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27 mai 2012

Le système de remplacement des professeurs est "arrivé à un point de rupture"

On comprend aisément, à sa lecture, pourquoi il est resté près d'un an dans les tiroirs de la Rue de Grenelle : le rapport de l'inspection générale sur le remplacement des enseignants absents est accablant. C'est l'un des dix-sept rapports "cachés" par l'ancien ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, que son successeur, Vincent Peillon, vient de rendre public, dans un souci de"transparence", a-t-il martelé. Ils ont été mis en ligne vendredi 25 mai sur le site du ministère.

La profession n'est pas forcément plus qu'une autre sujette aux absences. "Les comparaisons peuvent se révéler délicates", se bornent à remarquer les inspecteurs, qui n'avancent aucun chiffre sur ce point. Le problème vient plutôt du fait que, dans l'éducation nationale, le système de remplacement ne fonctionne que pour les absences dites "longues" (congés maternité, d'adoption, de longue maladie, etc.), auxquelles une solution de remplacement est trouvée dans 96 % des cas. En revanche, seules 20 % en moyenne des absences "courtes" - inférieures à quinze jours - sont remplacées. "Le taux de couverture varie selon les académies de 11 % à 27 %", précisent les rapporteurs: "Même dans le meilleur des cas, il reste faible." C'est "le problème majeur", insistent-ils.
Pourquoi? S'il existe un corps de remplaçants - les titulaires sur zone de remplacement (TZR) - dédié aux absences longues, c'est aux chefs d'établissement de trouver des solutions plus ponctuelles pour pallier les absences de courte durée. Pour cela, ils peuvent faire appel à des étudiants. Mais, selon le rapport, ce recours est limité depuis la réforme de la formation des enseignants - la "mastérisation", en 2010 -, qui a restreint les possibilités de faire des stages. Autre solution: distribuer des heures supplémentaires. Donc, toucher d'une certaine manière au "temps de service" des enseignants fixé, depuis 1950, à 18 heures de cours par semaine pour les certifiés (15 heures pour les agrégés).

Les inspecteurs abordent cette question sensible de manière frontale: "Tout le monde s'accorde à dire que les obligations [de service] des enseignants doivent être revues. (...) Cela est de première importance pour résoudre les difficultés du remplacement de courte durée." Il faudrait aussi, selon eux, modifier le temps de présence dans l'établissement: prévoir des permanences régulières et rémunérées - "toujours à tout le moins un enseignant de permanence" dans l'établissement. "Le but serait de rendre des enseignants immédiatement disponibles en cas d'absence d'un de leurs collègues. (...) De cette manière, on peut escompter parvenir à une couverture quasi totale des heures non effectuées pour cause d'absence d'un ou de quelques jours", estiment les rapporteurs.

PRÉCONISATIONS DE BON SENS

Luc Chatel n'était pas allé aussi loin. En mars2010, sous la pression des parents d'élèves de la FCPE revendiquant un "droit aux cours" - au même titre que le droit au logement opposable -, l'ancien ministre avait annoncé un "plan d'urgence"décliné en trois mesures: nommer un "responsable du remplacement" dans chaque établissement et chaque rectorat, faire appel à des retraités et à des étudiants, et mettre un terme au délai de carence de quatorze jours pendant lequel les établissements doivent pallier, seuls, les absences de leurs enseignants.

Les effets de ce plan ont été limités, estiment les rapporteurs. Il faut dire que, dans le même temps, 80 000 postes ont été supprimés en cinq ans, "entraînant une forte baisse du potentiel" de remplacement, écrivent les inspecteurs. Ils rappellent que, pour la seule année 2009, "3 000 postes de TZR ont été supprimés", et relèvent un "système arrivé à un point de rupture".

L'inspection générale avance, elle, non pas trois mais trente préconisations. Certaines, presque de bon sens, pourraient prêter à sourire si elles n'étaient révélatrices de l'état de confusion du système. Ainsi est-il recommandé de"proscrire les stages de formation" durant le "pic hivernal" des absences, entre décembre et février, ces stages ne faisant qu'accroître le nombre d'absences non remplacées. Ou encore de "recenser toutes les absences quelle qu'en soit la nature". Puisque, vraisemblablement, le calcul est mal fait. Les inspecteurs pointent des "biais" amenant à sous-estimer les absences des enseignants. Ainsi, ne sont comptabilisés que les congés maladie. Les congés formation sont, eux, exclus du recensement, tout comme les "autorisations exceptionnelles d'absence"(liées au décès d'un proche, à un mariage...). Il y aurait donc eu, en 2009-2010, bien plus que 5,6 millions de journées d'absence à l'école primaire et plus de 12 millions d'heures dans le second degré.

Sur la question du remplacement comme sur d'autres, les syndicats d'enseignants attendent beaucoup du nouveau ministre. Et, d'abord, des données fiables et transparentes. Mais sont-ils prêts à revoir leur temps de travail? Le sujet sera abordé en juillet, lors de la phase de concertation prévue par Vincent Peillon, en préalable à l'élaboration de la loi d'orientation pour l'école.

auteur : Mattea Battaglia et Aurélie Collas

Fenetre 1

C'est le cheval de bataille de la FCPE : pour faire respecter "le droit au remplacement"des enseignants absents, la principale fédération de parents d'élèves s'appuie, depuis la rentrée 2009, sur un logiciel de signalement des heures de cours perdues, appelé "Ouyapacours". La plate-forme a reçu près de 18 000 signalements anonymes en 2010-2011 de la part de parents, mais aussi d'élèves, de professeurs "et même de quelques chefs d'établissement", précise Jean-Jacques Hazan, le président de la fédération. Seule celle-ci a accès à ces informations qui, dit-elle, lui servent de base"pour revendiquer postes et remplacements pérennes au sein de l'éducation nationale".

source : lemonde.fr

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