aussi des Africains, de l’Amérique… Et ça s’insère dans la logique du spectacle. Pour moi, la question c’est où s’arrête la liberté d’expression ? »
Pascal Simon
Source : ouest-france.fr
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