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28 févr. 2013

Un pontificat inachevé

Au-delà du "courage, de l'humilité, du respect, de la lucidité" associés, par les observateurs, à la renonciation de Benoît XVI, la part d'échec et le sentiment d'inachèvement que comporte ce geste ne doivent pas être occultés. Sur certains sujets, en effet, la décision du pape signe une forme de renoncement.



"PURIFICATION" ET GOUVERNEMENT


Le pape quitte sa charge alors que tous les enseignements de l'affaire "Vatileaks" n'ont pas été tirés. La divulgation de documents confidentiels a mis en lumière un manque de transparence financière dans la gestion vaticane, des divergences, au plus haut niveau, sur la gouvernance de l'Eglise ou le traitement de divers scandales, notamment les affaires de pédophilie. L'enquête interne au Vatican n'a pas livré tous ses secrets et de nouvelles révélations ne sont pas exclues, à Rome.


L'évocation d'un "lobby homosexuel", influent mais soumis à des maîtres chanteurs, a fait, ces derniers jours, son apparition dans les médias italiens. L'entreprise de "purification" enclenchée, bon gré mal gré, par Benoît XVI sur les affaires financières ou sur les scandales de pédophilie n'a visiblement pas pu allerà son terme. Ce qui, au-delà de sa réelle fatigue physique, a sans aucun doute pesé sur sa décision.


Contraint par les instances européennes, qui jugeaient non satisfaisantes les pratiques financières du Vatican en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, le Saint-Siège s'est efforcé de faire le ménage. Mais le nouveau président de la banque du Vatican, l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), un laïc allemand, a été nommé quelques jours à peine avant le départ de Benoît XVI. C'est donc à son successeur qu'il reviendra de lui conférer toute sa légitimité et son autorité.


LES SCANDALES DE PÉDOPHILIE


En partie amené à réfléchir sur ce dossier par les révélations de la justiceirlandaise, Benoît XVI a levé l'omerta traditionnelle de l'Eglise catholique sur les affaires de pédophilie. Il avait auparavant éloigné le fondateur des influents Légionnaires du Christ, le père Martial Maciel, protégé par Jean Paul II malgré plusieurs accusations d'abus sexuels.


En dépit de discours inédits et d'un volontarisme affiché, des résistances perdurent au sein de la hiérarchie catholique, qui ne voit pas toujours d'un bon œil une transparence totale et l'arrivée de la justice civile dans les affaires de l'Eglise. Le cardinal écossais Keith O'Brien, principal ecclésiastique catholique en Grande-Bretagne, a annoncé, le 25 février, sa démission de son poste d'archevêque alors qu'il est soupçonné de "comportement indécent" et a renoncé à participer à la désignation du prochain pape. En revanche, des cardinaux directement impliqués dans la dissimulation d'affaires de ce type seront présents au conclave, sans que des sanctions aient été prises à leur encontre.


Plus globalement, l'incapacité de Benoît XVI à maîtriser les conflits de personnes, à les sanctionner, à corriger les dysfonctionnements au sein de la curie, ainsi que sa fidélité, malgré les critiques, à son numéro deux, Tarcisio Bertone, accentuent l'impression d'un pontificat inachevé, marqué par une forme d'impuissance. Il suffit pour s'en convaincre de relire les propos du pape à la veille de son élection et son jugement sur l'état de l'Eglise, quelques jours avant sa renonciation. Il y a huit ans, il s'inquiétait des "souillures de l'Eglise" ; aujourd'hui, il dénonce encore "le visage défiguré de l'Eglise, les divisions au sein du corps ecclésial, les rivalités".


L'ÉCHEC DE LA RÉINTÉGRATION DES INTÉGRISTES


Le dossier de la réintégration dans l'Eglise des catholiques intégristes, considérés comme schismatiques depuis 1988, constitue, pour Benoît XVI, le plus cuisant des échecs. Il avait pourtant fait de ce rapprochement un marqueur possible de son pontificat. Jusqu'au tout dernier moment, le pape, obsédé par l'unité de l'Eglise, aura maintenu la possibilité pour les membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) d'accepter l'offre de réconciliation mise sur la table par le Vatican.


Après des années de discussions, d'échanges épistolaires et d'atermoiements, le Vatican, dans un dernier ultimatum, demandait une réponse de la FSSPX avant le 22 février. On imaginait mal les responsables de la Fraternité accepter, quelques jours avant le départ de leur meilleur allié au Vatican, un marché qu'ils ont mis un point d'honneur à refuser depuis près de quatre ans.


Le pape laisse à son successeur une curie divisée sur l'opportunité de poursuivreles discussions. Et il n'est pas certain que le prochain pape en fasse, lui, une priorité.


L'ENCYCLIQUE SUR LA FOI NON PUBLIÉE


Sur un plan plus théologique, certains se sont étonnés que le pape quitte ses fonctions sans avoir publié son encyclique sur la foi. Attendu pour le début de l'année 2013, ce troisième volet des encycliques concacrées aux "vertus théologales", après la charité et l'espérance, aurait pu constituer un travail prioritaire pour ce théologien, soucieux de voir les croyants approfondir leur foi. Au même moment, il a pris le temps d'achever le troisième tome de son ensemble personnel sur Jésus, une démarche inédite pour un pape. De même, alors qu'il avait fait de "la nouvelle évangélisation" des sociétés déchristianisées un point central de ses discours, Benoît XVI ne livrera pas son testament sur la question. L'exhortation apostolique attendue après le synode consacré à cette question en octobre 2012 n'a pas été remise aux évêques.


PAS DE CÉRÉMONIE D'ADIEUX


Certains à Rome ont qualifié de "deuil blanc" la situation inédite provoquée par la renonciation du pape. Faute d'un moment solennel de rassemblement que sont habituellement les obsèques du pape, les catholiques n'auront pas eu l'occasion d'en "terminer" avec le pontificat de Benoît XVI, qui a choisi de se retirer sans cérémonie particulière.

Source : Le Monde. 

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