Alors que les salariés de l'entreprise de ferries jugent "pas faisable" le projet du gouvernement visant à financer une Scop avec leurs indemnités de licenciement, le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, se dit prêt à leur proposer un reclassement en cas d'échec de la reprise de SeaFrance.
"On ne refuse pas l'offre de Sarkozy, on le remercie même, mais on dit que ce n'est techniquement pas faisable". L'argument de Didier Cappelle, secrétaire général CFDT de SeaFrance et l'un des partisans du projet de Scop destiné à reprendre l'entreprise, donne la mesure du malaise suscité au sein des salariés par le projet gouvernemental. Racheter la compagnie de ferries en Manche... avec des indemnités de licenciement ? Il faudrait donc, pour cela, que des salariés ayant perdu leur emploi renoncent tous purement et simplement à ces indemnités pour se lancer collectivement dans un projet industriel. Tous y seraient-ils prêts, quand il serait plus simple pour certains de retrouver un emploi ailleurs ? Au final, ceux qui se lanceraient ne seraient-ils pas justement ceux qui s'estimeraient incapables de se reclasser ailleurs ?
Ce refus poli a été étayé à travers une lettre ouverte, dans laquelle les leaders de la CFDT, qui défendent pourtant le projet de la Scop, ont recensé toute une série d'obstacles juridiques, commerciaux et techniques. Ils jugent donc que la solution esquissée lundi par le président de la République "ne peut être envisagée en raison de l'insécurité juridique qu'elle engendre". Retour à la case départ, et nouvel appel du syndicat à Nicolas Sarkozy : "Etant donné que ce qu'il a proposé n'est pas possible, on lui demande de faire une table ronde pour qu'il puisse sauver les emplois" en urgence. Les défenseurs de la Scop affirment toutefois que "des solutions existent" pour financer leur projet, par le biais d'un prêt remboursé en vendant un navire à une société d'économie mixte. A l'opposé, dans la solution proposée par le gouvernement, qui passe par une liquidation et un licenciement des salariés, "s'il y a liquidation, la SNCF ne pourra peut-être pas racheter les navires qui seront vendus aux enchères".
Le temps presse
Intervenant dans ce dossier, François Hollande a dit "comprendre" la réaction de la CFDT : "Comment demander à des familles des salariés de mettre leurs indemnités de licenciement, fussent-elles abondées par une prime (...) pour devenir exploitants d'une entreprise dont ils n'auraient en définitive aucun actif en pleine propriété ?". Le ministre des Transports Thierry Mariani a au contraire fustigé "une très grosse impréparation" de la CFDT. "Ce que le gouvernement propose, c'est ce que les syndicats demandaient il y a trois semaines. On ne peut pas avoir sans cesse un partenaire qui change de position", a-t-il dit sur BFMTV.
Mais un autre intervenant est venu à son tour se mêler au dossier mercredi soir, compliquant sans doute un peu plus la donne pour les salariés : le patron de la SNCF, Guillaume Pepy. Il s'est dit prêt à proposer un reclassement dans l'entreprise à "l'ensemble des salariés" de SeaFrance en cas d'échec du projet de reprise de la Scop porté par la CFDT. Selon lui, les 880 salariés de SeaFrance menacés de perdre leur emploi pourraient retrouver une place à la SNCF "sans une journée de chômage". Un bémol toutefois : seul "un petit nombre" de salariés pourraient retrouver un emploi "sur place". En outre, les emplois proposés ne seraient "pas dans les mêmes métiers". Des conditions qui font déjà grincer des dents du côté des représentants des salariés.
Le temps presse : le dossier de la Scop, pour laquelle il manque 50 millions d'euros, doit être rendu vendredi soir, avant une ultime audience lundi devant le tribunal de commerce de Paris. Que va faireNicolas Sarkozy ? Le chef de l'Etat, qui suit de très près la question de l'emploi et des restructurations à trois mois de la présidentielle, avait déjà pris tout le monde de court lundi en décidant d'aider lesSeaFrance, alors que ses ministres étaient peu optimistes. Le président a demandé à la SNCF d'apporter son aide en versant des indemnités exceptionnelles aux salariés pour leur permettre de les réinjecter dans la coopérative. Il a par ailleurs proposé que la SNCF rachète les bateaux afin de les relouer par la suite pour une somme modique à la Scop, seule offre en lice pour reprendre la compagnie. En préalable à ces mesures, le chef de l'Etat jugeait toutefois "inéluctable" la liquidation définitive deSeaFrance.
Source: TF1.fr
1 commentaire:
joli blog , bon travail
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