Communiqué de l’Union des Français juifs
Le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, a affirmé le 15 janvier dans un entretien au quotidien Sud Ouestque les « valeurs du judaïsme sont incompatibles avec celles du Front National ».
Interrogé par le journal régional sur les efforts de Marine Le Pen pour s’adresser à l’électorat juif dans l’optique des prochaines échéances électorales, M. Bernheim a également ajouté : « Et quel que soit le positionnement de Marine Le Pen aux côtés d’Israël, cela ne changera rien ».
Nous ne remettons évidemment pas en cause la légitimité du Grand rabbin à s’exprimer sur les valeurs juives, mais nous ne pensons pas qu’il est dans son rôle lorsqu’il effectue un commentaire sur un parti politique républicain, ou sur l’un de ses leaders.
Nous pensons qu’au pays de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, le rôle d’un responsable religieux est clairement identifié, et que la prise d’une position tranchée dans le débat politique public n’en fait pas partie.
Nous souhaiterions rappeler à M. le Grand rabbin Bernheim que l’un des grands problèmes auxquels notre société est confrontée est non seulement la misère sociale, mais aussi la misère morale, et la crise de l’identité consécutive à une perte de repères des religions chrétienne et juive, face à la montée en puissance de l’extrémisme islamiste.
Nous pensons que M. le Grand rabbin Bernheim ferait mieux de se préoccuper des moyens de se rapprocher de ses ouailles et de leurs inquiétudes quotidiennes, morales et spirituelles. C’est probablement à leurs côtés qu’il se rendrait le plus utile.
Non seulement ses prises de position dédaigneuses sur le Front National n’empêcheront pas des Français juifs de voter pour Marine Le Pen, mais elles risquent de renforcer le sentiment communautaire à un moment où il serait préférable de souligner la remarquable assimilation des juifs dans la société française.
Nous pensons que dans la crise de civilisation qui s’annonce, le Grand rabbin ne peut pas se permettre de tirer contre son propre camp, comme le font aussi, malheureusement, bien trop d’évêques français. Ceux qui ont manifesté à Paris le 16 septembre 2011 aux cris de « Mort aux juifs » n’étaient ni des membres du Front National, ni des partisans de Marine Le Pen.
« Se tromper d’ennemi est un luxe que les juifs ne peuvent pas se permettre, et nous espérons que, comme nous tous, M. le Grand Rabbin, vous ne l’avez pas oublié. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire