Après la forte hausse enregistrée l'an dernier, les deux premiers mois de 2014 ont été marqués par une augmentation spectaculaire du nombre de départs pour Israël, selon les statistiques de l'Agence juive.
L'émigration des Juifs français vers Israël, qui avait crû de 70% en 2013 après une période d'accalmie, vient de connaître une nouvelle accélération spectaculaire. Selon l'Agence juive, 854 Français ont fait leur aliyah entre début janvier et fin février 2014, contre 274 l'an dernier à la même période - ce qui représente une augmentation de 312%.
Cet emballement, dont les causes précises demeurent à analyser, intervient alors que le gouvernement israélien martèle son souhait de mieux accueillir les Juifs de France. Tandis que l'aliyah en provenance des États-Unis semble marquer le pas, l'État hébreu fait les yeux doux à l'Hexagone, qui abrite la deuxième communauté juive la plus importante. Il y a deux semaines tout juste, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a d'ailleurs présenté un plan visant à encourager l'aliyah des Juifs français.
Ce dispositif prévoit de renforcer les effectifs de l'Agence juive à Paris, qui sont déjà passés récemment de 14 à 24 agents. Les programmes d'absorption des nouveaux immigrants doivent être renforcés, afin de les aider à franchir plus aisément la barrière de la langue. Enfin, les autorités israéliennes veulent faciliter l'accès à l'emploi en développant les équivalences pour les diplômes non reconnus à ce jour, notamment dans les professions paramédicales.
L'afflux des dernières semaines semble confirmer que la hausse enregistrée l'an dernier s'inscrit dans une tendance de fond. Selon l'Agence juive, 3280 Français ont fait leur aliyah en 2013 contre 1917 l'année précédente. Un regain d'intérêt pour Israël qui intervient après plusieurs années d'un relatif tassement, durant lesquelles Nicolas Sarkozy fut, à tort ou à raison, perçu comme capable de répondre aux attentes de la communauté juive.
Un certain sentiment d'insécurité
«Plus de 1000 Français ont ouvert un dossier d'aliyah auprès de nos services durant le seul mois de janvier», affirme Natan Sharansky, le directeur de l'Agence juive, qui distingue plusieurs causes à cet afflux massif. «Tout d'abord, les Juifs de France évoquent un certain sentiment d'insécurité, qui s'est aggravé après la tuerie de Toulouse. Ensuite, il y a la situation de crise économique, qui ne frappe évidemment pas que les Juifs mais dont ils subissent comme tout le monde les conséquences.»
Si les statistiques de l'Agence juive permettent de mesurer précisément le nombre de Juifs qui choisissent de faire leur aliyah, on ignore combien repartent au bout de quelques mois ou quelques années parce que la greffe n'a pas pris. «Par le passé, lorsque les conditions d'installation étaient plus spartiates, on avait coutume de considérer que le taux de retour était assez important», concède Natan Sharansky. Je dirais à présent que 90% des nouveaux arrivants s'installent ici pour de bon.»
La communauté juive de France, qui est la plus grande d'Europe, regroupe selon les estimations entre 350.000 et 500.000 personnes. Depuis la création de l'État d'Israël en 1948, plus de 90.000 Juifs ont quitté l'Hexagone pour gagner Israël.
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