Total le proclame, le gaz de schiste est le relais de croissance du groupe pétrolier français, autant que l’extraction pétrolière maritime en eau profonde.
La route a été barrée en France, pour la fracturation hydraulique, mais le géant français multiplie les investissements : des Etats-Unis à la Pologne, en passant par l’Argentine et le Danemark. Désormais, cap sur la Chine.
Cela tombe bien, Pékin souhaite remplacer le charbon, encore 70% de son énergie, par le gaz et pour l’extraction du gaz de schiste, elle a besoin de la technicité des majors étrangères. Dans ce domaine, le sous-sol chinois est prometteur.
Etant donné la taille des bassins sédimentaires, les ressources ont été évaluées de 25 000 à 35 000 milliards de m3 par les géologues, le double des ressources des Etats-Unis ! « Ressources » ne veut cependant pas dire « ressources récupérables », encore moins « réserves disponibles », nuance Roland Vially, un expert de l’Institut français du pétrole (IFP-Energie nouvelles).
Shell et Chevron, les concurrents de Total, ont déjà foré avec succès leurs premiers puits en décembre dernier mais on ne connaît pas encore leur architecture. De zéro m3 de gaz de schiste aujourd’hui, Pékin proclame pouvoir produire 6 milliards et demi de m3 dès cette année, et au minimum dix fois ça dans huit ans ! Mais cela exigera, prévient notre expert, de réaliser des centaines de milliers de forages.
Pour l’instant l’administration chinoise n’a pas encore autorisé l’acheminement des foreuses spécialisées. Il faudra développer une industrie de l’aciérie et des tubages, et trouver les énormes quantités d’eau nécessaires à la fracturation hydraulique, ce qui risque d’être difficile dans le désert de Gobi (Nord), qui, avec le Sichuan (Centre Sud), est l’une des principales roches-mères en Chine.
En attendant que le pré-accord de Total et Sinopec dans le gaz de schiste ne devienne une réalité, le groupe français peut déjà se targuer d’avoir déjà développé un autre gisement de gaz non conventionnel dit « en réservoir très compact » («tight gas») dans le nord de la Chine.
Et d’avoir signé avec Sinopec et le Koweït un accord pour la construction d’un énorme complexe pétrochimique dans la province côtière du Guangdong. La garantie d’un accès au gigantesque marché intérieur chinois des carburants.
Auteur : Claire Fages
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