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12 déc. 2011

A Saint-Denis, musique contemporaine et rires garantis à tous les étages

Palais de musique, labyrinthe de voix et d'instruments, loft sonore géant" : c'est ainsi que le compositeur Nicolas Frize, un habitué des projets musicaux fous et hors les murs, présente le lieu d'un mini-festival qu'il a intitulé... Soufflé ! 
Au 15, rue Catulienne, à deux pas de la station de RER de Saint-Denis (93) et du Théâtre Gérard-Philipe, dans un quartier en pleins travaux, c'est un immeuble de 5 000 m2répartis sur cinq étages. Des ateliers, salles de musique et autres locaux accueillent, d'ordinaire, associations, école de musique, et même un poste de police dont le chef, pour l'occasion, a laissé son bureau aux musiciens qui, pendant deux soirées, offrent un "concert permanent à tous les étages". Des gélatines astucieusement placées sur les néons au plafond donnent au bâtiment une âme mystérieusement colorée : entre Eyes Wide Shut, de Stanley Kubrick, et les variations lumineuses des hôtels-boutiques du moment.

Mais l'ambiance est bon enfant et l'assistance mobile de cet événement, nombreuse, a la même physionomie, plurielle et partiellement colorée, que celle des habitants du quartier et non d'un public chic venu de Paris pour la soirée. Beaucoup d'enfants, d'adolescents, des bobos aussi, mais un "vrai" public, de Saint-Denis essentiellement, pour ce que l'on a pu en juger, se croise dans les escaliers et les corridors.


Chaque niveau accueille un type d'expression sonore, illustrée en de nombreuses chambres de musique : Au 1er : "Les silencieux" ; au 2e : "Les méticuleux" ; au 3e : "Les immobiles" ; au 4e : "Les Rebondis" ; au 5e : "Les énervés". Cet étage supérieur est celui des performances un peu dingues : une chanteuse fait crouler l'assistance de rire en incarnant une action scénique du percussionniste Jean-Pierre Drouet armée d'un maillet et d'un bol. On ne racontera pas la mini-épopée sinon en indiquant qu'on y casse des oeufs.

RÉVEILLER LE RÉPERTOIRE

Pas loin, une autre chanteuse, devant les quelques sièges d'un petit local, joue une sorte de prolongement à La Voix humaine, de Poulenc et Cocteau, en vocalisant devant trois téléphones qui ne cessent de sonner... A un étage de distance, "Les rebondis", un percussionniste joue une pièce virtuose de Xenakis.

On s'amuse à gravir les marches, à s'arrêter devant des installations intrigantes, à s'asseoir quelques instants devant des vidéos au charme abscons mais irrésistible. Les parois murales laissent passer, transpirer les sons, les applaudissements d'à côté. Une passacaille pour clavecin de Ligeti laisse la place à une pièce pour quatre contrebasses, jouées par de jeunes instrumentistes des conservatoires de la région qui se sont associés à ce projet amusant et instructif qui se propose, selon Frize, "de réveiller le répertoire contemporain".

Le menu sonore est exclusivement constitué de pièces commandées (à Jean-Pierre Drouet, Michel Musseau, Nicolas Frize, Pablo Cueco, François Sarhan, Sylvain Lemêtre et Sylvain Leclerc) ou des XXe et XXIe siècles. La présentation écrite des oeuvres est gouleyante à souhait. Ainsi, Jean-Pierre Drouet, maître pince-sans-rire, s'exprimant dans l'énorme programme coloré remis gratuitement au public : "L'artiste expose avec le plus grand soin quelques bases de la mise en oeuvre de son instrument. La démonstration est si méticuleuse que, quand tout est prêt, il est trop tard pour jouer la pièce, mais l'essentiel a été dit." Oui, c'est frappé, mais soufflant, et remarquablement organisé, avec l'aide de tous, jusqu'à la concierge du bâtiment... Et qu'est-ce qu'on s'est amusé !

Soufflé !

Par un collectif d'artistes et compositeurs, Nicolas Frize (direction artistique), le 9 décembre. Prochain concert : le 10 décembre de 18 heures à 23 heures. Séances complètes à 18 heures et 20 h 30. Entrée par le 15, rue Catulienne, Saint-Denis (93). Entrée libre.

LeMonde.fr

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