Si en mars dernier, nous indiquions ici-même que la Coface s’alarmait d’un risque chaque jour accru de voir éclater une nouvelle bulle du crédit en Asie, les choses semblent se préciser désormais.
L’agence de notation Fitch indique ainsi qu’un événement de ce type sans précédent dans l’histoire du monde moderne risquait d’éclater en Chine. Tandis que La Tribune n’y va pas par quatre chemins, évoquant une menace de credit crunch.
En février nous avions d’ores et déjà évoqué quant à nous les craintes des analystes face .à l’occurence d’une nouvelle crise de credit, l’Empire du Milieu pouvant être à son tour durement frappé.
Principaux facteurs alarmants : une croissance excessive des prêts bancaires accordés au secteur privé, et des prêts accordés en dehors du secteur formel de plus en plus nombreux … et difficiles à rembourser.
Si certes vendredi, les taux interbancaires chinois ont enregistré une nette baisse, le taux de refinancement à sept jours – référence du coût du crédit interbancaire – chutant de 11,62% à 8,33%, un tel mouvement n’a pu être obtenu que grâce à des rumeurs laissant entendre que la PBOC (la Banque centrale de Chine) faisait pression afin que les bailleurs libèrent des fonds, voire qu’elle puisse intervenir directement.
Auparavant, dans la matinée, la panique s’était emparée du marché interbancaire chinois, le taux de référence atteignant un niveau record à 13,91 %.
Au final, selon Bloomberg, 50 milliards de yuan (environ 6,15 milliards d’euros) auraient été injectés dans le marché par la banque centrale.
La situation pour le moins tendue ces dernières semaines devrait perdurer, et le pire demeure à craindre.
Les principaux analystes considèrent en effet que la PBOC devrait maintenir sa politique de forte restriction de l’accès au crédit pour les entreprises et les particuliers. Raisons invoquées : le niveau élevé de créances douteuses détenues par les banques chinoises.
Un contexte qui fait craindre aux investisseurs que les banques soient confrontées à des difficultés de plus en plus fortes pour se refinancer. Durant les deux semaines précédentes, le taux de refinancement chinois avait en effet grimpé en flèche , la Banque centrale stoppant l’injection de liquidités, en dépit du ralentissement de l’économie.
Une mesure qui avait provoqué une forte restriction de l’accès au crédit, plombant les places boursières tout en bloquant la capacité de prêts des banques.
Les autorités monétaires et politiques chinoises souhaitent désormais mettre fin à l’expansion très rapide du crédit de ces dernières années. Il est vrai qu’il y a urgence, à moins que le mal ne soit déjà fait … principaux établissements dans le viseur : les petites banques, lesquelles ont multiplié leurs prêts tout en spéculant massivement.
Une situation qui pousse le gouvernement à « assainir » le marché bancaire, fermant le robinet aux établissements les plus risqués, une politique pouvant conduire certains à la faillite.
Autre élément inquiétant et non des moindres : en mai dernier, un rapport publié par l’agence de notation Moody’s indiquait que les prêts informels accordés en dehors du secteur bancaire en Chine avaient progressé de près de 70% au cours des deux dernières années … représentant désormais l’équivalent du 55% du Produit intérieur brut (PIB). Les produits financiers de ce secteur informel s’élevaient à la fin 2012 à 29.000 milliards de yuans (3.600 milliards d’euros), selon des premiers calculs de Moody’s.
Selon une définition plus étroite du secteur excluant les prêts accordés par des sociétés fiduciaires et les obligations adossées à des actifs, le secteur informel ne pèserait que 21.000 milliards de yuans, mais tout de même 39% du PIB. Font partie du périmètre plus étroit de calcul : les prêts accordés par des particuliers (les « tontines »), les fonds de gestion d’actifs, les prêteurs sur gages et les sociétés de micro-crédit.
Le recours à ce type de prêt résulte en partie de la difficulté des emprunteurs, notamment du secteur privé et des petites entreprises, à se financer auprès des banques, lesquelles privilégient les entreprises qui, comme elles, sont étatiques.
Le rapport de Moody’s indiquait parallèlement que « le secteur bancaire informel pourrait avoir un effet de levier sur les finances de l’économie au sens large et amplifier les craintes d’une bulle de crédit ». Nous y voilà … L’agence de notation estimant que la croissance rapide des prêts informels augmentait les risques pour le système bancaire et l’économie chinoise dans son ensemble.
« Vu la taille considérable et la croissance des activités bancaires informelles en Chine, nous doutons de la capacité des banques à se prémunir contre une augmentation significative des défauts de paiement » dans ce secteur, mettait encore en garde Moody’s.
En mars dernier, la Commission de régulation bancaire avait quant à elle ordonné aux banques de contrôler plus étroitement les fonds de gestion d’actifs dans le but d’endiguer les risques et d’accroître la transparence. Un coup d’épée dans l’eau selon Moody’s ….
Selon Fitch, les banques chinoises auraient en quelque sorte caché dans un deuxième bilan parallèle l’équivalent de 2 milliards de dollars de prêts, mécanisme leur permettant de contourner les limites officielles et nouvelles réglementations mises en place pour freiner les excès. Pratiques de nature à engendrer l’éclatement d’une bulle du crédit.
Car, toujours selon Fitch, la moitié des prêts doivent être renouvelés tous les trois mois, et un quart en moins de six mois .
Selon Charlène Chu, directrice principale de Fitch à Pékin, « Le pays a dupliqué la totalité du système bancaire commercial américain en cinq ans ». Ajoutant que le crédit est passé de 9 000 à 23 000 milliards de dollars depuis l’effondrement de Lehman Brothers.
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Le National Emancipé 2014
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