"La faction qui domine au sein de la convention, intimement liée aux généraux conspirateurs, cette faction continuera de dominer. Le plan d’égorger les patriotes ne sera pas abandonné.
Tous les moyens de corruption et toute l’influence que donnent les richesses de la république sont entre les mains de la faction.
Vous en penserez ce que vous voudrez, vous m’en punirez si vous le voulez, mais c’est mon opinion ; si je ne le manifestais pas, je trahirais ma conscience. Je dis qu’un nouveau despotisme royal va s’élever sur les cadavres des patriotes. Je dis que les nouvelles, tantôt favorables, tantôt fâcheuses, suivant les circonstances, ne sont que des leurres pour nous amener dans le précipice. On atrompé le peuple dans toutes les crises où il devait se lever pour reconquérir sa liberté et étouffer les conspirations. Le peuple a été trompé jusqu’ici ; il l’est encore, et la suite de cette erreur sera la mort de tous les patriotes. Ils bravent la mort, mais ils ne bravent pas l’infamie et la servitude de leur pays.
Je dis que si le peuple ne se lève pas tout entier, la liberté est perdue, et qu’il n’y a qu’un empyrique détestable qui puisse lui dire qu’il lui reste un autre médecin que lui-même.
Je dis que dans peu de temps vous verrez Paris investi de toutes les puissances étrangères auxquelles on aura livré vos places fortes.
Il ne reste plus qu’un devoir à remplir aux mandataires du peuple, c’est de dire au peuple la vérité tout entière, et de marcher à sa tête pour lui montrer la voie du salut.
Je dis que si la Commune de Paris en particulier, à qui est confié spécialement le soin de défendre les intérêts de cette grande cité, ne suit point ce principe, que si elle n’appelle point à l’univers entier de la persécution dirigée contre la liberté par les plus vils conspirateurs ; je dis que si la Commune de Paris ne forme pas avec le peuple une étroite alliance, elle viole le premier de ses devoirs, et qu’elle dément la réputation de popularité dont elle a été investie jusqu’à ce jour. Je dis que dans la crise où nous nous trouvons, la municipalité doit résister à l’oppression, et réclamer les droits de la justice contre la persécution des patriotes. Lorsqu’il est évident que la patrie est menacée du plus puissant danger, le devoir des représentants du peuple est de mourir pour la liberté ou de la faire triompher. Je suis incapable de prescrire au peuple les moyens de le sauver ; cela n’est pas donné à moi, qui suis épuisé par quatre années de révolution, et par le spectacle accablant du triomphe de tout ce qu’il y a de plus vil et de plus corrompu. Ce n’est pas à moi d’indiquer ces mesures ; à moi qui suis consumé par une fièvre lente et encore plus, par une fièvre du patriotisme. J’ai dit ; il ne me reste plus d’autre devoir à remplir. "
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