Le célèbre analyste arabe examine les différents aspects de l’accord-cadre de Lausanne pour montrer comment l’Iran a réussi à obliger les grandes puissances à accepter ses conditions.
Le célèbre analyste politique arabe, Abdel Bari Atwan a écrit un article, publié dans le site d’information Raï al-Youm pour montrer comment après plus de dix ans de négociations sur son programme nucléaire civil, la République islamique d’Iran a réussi à obtenir un accord avec les grandes puissances, accord qui a suscité la vive colère du régime sioniste.
Dans son article Abdel Bari Atwan écrit : « Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu est allé très loin dans son opposition viscérale à la conclusion de tout accord entre l’Iran et les 5+1, en exigeant que si un accord devait être conclu, il devait faire l’Iran reconnaître officiellement le régime israélien. Or, une telle exigence n’est compatible avec aucune logique. »
Atwan a écrit : « De quel droit Benyamin Netanyahu demande-t-il que l’Iran reconnaisse le régime israélien ? Pour qui se prend-il pour demander une chose pareille aux Iraniens ? Et pourra-t-il faire si l’on rejette sa demande ? Mais la porte-parole de Département d’Etat américain, Marie Harf a bien répondu à cette prise de position orgueilleuse du Premier ministre israélien. Elle a déclaré que la reconnaissance ou non d’Israël par l’Iran n’a rien à voir avec les négociations qui se déroulent entre l’Iran et les grandes puissances au sujet du programme nucléaire de ce pays. En donnant cette réponse, le Département d’Etat a appelé donc Benyamin Netanyahu à se taire et à cesser d’aboyer, car personne ne veut plus l’entendre parce que l’époque où il pouvait espérer pouvoir dicter sa volonté aux grandes puissances est révolue. »
Abdel Bari Atwan a écrit : « Netanyahu est dans une situation de crise. Du point de vue politique et personnel, il se sent vaincu et frustré, car depuis des années il a fondé sa carrière politique sur l’iranophobie et la propagation de la peur et de l’inquiétude en ce qui concerne le programme nucléaire civil de l’Iran. Benyamin Netanyahu croyait que cette politique pourrait pousser finalement les Etats-Unis à choisir l’option militaire contre la République islamique d’Iran. Mais le cours des événements a prouvé qu’il s’était trompé dans ses calculs. La conclusion d’un accord-carde à Lausanne entre l’Iran et les grandes puissances en est un signe clair. Cet accord ne met pas fin à l’enrichissement de l’uranium en Iran. En outre, les propositions de cet accord ne sont pas contraignantes et les deux parties se gardent le droit de sortir de cet accord quand elles le jugeront nécessaire. »
D’après Abdel Bari Atwan, les inquiétudes du Premier ministre du régime sioniste sont dues aux trois facteurs principaux :
1) Le régime sioniste craint que la conclusion d’un accord nucléaire entre l’Iran et les six puissances prépare le terrain à ce que la communauté internationale commence à s’intéresser aussi aux arsenaux nucléaires de Tel-Aviv, demandant au régime sioniste de signer le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) en acceptant le régime du contrôle international par les inspections de l’AIEA, Agence internationale de l’énergie nucléaire.
2) Tel-Aviv craint aussi la transformation de l’Iran en une grande puissance régionale notamment après la levée des sanctions économiques contre Téhéran.
3) Selon les dirigeants du régime sioniste, il est possible que la reconnaissance des droits nucléaires de l’Iran par les grandes puissances conduise d’autres pays arabes et musulmans, notamment l’Egypte, la Turquie et l’Arabie saoudite, a se lancer dans des projets nucléaire afin d’avoir accès à l’énergie nucléaire civile.
Dans une autre partie de son article, Abdel Bari Atwan a écrit : « Après trente ans de sanctions politiques et économiques de la part des Etats-Unis, l’Iran a réussi à développer son programme nucléaire civile et faire les grandes puissances le reconnaître officiellement. En même temps, l’Iran a réussi à augmenter sa puissance militaire et défensive. Sur le plan régional, l’Iran exerce son influence sur les événements qui se produisent dans plusieurs pays arabes notamment l’Irak, la Syrie, le Liban le Yémen et Bahreïn. Imaginons maintenant la puissance régionale des Iraniens quand les sanctions anti-iraniennes seront levées. »
Dans une autre partie de son article, Abdel Bari Atwan fait allusion à la dignité des dirigeants iraniens, pour conclure que même après la finalisation d’un accord nucléaire avec les grandes puissances, l’Iran ne se contentera jamais de se mettre dans une situation comparable à celle du régime de l’ancien Shah d’Iran pour devenir un gendarme régionale au service des puissances occidentales. Atwan ajoute : « La raison en est simple : les dirigeants iraniens ont une très grande dignité et un très fort sentiment national. Ils sont parfaitement conscients de l’avenir prometteur de leur pays dans divers domaines politiques, économiques, militaire et sociaux, et ils ne veulent absolument pas jouer un rôle de subordonné, car ils sont capable de jour un rôle de leader au niveau régional. »
Plus loin, l’auteur estime que le président des Etats-Unis Barack Obama souhaite pouvoir faire de cet accord nucléaire avec l’Iran, la plus grande victoire de sa politique étrangère, afin de pouvoir peut-être justifier le prix de paix de Nobel qu’il a reçu pendant son premier mandat présidentiel. Pourtant, Atwan estime aussi que les Etats-Unis auraient abandonné en quelque sorte ses anciens alliés régionaux pour s’approcher davantage de l’Iran. Ces alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient s’inquiètent du rapprochement entre les Etats-Unis et l’Iran. Pourtant, le président Barack Obama a appelé les dirigeants des pays arabes du sud du golfe Persique à Camp David pour les rassurer de la poursuite du soutien des Etats-Unis.
Abdel Bari Atwan ajoute : « Pour le moment, les dirigeants des pays arabes considèrent la conclusion d’un accord nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances comme un échec pour eux. Mais le point positif de cet accord c’est qu’il est de très mauvais augure pour le régime israélien. Mais les dirigeants des pays arabes peuvent y trouver aussi un autre point positif : ils doivent prendre pour modèle la sagesse des dirigeants iraniens qui ont réussi merveilleusement à profiter de tous leurs atouts lors des négociations nucléaires. Pendant près de 13 ans, l’Iran a résisté aux grandes puissances à la table des négociations. Les avions de combats et les navires de guerres des Occidentaux ne leur pas fait peur. Or, Sadat n’a su résisté pendant deux semaines devant les pressions à l’époque de la conclusion de l’accord de paix de Camp David, et les responsables de l’Autorité palestinienne n’ont pas pu résister non plus à l’époque des négociations d’Oslo. »
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