Richard Chartand - La nation québécoise lutte courageusement pour sa libération de l’impérialisme anglo-canadien depuis plus de 250 ans.
Le combat piétine présentement à cause de l’absence d’une alternative politique crédible. Ce ne sont pas le Parti Québécois et le Bloc Québécois, totalement convertis au libéralisme économique et politique ainsi qu’au libre-échange, qui peuvent mener à bien la tâche de faire du Québec une nation réellement indépendante. D’où la nécessité de créer cette alternative politique sans quoi notre lutte nationale poursuivra dans son impasse. Il ne s’agit pas de remplacer tout simplement le capital anglophone par un capital francophone, mais de nous libérer du capitalisme apatride en même temps que du Canada tout en évitant les erreurs du collectivisme marxiste.
Le combat piétine présentement à cause de l’absence d’une alternative politique crédible. Ce ne sont pas le Parti Québécois et le Bloc Québécois, totalement convertis au libéralisme économique et politique ainsi qu’au libre-échange, qui peuvent mener à bien la tâche de faire du Québec une nation réellement indépendante. D’où la nécessité de créer cette alternative politique sans quoi notre lutte nationale poursuivra dans son impasse. Il ne s’agit pas de remplacer tout simplement le capital anglophone par un capital francophone, mais de nous libérer du capitalisme apatride en même temps que du Canada tout en évitant les erreurs du collectivisme marxiste.
Depuis quelques années au Québec, nous assistons à une certaine remontée du sentiment patriotique. La crise autour des fameux «accommodements raisonnables», qui a fait rage en 2007, a grandement favorisé cette résurgence du patriotisme dans la Belle Province. Il est vrai que ce débat a été alimenté par des intégristes religieux hostiles à la laïcité moderne et qui font tout pour contrecarrer l’intégration des minorités dans la société québécoise, une intégration basée sur des règles de vie commune. Le peuple québécois, qui veut préserver son identité culturelle et nationale, s’est senti assiégé par cette avalanche de revendications obscurantistes, comme le refus des piscines mixtes par des femmes musulmanes ou l’obligation de givrer les fenêtres d’un gymnase pour ne pas offenser des juifs hassidiques, et la réaction populaire a été très vive, avec raison d’ailleurs. Les pratiques et coutumes religieuses n’ont pas à être prohibées, que ce soit celles de la majorité ou des minorités ethniques, mais elles doivent demeurer dans la sphère privée et ne pas empiéter sur les institutions publiques.
Le débat sur les «accommodements raisonnables» a eu le mérite de lancer un débat plus général sur la laïcité des institutions publiques, ce qui constitue une revendication fondamentalement progressiste, surtout quand on connaît le passé clérical de la société québécoise. Concernant le sujet de l’immigration, qui est très délicat et qui suscite bien des passions, nous devons éviter à la fois l’angélisation et la diabolisation. Les immigrés ne sont pas responsable des problèmes que nous rencontrons, ils en sont aussi les victimes. Eux aussi s’ils n’avaient dû s’expatrier pour survivre financièrement, auraient surement préféré rester dans leurs beaux pays, car oui pour chaque être humain son pays est toujours beau! Seule une minorité élitiste savoure ses victoires sur nos différentes nations mourantes.
Une réflexion critique s’impose sans tomber dans le simplisme et la pensée magique. On ne peut pas ouvrir les frontières nationales d’une manière illimitée et sans contrôle, sous prétexte de créer soi-disant un monde plus «fraternel». Ceci aurait pour effet de favoriser encore davantage la mondialisation capitaliste débridée aux dépens des peuples du monde qui se retrouvent exploités par les grands groupes industriels internationaux. Un contrôle des frontières s’avère nécessaire pour toute nation qui souhaite protéger sa population du capitalisme financier international et des diktats du Nouvel Ordre Mondial.
Une immigration massive et illimitée a comme effet de baisser les conditions de travail, de supprimer nos acquis sociaux, si durement gagné par nos ainés. Les grands patrons sont toujours à la recherche de main-d’œuvre à bon marché et non revendicative et les immigrants sont souvent une clientèle idéale pour eux car ils sont expatrier leur exploitation en deviens facile... Le capitalisme libéral est un système apatride et inhumain qui n’a aucun respect pour les différentes cultures dans sa volonté de créer un monde uniformisé, nivelé vers le bas et surtout privé de toute liberté! Rappelons que se sont toutes ces diversités culturelles, à travers notre monde, qui font sa grande richesse! Protégeons-les!
A titre d’exemple, la volonté du gouvernement libéral de Jean Charest de hausser le seuil d’immigration à 55000 personnes par année, pour une nation qui compte environ 7.8 millions d’habitants est complètement irresponsable (1). Il ne s’agit pas de rejeter en bloc l’immigration et les immigrants ni surtout de les stigmatiser ou de les diaboliser, mais il est bien certain qu’on ne peut accueillir une immigration de masse sans engendrer une panoplie de problèmes sociaux (chômage, demandes d’accommodements déraisonnables, créations de ghettos ethniques, tensions sociales comme dans le quartier Montréal-Nord en août 2008,etc).
