Décidément, les Islandais ne font rien comme les autres. Non seulement ils ont décidé démocratiquement de ne pas faire payer le peuple pour renflouer les errements des banques, mais en plus, ils tiennent leur promesse de campagne. Nouvel exemple avec un rabais sur les dettes immobilières des ménages !
Une mesure qui coûte 9% du PIB !
La mesure semble totalement extravagante par rapport aux politiques menées au sein de la zone euro. Le gouvernement islandais a décidé de soulager les ménages d’une partie de leurs crédits immobiliers. En fait, la plupart des crédits en Islande sont indexés sur l’inflation et du fait de la très forte baisse de la couronne en 2009, l’augmentation de l’inflation a augmenté le poids de la dette des ménages, qui pèse 108 % du PIB, un niveau élevé à l’échelle européenne. Ce allègement de dette dépendra du montant total emprunté et sera plafonné à quatre millions de couronnes, soit 24 400 euros.
Le coût global de la mesure devrait être de 900 millions d’euros sur quatre ans. Cela peut paraître peu, mais étant donné la petite taille de l’Islande, c’est colossal puisque le PIB de l’île avoisine 10 milliards d’euros. Ce plan représente donc 9 % du PIB de l’île, certes étalé sur 4 ans ! C’est comme si la France décidait de consacrer 180 milliards d’euros pour diminuer la dette ménage ! C’est une mesure qu’avait réclamée Paul Krugman aux États-Unis, sans succès. Il faut noter que le mode de financement ne semble pas bouclé, le gouvernement ayant envisagé de ponctionner les créanciers étrangers !
Une preuve que l’on peut fait de la politique différemment
Quel contraste avec la zone euro, où la BCE a prêté 1 000 milliards d’euros à 1 % aux banques. Il n’est pas anodin de noter que les montants en jeu, en proportion du PIB, sont similaires. Cela montre bien le sens des priorités des deux ensembles. La solution islandaise est intéressante car elle n’aide pas que les ménages. Ce faisant, elle contribue à soutenir l’économie du pays en diminuant leur endettement et elle profite aussi in fine aux banques, puisque leurs clients se retrouveront plus solvables. L’aide directe aux citoyens, outre le fait d’être sans doute plus juste, semble plus efficace économiquement.
Et vu les montants, ils pourraient être financés par création monétaire de la Banque centrale du pays si le gouvernement et le peuple islandais le souhaitent. Bref, l’Islande démontre qu’il est parfaitement possible de mener des politiques différentes de celles menées dans la zone euro. Elle a montré que la baisse de la monnaie est un outil puissant pour relancer son économie, comme l’avait noté Paul Krugman en 2010, en comparant le destin de ce pays à celui de l’Irlande. Elle montre également que les États peuvent totalement dicter leurs conditions à la finance, à condition de vraiment le vouloir.
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