Amnesty International a dénoncé la situation des travailleurs domestiques étrangers employés au Qatar, riche pays gazier du Golfe, évoquant des abus, des violences et des formes de travail forcé, dans un rapport publié mercredi 22 avril.
«Les autorités du Qatar ne parviennent pas à protéger les travailleurs domestiques migrants de graves exploitations, incluant du travail forcé et des violences physiques et sexuelles», écrit l'organisation de défense des droits de l'Homme.
Le rapport, fruit d'une enquête de l'organisation, évoque même des menaces de violences physiques de la part des employeurs contre des domestiques qui voulaient quitter leur travail.
Certaines domestiques ont déclaré aux enquêteurs travailler jusqu'à 100 heures par semaine et ne pas bénéficier de repos hebdomadaire, écrit dans ce rapport Audrey Gaughran, responsable d'Amnesty.
Certaines ont dit avoir été embauchées avec des promesses de bons salaires et des conditions de travail décentes pour voir leurs espoirs déçus en arrivant au Qatar.
Il y a quelque 84.000 domestiques étrangères au Qatar, pour la plupart originaires de pays asiatiques, selon Amnesty. En cas d'abus, ces femmes ne disposent d'aucun recours devant le ministère du Travail et peuvent être arrêtées et expulsées pour avoir fui le domicile de leur employeur.
En mars 2013, ces femmes représentaient 95% des détenus du centre d'expulsion de Doha, a relevé Amnesty. Parmi elles, trois ont déclaré à l'ONG avoir été violées et aucune n'a vu son agresseur traduit en justice.
Dans un autre cas, une domestique s'est cassé les jambes et s'est brisé la colonne vertébrale en sautant d'une fenêtre pour tenter d'échapper à son agresseur. Elle a été violée dans cet état et était toujours en fauteuil roulant six mois après l'agression. Son agresseur, qui n'est autre que son employeur, n'a pas été inquiété, selon Amnesty.
Des domestiques enceintes se trouvaient parmi les détenus ainsi que 13 bébés avec leurs mères au moment de l'enquête. En cas de plainte, ces femmes risquent d'être poursuivies pour «relations sexuelles illicites» et encourent un an de prison, note Amnesty qui appelle le Qatar à retirer cette accusation de sa législation.
Le Qatar a promis ces dernières années une loi protégeant les domestiques mais sans s'y tenir, rappelle Amnesty, demandant à Doha de «cesser de traîner les pieds et de garantir aux domestiques leurs droits fondamentaux».
Depuis septembre, syndicats et ONG n'ont par ailleurs cessé de dénoncer la situation des ouvriers immigrés du secteur du bâtiment au Qatar, qui va accueillir la Coupe du monde de football de 2022.
Source : AFP
Le National Emancipé 2014
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