Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du PJD, samedi à Rabat. Crédits photo : ABDELHAK SENNA/AFP |
Institutionnelle d'abord. Si les résultats se confirment (samedi en fin d'après-midi, selon des résultats partiels, le Parti justice et développement obtenait 80 sièges sur 395, les résultats définitifs étants attendus dimanche), le roi Mohamed VI va, pour la première fois de l'histoire du Maroc, désigner un premier ministre non pas parce que tel est son souhait mais parce que la nouvelle constitution l'exige. Idéologique ensuite. Le PJD est un parti islamo-conservateur qui défend des valeurs traditionnelles. Considéré comme modéré, il avait mené campagne voici quelques années contre les festivals de musique très prisés par la jeunesse qu'il qualifiait de rendez-vous de débauche ou contre des concerts de la star libano-colombienne Shakira. Le PJD a depuis, si l'on peut dire, mis de l'eau dans son vin. L'alcool ne sera pas prohibé et le port du voile ne risque pas de devenir une obligation pour les femmes. Bref, les Marocains vont rester libres de choisir leur mode de vie.
Les islamistes vont devoir s'allier à la Koutla, une alliance regroupant la gauche socialistes et les nationalistes de l'Istiqlal, pour gouverner. Ils sont attendus sur la lutte contre la corruption et l'indépendance de la justice. Le PJD devra également composer avec le roi et ses conseillers qui conservent les leviers de commande des domaines régaliens comme la Défense, la Sécurité intérieure ou les Affaires étrangères.
Sur le plan international, la victoire des islamistes conforte les mutations en cours au Maghreb. Le vent chaud du changement souffle désormais sur l'Afrique du Nord d'Alexandrie à Tanger.
Égypte, Libye, Tunisie, Maroc. Seul l'Algérie reste enfermée dans une stupéfiante ère de glaciation. Dans ces bouleversements, le royaume chérifien semble avoir opté pour la méthode douce. Son expérience va être examinée à la loupe dans certaines monarchies arabes comme la Jordanie et suivie avec curiosité et intérêt en Europe. Signe du particularisme marocain, les islamistes «light» du PJD placent en tête de leurs priorités en matière de politique étrangère la relation avec la France.
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