Ce n’est ni la première ni la dernière incohérence de la politique d’automodération de Facebook, titan des réseaux sociaux. Mais celle-ci, rapportée par Christophe, un lecteur de La DH, est particulièrement grand-guignolesque...
Cette application permet, au moyen d’outils et de filtres, de transformer son joli minois en vilain zombie affreux jojo (les zombies sont au cœur de Walking Dead). Bien entendu, l’appli permet de partager l’horripilant résultat sur son mur Facebook. Et c’est là que les ennuis commencent.
“Le problème est que Facebook, jugeant cette photo en infraction avec son propre règlement, l’a supprimée de mon profil (ce qui n’est pas bien grave) mais en sus... a bloqué mon compte pour 3 jours sans avertissement (ce qui l’est un peu plus)", explique l’internaute. Une fois de plus, le réseau des réseaux n’est plus à un paradoxe près : il autorise une application d’un énorme groupe (The Walking Dead-AMC) comptant sur sa fan page près de 15.000.000 de mentions "J’aime" mais retire le résultat de ladite application en pénalisant un petit utilisateur avec le blocage de son compte pour 3 jours...”
Effectivement, ce genre de mésaventure est loin d’être une première. Qu’il s’agisse d’un excès de zèle ou d’un laxisme incompréhensible, la modération sur Facebook bafouille plus souvent qu’à son tour. À sa décharge, elle gère un flux de milliards de posts quotidiens...
Mais comment fonctionne Facebook pour approuver ou rejeter nos contenus ?
Comment le réseau social fait-il pour juguler les milliards de posts textuels et photographiques, qui transitent par ses serveurs ? Bien entendu, les employés de Menlo Park (siège de Facebook), fussent-ils des milliers, ne suffisent pas à la tâche. Il est donc nécessaire, pour la firme de Mark Zuckerberg, d’externaliser cette mission, en l’occurrence le premier barrage de la modération, celui qui est signalé par les utilisateurs. Ensuite, Facebook se targue de récupérer, en interne, les posts plus polémiques ou graves, et de trancher. Mais comment le site distingue-t-il le gore de l’art, le festif du dérapage, la liberté d’expression de la bienséance publique ? Il y a un un an, Amine Derkaoui, un Marocain de 22 ans, actif dans une des firmes à laquelle Facebook fait appel pour externaliser sa modération (oDesk), lassé par la pression et le salaire misérable (1 $ l’heure) qu’il percevait, a lâché le morceau au site Gawker. Chaque modérateur de première ligne reçoit en fait une charte de modération de 13 pages. Qui dit en substance ceci…
Sexe
Le réseau social interdit toute description, photographique ou écrite, d’actes sexuels. La nudité n’est autorisée que si les attributs sexuels – sexe, poitrine, tétons – sont cachés. Les images d’enfants “capables de tenir debout” nus ou en sous-vêtements sont interdites. Les photos de mères donnant le sein sont autorisées tant que les tétons ne sont pas visibles ou que la personne ne dévoile pas davantage son anatomie. Niveau textuel, se montrer d’une affligeante vulgarité est toléré, tant qu’on ne cible personne nommément (sans son accord) et qu’on ne marque pas clairement de sollicitation.
Drogue
Ici, Facebook ne rigole pas. Aucun post concernant la drogue n’est toléré. À l’exception de la marijuana. “ Sauf s’il est clair que l’utilisateur en vend, en achète ou en fait pousser.”
Violence
Si tout ce qui évoque la torture, la mutilation ou fait l’apologie de violence, contre des humains ou des animaux, est formellement interdit, les images de sang et d’autres fluides corporels – à l’exception du sperme – ne sont pas modérées, ainsi que celles de membres écrasés, “à condition que les organes ne soient pas visibles”. Le réseau social précise qu’“aucune exception ne doit être faite pour des photos d’actualité ni des campagnes de prévention”. On peut donc montrer un cadavre en putréfaction, mais pas un téton ou la dépouille de Kadhafi. Comprenne qui pourra.
Menaces
Il revient aux modérateurs d’évaluer, au cas par cas, la crédibilité des menaces proférées à l’encontre d’autrui. Si la menace est riche en détails, elle sera modérée. Exception lorsqu’elle vise un chef d’État ou les forces de l’ordre. Là, elle doit obligatoirement être transmise à un responsable, même si la menace est jugée dérisoire.
Source : DHNET.be
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