INTERVIEW - De nombreux dossiers de victimes du Mediator seraient retoqués par les experts du ministère de la Santé. Une situation qui révolte Irène Frachon, comme elle l’explique à «20 Minutes»...
Celle par qui le scandale est arrivé n’est pas contente. Contactée par 20 Minutes, Irène Frachon, pneumologue du CHU de Brest et auteur du livre Mediator, 150 mg, combien de morts en 2010, revient sur les chiffres publiés ce mercredi parLe Parisien. Des chiffres qui indiquent que 86% des dossiers de victimes présumées du Mediator seraient jugés irrecevables par les experts du ministère de la Santé.
Quelle est votre réaction suite aux chiffres annoncés?
Ces chiffres*, je le connais très bien, puisque je me tiens informée de l’évolution des dossiers. Je suis les victimes… J’ai même fait mes propres statistiques sur une trentaine de dossiers et j’arrive aux mêmes conclusions. Ce qui se passe d'abord c’est que, parmi les gens qui ont envoyé leur dossier, 50% des cas n’avaient rien à voir avec le Mediator.
Et sur les dossiers restant?
Je constate et déplore que l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux) a décidé que les cas les plus minimes ne seraient pas indemnisés. Tout ça parce qu’ils ont peur de perdre en justice contre le laboratoire Servier. Ce dernier conteste tous les dossiers avec des arguments mensongers à tour de bras, pour ne pas avoir à payer les indemnités.
C'est-à-dire?
Une étude des laboratoires Servier montre que les valvulopathies cardiaques«minimes» sont beaucoup plus fréquentes sous Mediator, mais que l’on peut vivre avec. Du coup, il a été décrété qu’il n’y aurait pas d’indemnisation dans ces cas. Pour éviter de se faire retoquer en justice face à Servier, les experts de l’Oniam ont semble-t-il décidé de juger non indemnisables nombre de ces dossiers.
Ce n’est pas ce que prévoyait la loi?
Ce n’est en tout cas pas dans l’esprit de cette loi voulue par Xavier Bertrand. Ce qui avait été imaginé, c’est une indemnisation graduée, qui pourrait aller de la centaine d’euro pour les cas les moins graves à la centaine de milliers d’euros pour les plus graves. Il n'y avait pas de seuil plancher pour qualifier le déficit fonctionnel.
Qu’est ce que c’est un «déficit fonctionnel»?
Eh bien justement, personne n’est d’accord sur la définition de ce terme. Cela peut aller du «préjudice d'angoisse», que je souhaite voir reconnu, jusqu’à des répercussions plus graves. C’est pour ça que je m’insurge et que je ne comprends pas la posture du collège d’experts. Je la trouve délétère et inutile.
Justement, quelles sont les réactions des malades ?
C’est une incompréhension terrible pour les gens dont les dossiers sont retoqués. Et cela assomme également les malades les plus gravement atteints. Tout cela est une insulte faite aux victimes.
Source : 20 Minute.
Source : 20 Minute.
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