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29 mai 2012

La France perdra encore plus d’un million d’emplois ces 5 prochaines années

Le ministre du Redressement Productif a une mission absolument capitale. Réanimer l'industrie française, réindustrialiser le pays et relancer la machine à fabriquer des emplois.

Si le challenge est de taille, Montebourg va très vite se confronter à des réalités bien plus insurmontables encore.

Absolument rien dans le pays ne pourrait permettre une telle relance même à moyen terme, une relance qui demande une dynamique politique et une énergie jamais dépensée, bien au delà de ce qui a pu exister après la seconde guerre mondiale.

La puissance destructrice des diverses crises que nous subissons en même temps (crise bancaire, crise des crédits, crise de l'endettement, crise sociale, crise des matières premières, crise énergétique), est telle qu'elle va continuer avec force d'amplifier le mouvement de décroissance (d'ailleurs paradoxalement tant rêvé par notre ministre), ajoutant toujours de nouveaux problèmes aux problèmes déjà existants, et cette décroissance non désirée sera effectivement subie avec ce que j'appelle une "tendre violence socio-économique", tant elle détruit lentement, petit à petit, mais elle finira par détruire l'essentiel.

La situation française peut se résumer au travers de quelques indicateurs très éloquents.

- Les porteurs de projets sont rares dans la petite ou la grande industrie.

- Les entrepreneurs industriels sont quasiment inexistants dans le pays.

- Les investisseurs privés sont presque impossibles à convaincre.

- Les banques ne prêtent plus un euro depuis bien longtemps maintenant, et les conditions d'accès au financement sont répulsives.

- Les coûts de production au niveau local sont bien au delà du raisonnable, loin des réalités économiques internationales, incompressibles et ne laisseraient aucune chance à la pérennité d'une implantation au delà de 3 années.

- Le marché du travail n'est pas assez flexible, les contraintes employeur bien trop grandes.

Surtout, les besoins sont comblés, et ça, c'est quelque chose qu'il faut bien intégrer à un moment, et qui est complètement occulté dans les discussions. Ce que je veux expliquer, c'est que la France n'est pas réellement dans une situation de "besoin industriel", les réseaux d'approvisionnements fonctionnent très bien dans tous les domaines, les flux de marchandises arrivent de tous les coins du monde, il n'y a quasiment rien qu'on ait besoin de faire fabriquer en France dans les années à venir, qui n'est pas déjà fabriqué ailleurs, moins cher.

Techniquement, en pratique, même si nous construisions des usines demain dans le cadre d'un plan de réindustrialisation séduisant et financièrement attractif, rien ne dit qu'on ne continuerait pas à importer massivement et moins cher, condamnant toutes ces PMI à leur triste sort, leurs investisseurs et salariés également.

Pour sortir fièrement et volontairement du trou que nous avons peu à peu creusé avec l'aide de nos éminents dirigeants ces 40 dernières années, les mesures à prendre seraient d'une incorrection politique totale, et surtout absolument incompatibles avec, soit les promesses du Président Hollande, soit la culture socialiste de nos actuels dirigeants.

Même Sarkozy n'est pas parvenu en cinq années à mettre en oeuvre un chouïa de ce qu'il convenait de faire, et certaines de ses rares excellentes mesures (comme l'exonération des heures supplémentaires par exemple) n'ont même pas survécu quatre années.

- Libéralisation et flexibilité du marché du travail, par un retour aux 44 heures légales, sans obligation au delà de 35 heures, tout se faisant sur la base du volontariat.

- Emploi des chômeurs dans les entreprises, pourquoi pas au coût de la collectivité dans un premier temps et dans le cadre d'un plan national de relance très courageux.

- Travail le dimanche optionnel mais rendu possible légalement, l'employeur ne pouvant pas contraindre, chacun restant libre.

- Exonération intégrale des charges de tous les employés âgés de moins de 26 ans, ou de plus de 52 ans.

- Exonération des charges patronales sur tous les emplois à temps plein, créés dans les deux années à venir.

- Création d'un "contrat unique d'embauche", simplifié, et à durée indéterminée par défaut.

- Limiter le pouvoir de blocage par des syndicats sous-représentatifs, mais augmenter leur pouvoir de discussion social, intra-entreprise, la condition du salarié en France étant assurée par la législation du travail, le travailleur français profite déjà de ce qui se fait de mieux dans le monde, on en voit d'ailleurs à quel prix.

Même si toutes ces mesures étaient prises dans les trois prochains mois, cela ne suffirait pas à faire fléchir la tendance économique baissière du pays, il faudrait encore d'autres mesures nationales, plus larges.

- Séparation de la banque "du grand public" et de la banque "des entreprises", afin de créer un réseau de banques destinées uniquement aux PME et entreprises, avec des spécialistes issus des métiers.

- Création d'une banque nationale publique, très bien approvisionnée, destinée au financement des projets d'entreprises, concurrente assumée des banques privées.

- Déploiement de cellules de médiations du crédit avec de véritables moyens légaux pour contraindre les banques à faire leur travail et rien que leur travail, à savoir prêter de l'argent pour le développement économique, à chaque fois que les projets présentent des contres garanties suffisantes et un potentiel indiscutable quel qu'il soit (potentiel social et économique).

- Limitation drastique mais progressive de tout ce qui est importé actuellement, mais qui pourra être produit localement.

Et tout cela ne concerne que la France. Je n'ouvre même pas le sujet au plan européen.

Pour que la France cesse de perdre un peu moins de 20000 emplois par mois (en moyenne sur les dernières années), et alors que la crise socio-économique n'en est qu'à ses débuts et va s'étendre sur plus de dix années encore au moins, je ne vois aucune autre alternative que la mise en place groupée de toutes les mesures que je viens d'énumérer, et je me garde bien d'en évoquer d'autres encore plus audacieuses, les populations n'étant pas encore prêtes à les entendre.

Vous l'avez compris, à peu près rien de ce qu'il est nécessaire de mettre en oeuvre à mon sens ne sera fait, et donc la France continuera à s'enfoncer dans une spirale dont on ne voit pas la fin, emportée dans sa tourmente européenne, mais aussi mondiale, et perdra encore plus d'un million d'emplois dans les cinq années à venir, très lentement, tout tranquillement.

En signe d'espoir, anticipons qu'au moins, dans le même temps, on sera parvenu à construire des centaines de milliers d'emplois précaires, ce qui estompera les dommages sociaux, et limitera la casse.


source : agoravox.fr

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