Le combat pour la défense de la langue et de la culture française est loin d’être terminé au Québec. Plus de 33 ans après l’adoption de la Loi 101 en 1977 qui faisait du français la langue officielle du Québec et qui obligeait notamment les immigrants à envoyer leurs enfants dans les écoles françaises plutôt que dans les écoles anglaises, le français connait plusieurs reculs, notamment dans la région de Montréal, la métropole québécoise. Le gouvernement du Québec, sous la férule du Parti Québécois (PQ) et du Parti Libéral du Québec (PLQ), a coupé dans les programmes de français pour les immigrants et est le grand responsable des reculs en matière de francisation, tout en augmentant constamment le seuil d’immigration. En plus du renforcement des cours de français aux immigrants, on doit aussi revendiquer le renforcement de la francisation des entreprises, notamment au niveau des PME (petites et moyennes entreprises) de moins de 50 employés, ce que le Parti Québécois, sans parler du Parti Libéral, n’a jamais tenté de faire, malgré ses beaux discours sur la nécessité de défendre la langue de Molière! Une autre menace qui pèse sur la langue française au Québec, est la l’infâme loi 115 qui permet à des enfants francophones et allophones (dont la langue maternelle est ni le français, ni l’anglais) qui ont fréquenté une école anglaise privée non-subventionnée pendant trois ans, pour contourner la loi 101, de s’inscrire au réseau scolaire anglophone public (2). Un pas de plus vers l’assimilation lente du peuple québécois par le rouleau compresseur anglophone si rien n’est fait pour redresser la situation.
Une alternative politique s’impose donc pour le Québec et c’est celle d’une fusion entre le socialisme et le patriotisme, autrement dit un socialisme de type national qui serait adapté aux conditions et réalités du Québec en ce XXIème siècle. Pour y parvenir il faut nécessairement rompre avec le capitalisme libéral et mondialiste en même temps que l’on se libère de la domination anglo-canadienne. Ce qui ne signifie nullement que nous nous couperons du reste du monde, nous ne nous refermerons nullement sur nous même.
Le patriotisme n’est nullement antagonique au socialisme. Comme le disait si bien le dirigeant albanais Enver Hoxha : «Aux moments difficiles que connaissait alors la patrie, face aux dangers qui menaçaient son existence, nous, communistes, nous devions, certes, nous appuyer solidement sur les riches traditions patriotiques et combattantes de notre peuple, sur sa ferme volonté de s’unir dans la lutte pour la liberté» (3). Il s’agit ici de montrer le lien étroit qui a toujours uni le socialisme avec le sentiment patriotique. Un patriotisme social exige que l’État-nation prenne sous son aile les secteurs de l’économie considérés comme vitaux, par exemple les ressources naturelles, les banques, l’émission de la monnaie, les communications, etc. «La prétention de la finance et du patronat à façonner les esprits dans un sens toujours plus favorable au projet du gouvernement mondial doit-être contre-carré par des mesures appropriées, notamment par une nationalisation immédiate des services publiques, tous les organismes qui doivent être au service du peuple et plus particulièrement des médias de masse en application d’un contrôle national de ceux-ci, l’ensemble en préservant la libre expression (4) ».
Le président vénézuélien Hugo Chavez qui a mis en oeuvre de telles politiques s’inscrit dans la lignée du socialisme national. Il ne s’agit pas de nationaliser intégralement l’économie, mais d’empêcher les puissances financières d’acquérir trop de force et de s’ingérer indûment dans notre vie politique.
Le patriotisme n’est pas non plus opposé à la solidarité internationale avec les peuples opprimés et les travailleurs en lutte à travers le monde. Mais comme le dit si bien le Parti Solidaire Français : «Le socialisme dit international est soit un leurre soit un alibi. Un leurre quand il s’appuie sur une Nation étrangère dont il sert la politique. Un alibi commode pour expliquer, dans chaque pays, que le moment n’est pas venu compte tenu de la situation internationale… Il faudra donc attendre que le voisin commence le premier pour lui emboîter le pas…» (5). Le fait d’être fier de ses origines et de son héritage culturel et national ne signifie nullement que l’on méprise les autres peuples, que l’on se replie sur soi ou que l’on prône un quelconque choc des civilisations à la manière des néoconservateurs américains.. Sachant que la réussite d’une nation indépendante ne peut qu’influencer et aider les autres, nous savons pertinemment que l’avenir du monde va en ce sens. De plus, nous savons que les peuples de cette Terre ont des aspirations et des cultures spécifiques : l’humanité a pour devoir de les sauvegarder, car sans cette diversité elle n’est qu’un mot creux que ses vrais ennemis emploient contre elle.
.Le socialisme doit donc être enraciné au niveau national s’il veut réussir, sinon il est condamné à devenir le pion des forces mondialistes. Pour un Québec libre, laïc, spirituel, socialiste et francophone!
Richard Chartand (Cercle Solidaire Québécois)
(1) canoe.ca
En 2008 le gouvernement libéral de Jean Charest a annoncé son intention de hausser le nombre d’immigrants au Québec de 45000 à 55000, alors qu’on a encore beaucoup de problèmes d’intégration à tous les niveaux (francisation des immigrant-es, chômage élevé au sein de certaines communautés immigrantes, «accommodements raisonnables» revendiqués par certains intégristes religieux, etc). Le prétexte est le déclin démographique du Québec alors que d’autres solutions existent comme une politique familiale et nataliste par exemple. Il faut dire que de parler de ces enjeux est souvent un tabou au Québec et les accusations de racisme et de xénophobie ne tardent pas à affluer de la part des biens-pensants de toute sorte.
(2) cyberpresse.ca
(3) Hoxha, Enver, Quand on jettait les fondements de l’Albanie
nouvelle, Institut Marx, Engels, Lénine, Staline, Toronto, 1985, p.11
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire