Mais ce n'est pas si simple.
Le départ de la guerre civile et la désintégration de l'Ukraine ont rendu une telle comparaison possible et adéquate, parce que pour comprendre l'ampleur de l'appauvrissement de l'Ukraine, en une année, seulement, il est juste de comparer certains de ses indicateurs économiques avec ceux du Tadjikistan.
Toutes les guerres civiles se ressemblent. Bien que les gens, en Ukraine, aient commencé à se battre les uns contre les autres, dans la 23e année de leur indépendance, la guerre a éclaté, au Tadjikistan, seulement, cinq mois après sa déclaration d'indépendance, le 9 septembre 1991.
Et ce n'est que le 27 juin 1997, à la neuvième rencontre au Kremlin, entre des représentants du gouvernement tadjik et l'opposition unie, qu'un accord de paix final a été signé. Rien qu'en 1992 et 1993, près de 60.000 personnes ont été tuées, au Tadjikistan, et le nombre de réfugiés, pour la seule année 1994, a été évalué entre un million et un million et demi de personnes.
Selon diverses estimations, les dommages économiques ont atteint entre $7 milliards et $10 milliards. Quelque 150.000 maisons ont été incendiées, et 15.000 autres, pillées. Dans l'oblast de Qŭrghonteppa, au Sud, près de 80% de la capacité industrielle a été détruite. En 1997, la production industrielle du Tadjikistan avait chuté de 72%.
L'Ukraine vient de commencer son voyage sur cette route sanglante, mais même avant le chaudron de Debaltsevo, la guerre avait causé plus de 50.000 victimes, selon les services de renseignement allemands. A la fin du quatrième trimestre, le PIB réel de l'Ukraine avait baissé de 15.2%, sans y inclure celui de la Crimée et des Républiques populaires de Lougansk et Donetsk, qui, ensemble, représentaient, environ, 20% du PIB du pays. Le 20 février, suite aux combats dans la République populaire de Donetsk, 90% de sa capacité industrielle avait été détruite ou tournait au ralenti. La destruction de maisons et d'infrastructures est incalculable.
Et même si c'est seulement le début, la population ukrainienne est, déjà, tombée au niveau d'appauvrissement du Tadjikistan. Retraites et salaires de base. La pension de retraite, en Ukraine, se monte à 979 hryvnia, et le salaire minimum, à 1218 hryvnia. La retraite de base et le salaire minimum, au Tadjikistan, sont tous deux de 250 somoni. Au taux de change officiel, un dollar US valait 21 à 22 hryvnia, le 14 mars dernier, mais le taux actuel est de 26. Il faut 5,53 solomi, pour avoir un dollar.
Donc, si nous convertissons les pensions et les salaires, en Ukraine et au Tadjikistan, en dollars US, nous trouvons ce qui suit: - Au taux de change officiel, la retraite de base, en Ukraine, est de quelque 44 dollars, (mais de $37.60, au taux réel), et la retraite de base, au Tadjikistan, est de $45.20; - Le salaire minimum, en Ukraine, au taux officiel est d'environ $55, (actuellement, $46.80), et le salaire minimum, au Tadjikistan, est de $45.20.
A titre de comparaison, il y a un an, lorsque 1 dollar équivalait à 8 hryvnia, la retraite de base, en Ukraine, était de $118, et le salaire minimum correspondait à $152. En septembre, le Président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, a promis d'augmenter le salaire minimum de 50%, à 400 somoni. Les bourses, pour les étudiants, seront augmentées de 30%, en moyenne. Six milliards de somoni seront consacrés à ce but. En Ukraine, la prochaine augmentation de la retraite de base et du salaire minimum doit prendre effet, en décembre de cette année.
Le Conseil des ministres de Kiev a promis d'augmenter la retraite de base à 1.074 hryvnia, et le salaire de base, à 1.378 hryvnia, mais, seulement, s'il n'est pas obligé de réduire les dépenses, dans les programmes sociaux. Étant données les mesures d'austérité, imposées par le FMI, une augmentation des retraites et des salaires semble presque aussi probable que l'atterrissage d'astronautes, sur la surface nébuleuse d'Uranus.
Même si Emomali Rahmon ne remplit pas sa promesse, en termes de salaire minimum et de retraite de base, les Tadjiks vivent, déjà, un petit peu mieux que les Ukrainiens. Travailleurs migrants. Selon les chiffres fournis par Konstantin Romodanovsky, Directeur du Service fédéral des migrations de Russie, en 2013, environ, trois millions de travailleurs ukrainiens, ont gagné $27 milliards, en Russie.
Au début de 2015, il y avait plus de 1.300 000 hommes ukrainiens, en âge de faire du service militaire, en Russie. En tout, cinq à sept millions d'Ukrainiens ont quitté leur pays, pour chercher du travail, et en 2014, ils ont envoyé $9 milliards, en Ukraine. Le nombre de travailleurs migrants tadjiks, en Russie, est estimé entre un million et 1,2 million, et ils représentent plus de 90% de tous les migrants du Tadjikistan.
Ensemble, ils ont envoyé $1,5 milliards à leurs familles, pendant le premier semestre de 2014. En 2014, la population du Tadjikistan était de 8,2 millions, et la proportion de la population, en âge de travailler, était, environ, de 60%, soit 4.920.000 personnes. La population de l'Ukraine était de 45.490.000, en 2013.
Depuis 2014, lorsque les manifestations de l'Euromaïdan ont commencé le processus de désintégration, la Crimée, (environ, deux millions d'habitants), a, officiellement, quitté l'Ukraine, et les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk, (la RPL avec 1,2 million et la RPD avec 1,8 million), ont, aussi, fait sécession, pour des raisons évidentes.
Donc, selon des estimations grossières, la population ukrainienne est tombée à 40,5 millions. La proportion de la population active, en Ukraine, en 2013, était, d'environ, 48%. Par conséquent, en 2014, le nombre de citoyens valides n'était que de 19,4 millions, (en y incluant la RPD et la RPL, 21,2 millions). Si nous faisons un calcul sommaire de la proportion de citoyens, en âge de travailler, ayant émigré pour chercher du travail, (parce que l'auteur de cet article n'a pas de données sur le nombre de travailleurs migrants de Crimée et des deux républiques populaires), il s'avère qu'un quart ou un tiers de la population active d'Ukraine a quitté le pays. En comparaison, au Tadjikistan, ce nombre est de 25%, à peu près. Donc, environ, un quart des populations du Tadjikistan et d'Ukraine, ont émigré, pour chercher du travail. Seul, Dieu sait combien de temps durera la guerre civile, combien de victimes elle fera et combien de villes elle détruira, mais un an après le commencement de la guerre, l'Ukraine a, déjà, atteint le niveau de destructions causé par la guerre civile, au Tadjikistan. L'Ukraine n'a pas, encore, fait défaut sur sa dette, mais son salaire minimum et ses retraites de base sont tombés aux niveaux du Tadjikistan, bien qu'une année plus tôt, un déclin si rapide ait semblé inconcevable. De plus, en Russie, les travailleurs migrants ukrainiens remplacent, progressivement, les gens venus d'Asie centrale. Et ce n'est que le début. Maintenant, les Ukrainiens et les Tadjiks ont plus d'une chose en commun. Non seulement, ils ont fait partie de l'Union soviétique, mais ils partagent, aussi, un destin semblable: avec leurs vies en ruines, ils parcourent le monde, à la recherche de travail.
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