En déclarant la guerre unilatéralement au Yémen, l’Arabie saoudite ouvre un nouveau foyer de tension au Moyen-Orient, après son agression contre la révolution du peuple bahreïni et son intervention directe en Syrie et en Irak, qui ont provoqué d’incommensurables tragédies dans ces pays.
L’Arabie saoudite est le premier acheteur d’armes au monde. Les importations saoudiennes ont augmenté de 54% en 2014 et grimperont encore de 52% en 2015 pour atteindre 9,8 milliards de dollars. «En 2015, un dollar sur sept dépensés pour l'achat d'armes est déboursé par l'Arabie saoudite», précise la revue britannique spécialisée dans la défense, IHS Janes. A eux seuls, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont importé pour 8,6 milliards de dollars d'équipements militaires en 2014, soit davantage que toute l’Europe de l'Ouest.
Cependant, ce matériel militaire, qui a coûté des centaines de milliards de dollars ces dernières années, n’a à aucun moment été utilisé contre «Israël». D’ailleurs, «Tel-Aviv» n’a jamais exprimé son inquiétude vis-à-vis du surarmement du royaume wahhabite, car il a toujours su que cet arsenal ne constitue aucune menace pour lui. Au contraire, ces armes ont toujours été utilisées pour des objectifs servant directement les intérêts stratégiques d’«Israël». En Syrie, l’Arabie saoudite arme des groupes terroristes qui affrontent l’Armée arabe syrienne, que Damas s’est employé à bâtir ces cinquante dernières années pour affronter l’entité sioniste; en Irak elle a soutenu «Daech», un des groupes les plus barbares de l’histoire; à Bahreïn, elle a dépêché ses troupes pour tenter, en vain, d’écraser la révolte pacifique du peuple bahreïni.
Une cuisante défaite en 2009
L’agression lancée par l’Arabie saoudite contre le Yémen, le 25 mars, ne déroge pas à cette règle. L’issue de cette guerre, initiée par le royaume wahhabite contre son voisin, ne sera sans doute pas à l’avantage de Riyad. Déjà en 2009, une aventure militaire lancée par l’Arabie saoudite contre Ansarullah, qui n’était encore qu’un petit groupe, s’était terminée par une cuisante défaite pour le royaume. Des dizaines de soldats saoudiens avaient été capturés, plusieurs avions abattu et les Houthis avaient même progressé à l’intérieur du territoire des Saoud.
Mais indépendamment de l’issue de cette confrontation, qui n’en est encore qu’à ses débuts, force est de constater qu’une nouvelle fois, l’Arabie saoudite met son arsenal au service d’objectifs douteux, qui contribuent à la création d’un nouveau foyer de tension dans la région.
Riyad prétend que le but de son agression est «d’empêcher l’effondrement de l’Etat yéménite». Mais en réalité, l’aviation saoudienne, bénéficiant d’un support logistique et en renseignements des Etats-Unis, s’applique à détruire les installations militaires du Yémen, ainsi que son infrastructure civile. Cela signifie que le véritable but de cette guerre est d’affaiblir l’Etat yéménite, ce qui constitue la meilleure recette pour l’expansion d’Al-Qaïda et consorts. En effet, le scénario est bien connu: partout où l’Etat est affaibli, on assiste à l’émergence et au renforcement des groupes terroristes, comme en Syrie, au Yémen, en Irak et en Libye.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Arabie saoudite est un royaume irresponsable, dont la politique étrangère contribue à déstabiliser les pays de la région. Partout, le royaume wahhabite jette de l’huile sur le feu, joue la carte de la confrontation entre les sunnites et les chiites ou entre les Arabes et les Perses, sans se soucier le moins du monde des conséquences désastreuses que cela peut avoir sur la paix interne ou la stabilité régionale.
Le seul but de la dynastie des Saoud est de protéger son trône et de perpétuer sa mainmise sur les immenses richesses du pays.
Dans le passé, l’Arabie saoudite sous-traitait ses guerres à des acteurs locaux ou régionaux. Aujourd’hui, elle est contrainte de s’engager elle-même sur le champ de bataille. C’est une preuve que ses outils traditionnels sont moins efficaces et moins nombreux. Lorsqu’elle réalisera que son aviation n’est pas en meure de gagner la bataille, elle sera contrainte d’engager des troupes au sol. C’est alors qu’elle réalisera l’étendue de son erreur. Mais il sera trop tard pour reculer.
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