La question était d'importance et il a fallu un décret du roi Abdallah pour la trancher. Les femmes saoudiennes pourront désormais avoir à faire à des vendeuses - et non plus à des hommes - dans les magasins de lingerie du royaume. Le décret, qui autorise les femmes à travailler dans les magasins de dessous féminins, interdit par la même occasion aux hommes de le faire.
Ce n'est pas forcément un grand progrès pour la mixité, mais les Saoudiennes réclamaient avec insistance cette réforme, pour d'évidentes raisons de bienséance. L'emploi exclusif d'hommes dans les boutiques de lingerie, évidemment dépourvues de cabines d'essayage, était l'un des paradoxes de l'Arabie saoudite, où la ségrégation des sexes est strictement organisée dans l'espace public.
Plusieurs activistes saoudiennes avaient mené campagne ces derniers mois sur Internet pour obtenir cette mesure, déjà bloquée il y a trois ans à cause de l'hostilité des milieux religieux conservateurs. Le mufti d'Arabie saoudite, le cheikh Abdel Aziz Al-Cheikh, avait encore jugé dans son sermon du vendredi 30 décembre cette réforme contraire à l'islam, dans la mesure où les vendeuses pourraient être "en contact" avec les gérants masculins des magasins et où les femmes ne sont pas censées "vendre et compter l'argent".
Le monarque est passé outre. Les Saoudiennes peuvent déjà travailler comme caissières dans les supermarchés ou aux guichets (non mixtes) des banques. Le décret royal s'appliquera également, d'ici à juillet, aux boutiques de cosmétiques dont raffolent aussi les consommatrices saoudiennes.
Surtout, il va se traduire par la création de 44 000 emplois pour les Saoudiennes, de plus en plus désireuses de travailler. Et, du même coup, par le licenciement d'un nombre équivalent de travailleurs immigrés masculins, essentiellement asiatiques, occupant jusqu'à présent ces emplois.
Le roi Abdallah, conscient que les revenus du pétrole ne sont pas éternels, encourage l'éducation supérieure des femmes et leur entrée sur le marché de l'emploi.
Cette réforme ne peut que reposer le problème d'une autre mesure, plus controversée, celle qui autoriserait les femmes à conduire un véhicule. L'Arabie saoudite est le seul pays du monde arabe où la gent féminine n'a pas le droit de prendre le volant. Plus les Saoudiennes travailleront, plus la question du transport sur leur lieu de travail se posera.
Plusieurs activistes féministes ont lancé une campagne en juin 2011, à la faveur du "printemps arabe", en se filmant en train de conduire et en postant leurs vidéos sur YouTube. Mais, pour le moment, l'establishment wahhabite a réussi à bloquer cette réforme. A l'automne, un dignitaire religieux avait même assuré que la présence de femmes au volant scellerait "la fin de la virginité".
lemonde.fr
1 commentaire:
j'aime,joli blog
bon continuation
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