Blogger Tips and TricksLatest Tips And TricksBlogger Tricks

8 janv. 2012

« L’oligarchie des incapables » vs « la France est un pays plutôt vertueux »

Je suis client pour le livre! Bien sur c’est surtout dénoncer ce qui est déjà connu, mettre en avant des faits avérés depuis longtemps, mais comme un rappel est toujours le bienvenu… Seul bémol, ce rappel là est payant…



« L’oligarchie des incapables », le livre de Sophie Coignard et Romain Gubert, dresse le tableau peu reluisant de cette oligarchie française « fossilisée », symptomatique (et responsable) d’une véritable déliquescence démocratique.

S’il en fallait un pour défendre l’oligarchisme à la française, ce ne pouvait être qu’Alain Minc… Pour cet essayiste, proche conseiller de Nicolas Sarkozy et désormais président des autoroutes Sanef [1], « la France est un pays plutôt vertueux », en comparaison des Etats-Unis, de l’Italie, de la Grande-Bretagne, etc. C’est ce qu’il explique à Patrick Bonazza dans Le Point [2].

Extrait :

« Le Point : Que pensez-vous du livre de Romain Gubert et Sophie Coignard ?
Alain Minc : C’est un livre qui exprime un populisme talentueux. Il aurait beaucoup gagné à décrire comment se comportent les élites dans d’autres pays. Par exemple, comment aux États-Unis le lobbying peut être destructeur. Comment dans ce pays, grâce à l’entremise d’un vice-président, Dick Cheney en l’occurrence, la firme Halliburton a obtenu sans appel d’offres les marchés de l’armée américaine en Irak. Les États-Unis sont aussi ce pays où la Cour suprême a supprimé toute limite au financement des partis politiques. J’aurais eu plaisir à lire aussi que, en Grande-Bretagne, la « mère de la démocratie », la Chambre des lords est affermée aux donateurs des deux grands partis. Ou qu’en Allemagne la carrière de Helmut Kohl s’est conclue par un immense scandale. Et je passe sur l’Italie. En comparaison, la France est un pays plutôt vertueux. J’ajouterai que l’analyse de nos deux rédacteurs sur les élites médiatiques est un peu faiblarde. J’aurais volontiers ajouté un chapitre à leur livre sur les drôles de moeurs de la tribu journalistique. »

Alain Minc a raison sur un point (il n’a pas tort non plus sur les moeurs de la tribu journalistique… [3]) : le comportement des élites dans les pays qu’il cite, est pour le moins condamnable et détestable. Mais de là à en déduire que les élites françaises seraient plutôt vertueuses en comparaison, c’est vraiment se foutre du monde (de là à en déduire que Minc est un expert quand il s’agit de se foutre du monde…).

D’ailleurs, pour se convaincre de l’hypocrisie de Minc, il n’est pas inutile de lire cet extrait de la présentation du livre par François de Closets [4] :

« Sophie Coignard et Romain Gubert ne dissertent pas. D’une histoire à la suivante, ils décrivent, ils racontent et nous offrent une traversée assez ahurissante de la haute société française. À nous d’en tirer les conclusions. Ce petit monde vit en vase clos, se retrouve dans les mêmes cercles, les mêmes clubs ou sur les mêmes coups. Public-privé, gauche-droite, les frontières s’estompent. Il s’agit d’abord d’occuper les places et de faire fortune. Car la cupidité est reine. Les uns cumulent les mandats et les charges, empilent les salaires, les autres ajoutent de généreuses rémunérations à une retraite dorée, voici les parlementaires qui se font avocats, les avocats qui se font agents d’influence. Avec, en prime, l’argent public toujours disponible pour faire des affaires. L’oligarchie défend ses privilèges en refusant la disparition des grands corps de l’Ena, en s’opposant à la taxation des oeuvres d’art, elle assure son impunité en étendant le secret-défense, en réduisant le pôle financier de la justice et en retardant le jugement de certaines affaires. Les fautes ne sont jamais sanctionnées et l’incompétence se voit toujours récompensée par un recasement, un parachute doré ou une retraite royale. »

L’article donne également un aperçu, plus que parlant, des façons de faire du petit monde oligarchique français. Vous pourrez y lire des extraits du livre qui épinglent ces quelques individus :

Quand Schweitzer fait la quête
Erik Orsenna, n’oubliez pas l’artiste…
Dov Zerah, l’énarque de Neuilly
Henri de Castries assure… pour lui
À la santé de Jean Marimbert
Bienveillant Jean-Claude Marin
Les folies de Richard
Philippe Marini, businessman, avocat et… sénateur

Si la cupidité était une vertu, alors on pourrait dire que cette caste est très vertueuse…

[1] Challenges – Alain Minc nommé patron des autoroutes Sanef – 14/12/2011 : « L’économiste français Alain Minc, un des proches conseillers du président Nicolas Sarkozy, a été nommé président des autoroutes Sanef, a annoncé mercredi 14 décembre le groupe espagnol d’infrastructures et de services Abertis, maison mère de Sanef.

« Le conseil d’aministration de Sanef, filiale française d’Abertis, a donné aujourd’hui son feu vert à la nomination d’Alain Minc comme nouveau président de la société, en remplacement de Pierre Chassigneux, qui prendra sa retraite après avoir occupé ce poste depuis 2003″, a précisé le groupe dans un communiqué.

Alain Minc est déjà présent au conseil d’administration de deux entreprises espagnoles, la banque catalane CaixaBank et le groupe de médias Prisa, qui édite notamment le quotidien El Pais.

Sanef (société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France), qui exploite 1.757 km de voies -dont les autoroutes du réseau Paris-Normandie (SAPN)-, appartient à Abertis depuis sa privatisation en 2006. La société a réalisé un chiffre d’affaires de 1,47 milliard d’euros en 2010 et emploi 3.600 collaborateurs. »

[2] Le Point – Alain Minc : « La France est un pays plutôt vertueux » – 06/01/2012

[3] 20 minutes – Vous avez interviewé Romain Gubert pour son livre « L’oligarchie des incapables » – 05/01/2012 : « Nous avons un chapitre “Des medias si gentils” qui aborde ce point particulier. Mais vous avez raison : certains journalistes perdent le sens de ce qui fait le sel de ce métier, l’indépendance, et préfèrent la connivence avec les politiques ou les responsables d’entreprise. Mais à mon sens, le principal problème réside dans le fait que, contrairement à ce qui se passe ailleurs, les médias appartiennent souvent à de grands groupes industriels et n’ont pas les moyens de laisser leurs journalistes travailler pendant plusieurs semaines sur des enquêtes. Or, le temps est la chose la plus importante pour pouvoir faire de l’investigation. Avons-nous été inquiétés au Point ? Non. Pas du tout. Ce journal est en bonne santé financière, ce qui permet de travailler sérieusement et dans de bonnes conditions. (…) »

[4] Le Point – Les secrets inavouables de la caste – 06/01/2012
Source: Agoravox.tv



Aucun commentaire: