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26 mai 2013

La plus jeune médecin au monde est une Palestinienne



Iqbal Mahmoud Al Asaad est entrée par deux fois dans le livre Guinness des records. Une première fois quand elle a terminé ses études secondaires à 13 ans et une seconde fois récemment : elle vient de terminer ses études de médecine à 20 ans !

Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, 
Qui a créé l’homme d’une adhérence. 
Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, 
Qui a enseigné par la plume [le calame], 
À enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas.

Coran, sourate 96, versets 1-5

Pour une fois, un évènement heureux vient nous rappeler que l’actualité arabe et musulmane n’est pas faite que de sang et de larmes. Et qu’au-delà des soubresauts des conflits fratricides et meurtriers qui continuent de faucher chaque jour des dizaines de vies en Syrie et en Irak, et au-delà des violences et intimidations quotidiennes subies par les Palestiniens dans les territoires occupés, une jeune Palestinienne de 20 ans vient de nous donner une belle leçon d’optimisme et d’espoir.

Iqbal Mahmoud Al Asaad est entrée par deux fois dans le livre Guinness des records. Une première fois quand elle a terminé ses études secondaires à 13 ans et une seconde fois récemment : elle vient de terminer ses études de médecine à 20 ans ! Quelle émotion et quelle fierté de savoir que la plus jeune médecin au monde est une Palestinienne, qui est née et a grandi dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban, dont on imagine à peine la dureté des conditions de vie.

Iqbal Mahmoud Al Assaad est née le 2 février 1993, de père palestinien et de mère libanaise. Elle a terminé le cycle de l’école maternelle en un an, le cycle primaire en deux ans et l’enseignement préparatoire (collège) en deux ans. Après avoir fini ses études secondaires avec excellence à seulement 13 ans, elle a reçu une bourse pour suivre des études de médecine à la Weill Cornell University du Qatar, en 2006. Elle vient de terminer ses études de médecine et s’apprête à suivre une spécialisation en pédiatrie aux États-Unis grâce à une nouvelle bourse qatarie. Quelles que soient les critiques légitimes que nous pouvons adresser au gouvernement qatari pour sa politique d’ingérence inadmissible dans de nombreux pays arabes, nous ne pouvons que saluer le geste civique et humanitaire de Cheikha Mozah qui a octroyé la bourse à la jeune Iqbal.

En effet, ce n’est ni le gouvernement libanais ni l’autorité corrompue de Mahmoud Abbas qui a daigné octroyer une bourse – pourtant tant méritée – à cette élève exceptionnelle. Ce n’est pas non plus un organisme dépendant de l’Union européenne, si prompte à donner des leçons en démocratie et en « émancipation des femmes » dans le monde arabe, qui a fait ce geste remarquable en faveur d’Iqbal.

Il est vrai que les différentes fondations de l’Union européenne sont occupées à déverser leur argent sur les services de l’Autorité palestinienne à Ramallah, pour qu’ils puissent tenir face aux méchants loups du Hamas et à formater les bataillons de cyberactivistes « libéraux » censés sauver le « printemps arabe » du « péril islamiste », pendant que d’autres officines à la solde des puissances occidentales et des pétromonarchies du Golfe financent et arment des groupes djihadistes par ailleurs décriés dans les médias mainstream.

Fait exceptionnel qui mérite d’être relaté, Iqbal a été honorée par le président de la République libanaise Michel Suleiman. Si la belle réussite d’Iqbal a été accueillie avec une fierté méritée par les centaines de milliers de Palestiniens qui vivent dans les camps de réfugiés au Liban, elle ne peut, hélas, nous faire oublier que dans ce pays, les Palestiniens, chassés il y a plus de soixante ans de leur terre par l’armée israélienne, n’ont toujours pas le droit d’exercer légalement certains métiers comme les métiers de médecin, pharmacien ou ingénieur. C’est ainsi qu’on ne compte pas moins de 350 médecins et 80 pharmaciens palestiniens interdits d’exercer au Liban.

Puisse la réussite d’Iqbal attirer l’attention sur ces Palestiniens qui vivent dans une situation d’infra-droit et au-delà sur la situation du peuple palestinien qui continue, soixante après la Nakba, à payer le prix de crimes effroyables qu’il n’a pourtant pas commis. Des crimes qui continuent néanmoins de hanter la mauvaise conscience de l’Europe et qui expliquent en partie sa lâcheté morale et politique quand il s’agit de dénoncer les crimes coloniaux de l’occupant israélien à l’encontre du peuple palestinien.

Mais ce que nous retiendrons de cette belle histoire, c’est qu’une jeune musulmane palestinienne, armée d’intelligence et de foi, a su retrouver dans son élan vital l’esprit authentique de l’islam dont les textes fondateurs vénèrent le Savoir, et dont la Tradition bien comprise n’a pas hésité à faire de l’encre des savants l’égal du sang des martyrs. Certes, l’islam d’aujourd’hui est appelé à se libérer des nombreux carcans dogmatiques et réactionnaires que des pouvoirs, qui craignent ses Lumières, cherchent à perpétuer au prix d’exclusions et de violences inouïes.

La Nahda de Mohammed Abdou et de Jamal Eddine Al Afghani n’a pas résisté aux entreprises de déculturation et de falsification sous les coups conjugués de la colonisation, des féodalités internes et des bourgeoisies compradores, qui ont détourné l’élan libérateur des peuples musulmans vers la solution sans issue de la modernisation autoritaire et superficielle qui a aggravé la déstructuration de la société et engendré en réaction les monstruosités d’un salafisme dévastateur.

Mais les sociétés musulmanes, qui sont actuellement visées dans leur intégrité physique et morale, n’ont pas d’autre choix que de renouer avec le fil interrompu de la Nahda et de se lancer à l’assaut des sciences et des technologies, tant la maîtrise de ces dernières constitue aujourd’hui la véritable clé de l’indépendance nationale et de l’émancipation sociale.

Certes, l’histoire merveilleuse d’Iqbal ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des millions de jeunes obligés d’abandonner les bancs de l’école par un système inique qui les pousse à prendre le chemin de l’exil, s’ils ne veulent pas rejoindre les rangs d’un sous-prolétariat en proie à toutes les tentations. Mais telle une étoile scintillante dans une nuit particulièrement sombre, la réussite d’une jeune comme Iqbal peut aujourd’hui rayonner et servir d’exemple vivant aux millions de jeunes dans le monde arabe dont l’élan débordant d’énergie et de vie cherche parfois à s’investir dans l’instruction comme seule et dernière planche de salut.

En effet, si pour de millions de jeunes issus de milieux pauvres, l’école continue à être perçue avant tout comme un moyen de s’en sortir, le fait remarquable à signaler est qu’à travers des millions d’aventures individuelles, nous assistons à la lente émergence d’une nouvelle classe moyenne dont l’identité sociale se fonde sur l’intelligence, le travail et le service public. C’est cette nouvelle classe moyenne, qui sera appelée à porter plus loin et plus haut les changements, que les mouvements populaires sont en train d’imposer dans le monde arabe et que des pouvoirs établis et d’autres en quête d’établissement, aidés par des puissances étrangères, cherchent à contrarier et à vider de leur substance révolutionnaire.

Puisse le merveilleux parcours d’Iqbal inspirer les millions de jeunes assoiffés de Savoir, un Savoir ouvert sur la quête du Sens, pour reconstruire un nouveau rapport critique au monde, à soi et aux Autres, débarrassé des injustices et des guerres.






Source : oumma.com

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