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28 nov. 2012

La plume de Hollande est au CRIF

Normalien passé par Publicis, engagé auprès du Crif, 
Paul Bernard détonne. Ici, derrière le président, lors de la 
commémoration de la rafle du Vél' d'Hiv, le 22 juillet.

Un parcours atypique, un rôle clef, un profil très discret: Paul Bernard est le conseiller qui rédige les discours de François Hollande. Portrait.

Sur Internet, il y a neuf fiches Wikipédia qui portent le nom de Paul Bernard: un footballeur écossais, un sociologue québécois, un professeur de tuba au conservatoire de Paris... Aucune pour un jeune homme de 35 ans, normalien et agrégé de lettres, dont la profession actuelle est de rédiger tous les projets de discours du président François Hollande. Inconnu du grand public, ce conseiller de l'ombre ne va pas s'en plaindre. Il fuit les sirènes médiatiques, n'apparaît presque jamais devant l'objectif des photographes. 

Ce qu'il préfère, c'est prêter ses mots à celui qui est dans la lumière, se couler dans sa pensée. "Il faut prendre le temps de relire les livres et les discours du chef de l'Etat pour saisir sa constance", explique à L'Express Paul Bernard. Le "conseiller chargé des interventions et des études" travaille claquemuré dans son bureau situé dans l'aile ouest de l'Elysée. Il a peu de contacts directs avec le président. 

Finalement, ce sont toujours les discours de François Hollande et de personne d'autre 

De l'ouverture de la conférence sociale à l'anniversaire de la Libération de Paris, de la commémoration du Vél' d'Hiv à celle de la tuerie de Toulouse, du discours sur l'école à celui sur la mutualité française, il est celui qui rédige les premières trames, amendées ensuite par son supérieur hiérarchique, le conseiller politique Aquilino Morelle, puis remodelées par le président lui-même. Paul Bernard planche aussi sur les interviews télévisées et les Légions d'honneur, quand il ne s'occupe pas d'une préface de livre. 

Lors des réceptions au Palais, il écrit des fiches que François Hollande, emporté par son goût pour l'improvisation, ne lira pas forcément. C'est le jeu, il le connaît. Pendant quatre ans, cet intellectuel plutôt timide s'est rodé à l'exercice auprès du maire de Paris, Bertrand Delanoë. Il préparait des prises de parole, des analyses politiques et épluchait les sondages. Aujourd'hui encore, il lui arrive de concocter des notes sur l'état de l'opinion. "Avec Paul Bernard, on a sympathisé pendant la présidentielle", raconte Morelle. 

"Il faut oublier ce qu'on pense"

Les plumes ne ressemblent jamais aux technocrates qui peuplent les cabinets. Et Paul Bernard n'a pas le parcours type d'une plume. En sortant de Normale sup, un DEA sur la littérature de l'époque napoléonienne en poche, il entre chez Publicis comme chargé de mission auprès du magnat de la publicité Maurice Lévy. Il participe pour le compte de l'homme d'affaires à la rédaction du rapport commandé en 2006 par le ministre des Finances Thierry Breton, sur l'"économie de l'immatériel", cosigné avec Jean-Pierre Jouyet. 

Parallèlement, il rejoint le Mouvement juif libéral de France (MJLF), un courant du judaïsme progressiste qui s'est notamment illustré en menant campagne pour l'accès des femmes aux fonctions du culte. Le touche-à-tout a récemment intégré le comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). 

Un engagement qu'il concilie sans difficulté avec son métier: "Il faut oublier ce qu'on pense et ne pas chercher à peser dans le sens de ses propres idées, souligne Paul Bernard. Le but est d'écrire des projets que le président doit pouvoir se réapproprier. Finalement, ce sont toujours les discours de François Hollande et de personne d'autre." De l'art de se faire oublier, au royaume des ego exacerbés qu'est la politique. 

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