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19 mars 2014

Radars : "L'État manipule les Français!"

 ©  idé
Moins d'une semaine après le classement des radars qui flashent le plus, la Ligue de défense des conducteurs contre-attaque.


Souriez, vous êtes flashés. Il y a moins d'une semaine, Auto-Addict revenait sur les radars qui ont le plus flashé l'an dernier. Si on constate une baisse générale de 10,8 % en 2013, environ 19 millions de flashs ont été émis en 2013. Et ce, avec un "top 10", notamment sur l'A10, devant lesquels il ne fait pas bon rouler. À titre d'exemple, le radar de la traversée de Tours flashe 344 fois par jour, comme si c'était devenu un piège routier du type des radars-tirelires. Après la parution de ces chiffres impressionnants, la Ligue de défense des conducteurs a décidé de réagir. En cause : la majorité des radars qui flashent le plus sont situés sur des routes où la limitation de vitesse a été récemment abaissée. Éléments de réponse avec Christiane Bayard, secrétaire générale de l'association.

Auto-Addict : Que pensez-vous de ce classement des radars qui flashent le plus en France ?

Christiane Bayard : Déjà, ça prouve que les radars qui flashent le plus sont situés dans les endroits les moins dangereux. D'ailleurs, la plupart d'entre eux se trouvent sur l'autoroute : c'est le cas de 52 radars de ce classement qui en compte 100 ! Et pourtant, les autoroutes sont les voies de circulation les moins dangereuses, puisqu'elles représentent seulement 7 % des tués sur la route. Alors pourquoi autant de radars sur ce type de voies ? Malheureusement, l'explication est simple, il s'agit seulement des endroits où les radars rapportent le plus...

Dans un récent communiqué, vous parlez d'une "véritable tromperie". Qu'est-ce qui vous a fait employer ce qualificatif ?

Ce n'est un secret pour personne : le principal danger sur les autoroutes, ce n'est pas la vitesse, c'est la somnolence. Lorsque ce tableau nous est parvenu, nous avons tenté d'analyser ses conclusions. Et on a décidé d'alerter les conducteurs en relevant que la plupart des radars concernés ont été placés dans des zones où - comme par hasard - la vitesse a été abaissée récemment. Si on passe subitement la vitesse autorisée de 90 à 80 km/h, forcément que les flashs vont crépiter !

Quels sont les radars qui illustrent le mieux votre point de vue ?

Prenons l'exemple du radar situé à Saint-Avertin (6e du classement des radars qui ont le plus flashé, avec 282 flashs par jour). Placé sur l'A10, sa rentabilité a été multipliée par quatre. Mais cela s'explique surtout par la baisse de la vitesse à 80 km/h dans cette zone depuis 2011. Pas étonnant que cela explose ! Lorsque les flashs d'un radar se multiplient, cela devrait alerter les forces de l'ordre avec une première question à se poser : n'y a-t-il pas un problème de signalisation en amont ? Les pouvoirs publics doivent réellement s'interroger sur la façon de protéger différemment les conducteurs sans leur donner le sentiment de les traquer.

"Modifier l'approche globale de la sécurité routière"

Pour vous, l'équation est simple : plus on réduit la vitesse sur la route, plus le conducteur est amené à "passer à la caisse"...

Bien entendu, et cette enquête nous conforte dans cette analyse. Il suffit de voir l'évolution du nombre de flashs pour certains radars et on sait que cela équivaut à de l'argent collecté supplémentaire. Et le plus consternant, c'est que plus le nombre de morts sur la route baisse, plus on soutire de l'argent au conducteur.

D'ailleurs, la France ne partage pas cette politique avec l'Allemagne, par exemple.

Bien sûr. À titre d'exemple, pour tous les déplacements hors agglomération outre-Rhin, il n'y a aucun point de retiré si l'on dépasse la limitation de vitesse de 11 à 15 km/h. Le conducteur qui est pris en défaut écope seulement d'une amende de 20 euros. De même, une infraction constatée au-dessus de 16 à 20 km/h équivaut à 30 euros d'amende, sans point retiré. En revanche, les forces de l'ordre retirent un point lorsque le conducteur dépasse les 20 km/h, une pénalité ajoutée à une amende de 70 euros d'amende. Et on ne peut pas dire qu'en matière de sécurité routière, l'Allemagne soit un mauvais exemple !

À moins de quinze jours des municipales, que préconisez-vous pour mettre un terme à cette politique ?

Nous attendons de la classe politique qu'elle modifie son approche de la sécurité routière. Actuellement, il ne s'agit que de répression. Or, nous préconisons de la prévention et un effort sur le comportement des automobilistes. De plus, il faut arrêter de penser qu'il ne faut lutter que contre la vitesse. Ce n'est pas la politique répressive qui a permis de baisser le nombre de morts sur la route, mais l'amélioration des aménagements routiers, les équipements modernes des dernières voitures...

Cela fait plusieurs années que vous défendez ce point de vue. Est-ce difficile de mener ce combat ?

Depuis plus d'une décennie, les pouvoirs publics mentent aux automobilistes en prétendant que la baisse de la vitesse permet de faire chuter le nombre de décès sur les routes. Le problème, c'est qu'ils se cachent derrière des études pseudo-scientifiques pour le justifier. Ça s'apparente à un dogme qui finit par manipuler les Français ! En insistant sur le changement des comportements, sur la formation des conducteurs, on pourrait avoir un réel impact sur la sécurité routière et s'inscrire dans la durée, notamment auprès des plus jeunes.

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