« Qui sème le vent récolte le tempête » dit la sagesse populaire. Néanmoins, force est d’observer que les résultats du pilonnage intensif de la Libye par les forces de l’OTAN ne sont pas véritablement ceux escomptés.
Aujourd’hui, la nature impérialiste de l’agression militaire contre un Etat souverain (soumis à de très fortes tensions internes) orchestrée par le champion de la Francafrique 2.0, Nicolas Sarkozy, n’a même plus besoin de revêtir ses oripeaux libérateurs et démocratiques : l’assassinat d’un chef d’Etat, les massacres de civils innocents et le chaos dans lequel la Libye a été plongée pendant plusieurs mois ont vite fait de montrer le caractère absolument odieux de « l’intervention ciblée » (pirouette médiatique habituelle pour parler de la guerre en Libye) qui s’est révélée être aux yeux de nombreux observateurs un pilonnage visant à mettre au pas un Etat et un régime devenu gênant.
Les véritables raisons de l’agression n’en apparaissent que plus clairement ; en effet, l’hypocrisie occidentale, qui se veut encore manifestement le phare qui montrera aux pays « différents » la voie à suivre pour être un parfait clone, ou plutôt disciple, des démocraties libérales (qui ne connaissent que l’abondance et la joie de vivre, comme chacun sait) ne peut plus se dissimuler derrière sa façade faites de « bonnes » intentions. En effet, Kadhafi étant désormais mort, il s’agit maintenant de justifier notre présence sur place. Le ministre des Affaires Etrangères, M. Alain Juppé, n’y va d’ailleurs pas par quatre chemins, comme le reporte le tabloïd Le Post : pas question de remettre en cause l'intervention militaire en Libye. "Cela peut être une opportunité fantastique pour nous, nos entreprises". En effet, Kadhafi l’honni ayant passé l’arme à gauche, il s’agit de laisser les entreprises françaises reconstruire ce que les militaires de la coalition ont détruit ; Il semblerait que l’actualité donne tout son sens à la définition que donnait le révolutionnaire Lénine de l’impérialisme : la recherche, parfois par des moyens violents, de débouchés économiques pour des pays en crise. Néanmoins, avait-on besoin d’une guerre pour en arriver la ? Si M. William Hague, ministre britannique des Affaires Etrangères affirme –avec toute la décence requise- qu’il ne va « pas pleurer » Kadhafi, force est de constater que les élites politiques et économiques occidentales, françaises en particulier, n’ont pas toujours eu ce dégoût de Mouammar Kadhafi. En effet, certains membres des gouvernements Fillon, dont M. Patrick Ollier, compagnon de l’ex ministre Mme Michèle Alliot-Marie, ont eu des positionnements pour le moins différents à l’égard de Mouammar Kadhafi : président du groupe d’amitié interparlementaire France-Libye, M. Ollier a appuyé par exemple la vente d’armes lourdes (avion Rafale et Hélicoptère Tigre entre autres) à la Jamahiriya arabe libyenne, et il fut un des principaux intermédiaire lors de la venue de Kadhafi à Paris, invité par l’Elysée, afin de le présenter au patronat français (plusieurs juteux contrats furent signés lors).
Il apparait en effet aujourd’hui bien évident que les prétentions pseudo-démocratiques de Sarkozy et de l’OTAN sont de la poudre aux yeux, un semblant d’honnêteté les aurait sans doute poussés à émettre quelques réserves en face d’un CNT qui a été épinglé plusieurs fois par des ONG comme Amnesty International pour crimes de guerre (l’actualité récente a rapporté un charnier de 53 personnes abattues d’une balle dans la nuque, qui serait imputé aux forces « rebelles »), et qui est dirigé par des ex kadahfistes notoires ayant senti le vent tourner (M. Moustapha Abdeljalil, le chef du CNT, est l’ancien ministre de la Justice de Kadhafi ayant confirmé la condamnation à mort des fameuses infirmières bulgares). Mais tout valait mieux que Kadhafi, devenu trop gênant : partenaire particulier des puissances occidentales (France, Italie), sa gestion tyrannique de la Libye en avait fait un allié peu présentable qui devenait vite pesant, d’autant plus que l’homme nourrissait des ambitions émancipatrice pour l’Afrique (son rôle dans l’Union Africaine a été salué plus d’une fois) ce qui, évidemment, ne manque pas d’avoir froissé les leaders de la « bombing democracy ». Il fallait couler Kadhafi, quitte à prendre sous notre aile des alliés peu recommandables qui se hâteront d’abroger la loi interdisant la polygamie et autorisant le divorce. Les femmes libyennes apprécieront, pendant que M. Juppé verse quelques larmes de crocodile sur le sort de ces dernières, assurant que la France sera « vigilante » : aveu non déguisé de la part d’un haut responsable qui entend bien avoir la main sur le prochain régime fantoche en place en Libye.
Une fois de plus, après des siècles de colonisations et d’impérialismes de toutes sortes, après le Chili de Pinochet, l’Occident se sculpte un monde à son envie, peu regardant sur les retombées sociales, assez aléatoires, mais bien conscient de l’intérêt qu’il a de mettre les « Suds » au pas. Ceux qui ne connaissent pas l’histoire seraient ils condamnés à la revivre ?
Le National Emancipé
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