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4 déc. 2011

Législatives en Russie: le parti de Poutine en perte de vitesse, selon les premiers résultats partiels

MOSCOU (AP) — Le mécontentement populaire croissant à l'égard du parti de Vladimir Poutine semble s'être traduit dans les urnes à l'occasion des législatives de dimanche en Russie. A trois mois tout juste de la présidentielle, Russie unie obtiendrait moins de 50% des suffrages, contre un peu plus de 64% il y a quatre ans, selon deux sondages sortie des urnes cités par des télévisions et les premiers résultats partiels. D'après l'un des sondages, réalisé par l'agence VTsIOM, la formation de Vladimir Poutine recueillerait 48,5% tandis que l'autre, effectué par l'institut FOM, indique que Russie unie remporterait ait 46% des voix. Les premiers résultats officiels diffusés après le dépouillement de 15% des bulletins de vote montrent aussi que le parti de Poutine obtiendrait environ 46%, alors que des formations rivales et plusieurs observateurs ont fait état d'irrégularités importantes dans le déroulement du vote.

Il s'agirait d'une chute importante pour la formation du Premier ministre à trois mois de la présidentielle. Il y a quatre ans, Russie unie avait décroché 315 des 450 sièges de la Douma, la chambre basse du Parlement, grâce à un peu plus de 64% des voix.

Le Parti communiste (57 élus dans la Douma sortante) pointerait quant à lui en deuxième position, avec près de 20% des suffrages, selon les sondages. Il bénéficierait ainsi d'un vote de protestation à l'issue de ces législatives auxquels étaient appelés à participer environ 110 millions d'électeurs.

Vladimir Poutine s'apprête à briguer de nouveau la présidence le 4 mars pour succéder à son protégé Dmitri Medvedev. Mais après plus d'une décennie de domination politique, le style de l'ex-chef d'Etat et actuel Premier ministre, symbole d'une dérive autocratique de l'exercice du pouvoir, semble susciter un mécontentement populaire croissant. La corruption officielle et le fossé entre les citoyens "ordinaires" et les très riches provoquent aussi l'insatisfaction. Considéré comme un outil de répression de l'opposition et la représentation d'une bureaucratie corrompue, Russie unie est souvent accusé d'être le "parti des escrocs et des voleurs".

Un bon score de la formation serait cependant précieux pour Vladimir Poutine qui entend reprendre les rênes du pays après ses deux mandats à la tête de la Fédération entre 2000 et 2008.

A la veille de la journée du "silence" électoral, il a averti vendredi, à l'instar du président Dmitri Medvedev, que trop de diversité politiques à la chambre basse du Parlement conduirait à l'instabilité et à la paralysie. Avant le vote, il a par ailleurs accusé des gouvernements occidentaux de vouloir influencer le cours des élections. La seule organisation indépendante de suivi des élections, Golos ("vote"), qui reçoit des fonds européens et américains, a subi de fortes pressions officielles durant la semaine qui a précédé le vote.

Son site web ne fonctionnait pas dimanche, tout comme celui de la radio indépendante "Echo de Moscou". Tous deux ont invoqué des actes de piratage informatique. "L'attaque contre le site, un jour d'élection, est évidemment liée aux tentatives de s'immiscer dans la diffusion d'informations sur les violations", a estimé sur Twitter le rédacteur en chef de la radio, Alexeï Venediktov.

Seuls sept partis ont été autorisés cette année à présenter des candidats, les formations d'opposition les plus virulentes n'ayant pu s'inscrire pour le scrutin.

Dimanche, le Parti communiste ainsi que la formation Iabloko se sont plaints de violations électorales visant à favoriser Russie unie. Selon le chef de file des communistes Guennadi Ziouganov, les observateurs de son parti ont déjoué une tentative de bourrage des urnes dans un bureau de vote de Moscou. Ils auraient découvert 300 bulletins déjà présents dans l'urne avant le début du vote.

Il a précisé que des incidents du même type avaient été signalés dans plusieurs bureaux de vote de la capitale, Rostov-sur-le-Don et de nombreuses régions. A Krasnodar (sud), des personnes non identifiées se faisant passer pour des observateurs du parti communiste se sont présentées à des bureaux où les vrais observateurs n'ont pas été autorisés à entrer, a encore expliqué M. Ziouganov.

A Vladivostok (Extrême-Orient russe), des électeurs se sont plaints auprès de la police que Russie unie proposait de la nourriture gratuite en échange de promesses de vote pour le parti. Et à Saint-Pétersbourg, un photographe de l'Associated Press a vu un emblème de la formation de Poutine collé sur le rideau d'un isoloir.

Selon Golos, des observateurs et des membres de partis d'opposition ont été empêchés à Samara, sur la Volga, de vérifier l'état des scellés des urnes dans tous les bureaux de vote.

Nombre des violations concernaient des votes par correspondance, a aussi rapporté la directrice de l'organisation, Lilia Chibanova, qui avait été contrainte vendredi de remettre son ordinateur portable aux forces de sécurité après avoir été retenue une douzaine d'heures dans un aéroport. L'ambassadeur des Etats-Unis en Russie John Beyrle dit avoir appelé samedi Golos pour exprimer son "soutien".

Quelques dizaines de militants du Front de gauche (opposition) ont tenté dimanche d'organiser une manifestation devant la Place rouge à Moscou avant d'être rapidement dispersés par la police. Une dizaine d'entre eux ont été interpellés.

Un plus plus tard dans la soirée, la police a annoncé l'interpellation de plus de 100 autres manifestants de l'opposition dans la capitale et d'environ 70 à Saint-Pétersbourg, à la suite d'une tentative de rassemblement qui n'avait pas reçu le feu vert des autorités.

A Bryansk (ouest), un inconnu a jeté une bombe incendiaire dans la vitre du bureau local de Russie unie, sans faire de blessé. Les flammes ont été rapidement éteintes, d'après la police. AP

Le Nouvel Observateur

Publié le 04-12-11 à 20:30 Modifié à 20:50

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